Une politique économique irrationnelle, par Jérôme Gleizes

Une politique économique irrationnelle, par Jérôme Gleizes, membre du Bureau Exécutif d’EELV

(Article précédemment publié sur Publicis)

Toute politique économique doit respecter deux principes, celui de cohérence (Tinbergen), avoir autant d’instruments économiques que d’objectif et celui d’efficience (Mundell) affecter l’instrument à l’objectif pour lequel il a la meilleure efficacité relative.

Depuis l’élection de François Hollande quels sont les résultats ? Le taux de chômage est passé de 10,2% (mai 2012) à 10,8% (février 2013), battant presque le record de 1997, avec aussi 5,3 millions de personnes inscrites à Pôle emploi. (1) La croissance en 2012 est en berne. Prévue à 0,8%, elle est quasi nulle après une révision du dernier trimestre 2013 à -0,3 %, 449, 45 mds produits, presque le même niveau que lors du troisième trimestre 2008 ! Le pouvoir d’achat a diminué de 0,8%. (2) Le déficit public s’élève à 4,8% du PIB contre un objectif de 4,5%, la dette a battu un record à 1 833,8 mds €, soit 90,2% du PIB contre 85,8% en 2011. (3)

« La bonne stratégie économique, c’est de réduire [le déficit budgétaire] sans rien faire qui puisse affaiblir la croissance. (…) Redresser les comptes est une obligation financière, morale mais c’est également une obligation de souveraineté parce que la France ne doit jamais être en difficulté sur les marchés. » (4) Manifestement, aucun objectif économique n’est atteint !

Les principaux instruments utilisés par le gouvernement pour relancer la croissance sont le Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi, 20 mds de réduction d’impôt, calculée à partir de la masse salariale des entreprises, la mise en œuvre de l’Accord Nationale Inter-professionnel du 11 janvier 2013. La loi de finance 2013 prévoit de réduire le déficit budgétaire de 30 mds, 20 de nouveaux impôts et 10 d’économies. Cette politique est essentiellement austéritaire, contrairement aux propos de François Hollande, « aucun ministre du gouvernement ne peut remettre en cause la politique conduite, qui n’est pas l’austérité » (5) L’OFCE et différents organismes européens dénoncent cette politique, cette débâcle de l’austérité, qui « mise en œuvre dans une période de basse conjoncture pendant laquelle la valeur des multiplicateurs budgétaire est élevée, conduit à une impasse complète dans les pays les plus en difficulté. L’obstination des gouvernements à réduire le déficit débouche ainsi sur une spirale de rigueur et de récession. »(6)

63 % des échanges économiques se faisant entre pays européens, une politique d’austérité ne peut être efficace que si elle n’est pas généralisée à l’ensemble de l’Union européenne. De même, toute compétitivité basée sur la seule baisse du coût du travail buttera toujours sur la concurrence de pays comme la Chine, disposant d’un avantage comparatif salarial. De plus comme la part de l’industrie manufacturière dans le PIB s’est réduite de 20,6% à 10,0% (7) depuis 1980 en France, il faut une stratégie volontariste de relance des investissements, notamment pour assurer la transition énergétique et écologique … et permettre la croissance tant désirée par le président !

Comme le disait Aristote, la politique est comme une science, elle est le produit de la logique et de l’expérience. Si les résultats divergent des objectifs alors il faut changer de politique.

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