La participation gouvernementale et la transition énergétique, selon la commission Energie d’EELV
La participation gouvernementale et la transition énergétique : valeur ajoutée décevante, mais tout reste à jouer, selon la Commission Energie d’EELV
1. Introduction
S’il est une victoire que nous pouvons revendiquer d’ores et déjà, c’est celle de la sémantique : le terme de « transition énergétique » (TE), portée par les écologistes, s’est imposé. Cette victoire n’est pas négligeable, bien qu’il existe désormais de nombreuses acceptions de sa signification.
2. Débat National sur la Transition Energétique
L’engagement du débat national a été chaotique et l’absence de mobilisation des médias n’a pas permis d’impliquer le grand public.
Cependant, pour un public un peu plus averti, ce débat national fut un progrès significatif. Les scénarios de transition compatibles avec la vision des écologistes (Négawatt, ADEME) ont été au même niveau que des scénarios institutionnels (CEA, UFE, RTE) : ils ont prouvé leur qualité, leur robustesse et leurs impacts socio-économiques positifs supérieurs.
Bien que certaines soient timides, les 15 grandes propositions finales vont dans le sens d’une vision du monde portée par les écologistes (réduction des consommations etc.).
On regrettera cependant un point majeur : la faiblesse des discussions sur l’avenir du nucléaire en tant que tel et ses conséquences sur les stratégies énergétiques à long terme.
3. Energies renouvelables
La situation s’est aggravée. En témoigne l’effondrement des installations d’énergies renouvelables au premier trimestre 2013. Cet effondrement, et donc la suppression de milliers d’emplois, est partiellement le résultat des décisions du gouvernement précédent, mais les mesures d’urgence annoncées par le gouvernement actuel n’ont eu aucun effet.
4. Nucléaire
La situation se dégrade également en matière de sûreté nucléaire, avec la multiplication des incidents. Pourtant, aucune décision majeure n’a été prise pour la renforcer. Par ailleurs, l’absence de calendrier précis concernant la fermeture de Fessenheim et le manque de volonté politique face à l’arrogance d’H. Proglio sont préoccupants.
5. Energies fossiles et climat
D’une manière générale, les rythmes de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de consommation d’énergie sont toujours largement insuffisants pour atteindre les objectifs globaux. Malgré une conférence climat (COP 21) cruciale dans 18 mois qui pourrait être accueillie à Paris et des changements salutaires en matière de politique de l’Agence Française de Développement, la France n’est globalement pas en ligne en termes d’engagements d’efficacité et d’aide au développement durable. Et la facture énergétique continue de croître.
6. Rénovation des bâtiments
Malgré l’intérêt de F. Hollande pour ce sujet, la mobilisation politique a été faible. Des hésitations, puis des effets d’annonce ont jusqu’à présent caractérisé l’action du gouvernement en matière de rénovation énergétique des bâtiments. Un «plan de rénovation énergétique de l’habitat» a bien été annoncé en mars, mais le contenu est hétérogène, insuffisant et manque cruellement de vision globale. Ce plan ne permettra pas d’atteindre les objectifs de rénovation, en partie par manque de moyens, en partie du fait de décisions et de non-décisions dommageables. Par ailleurs, certains fondamentaux écologistes, telle que l’affirmation d’un besoin de rénovation énergétique de haut niveau (bâtiment basse consommation), n’ont jamais été portés.
7. Gaz de schiste
François Hollande est respectueux de ses engagements sur les gaz de schiste et crédibilise ainsi l’importance de la participation gouvernementale. Nous ne pouvons que nous réjouir de son intransigeance même si le meilleur des signaux politiques à envoyer serait l’abrogation des permis d’exploration.
8. Conclusion
En matière de transition énergétique, la valeur ajoutée des écologistes au gouvernement est décevante. L’influence de nos élu(e)s nationaux et locaux rend moins amer le bilan collectif.
Nous devons désormais absolument obtenir un ressaisissement politique en particulier sur la rénovation énergétique des bâtiments, et la prise en compte de nos positions dans les deux débats majeurs à venir : la fiscalité écologique et la loi sur la transition énergétique.