Sortir de la crise organisée : rééquilibrer l’économie vers la grande transformation écologique
(Cette contribution n’entre pas dans le cadre des travaux en cours pour le projet 2012 ; elle propose des priorités d’action militante pour le lendemain du congrès.)
Sous le poids écrasant de l’économie lucrative, les consommateurs, même s’ils le souhaitent, ne peuvent quasiment pas échapper à la logique du profit ; idem pour les salarié·e·s qui souhaiteraient gagner un revenu décent dans un contexte en accord avec des valeurs d’égalité sociale et de précaution environnementale.
Permettre à nos concitoyen·ne·s de choisir
Notre rôle doit donc être de donner à nos concitoyen·ne·s la possibilité de choisir entre rester dans le système ou en sortir.
Pour cela, la stratégie d’EELV doit passer par un soutien réaffirmé et renforcé à l’économie sociale et solidaire pour doubler en cinq ans son poids dans le système économique : un appareil législatif à faire évoluer, du financement à produire, des acteurs à mobiliser.
Elle passe aussi par la réaffirmation de la responsabilité de l’État pour satisfaire les besoins de première nécessité (justice, égalité, santé, droit à une vie décente, etc.) et créer des services publics pour résoudre les problèmes laissés sans solution (inégalités territoriales, garde des enfants notamment.).
Précaution et décroissance : optimiser l’usage des ressources existantes avant d’envisager des grands projets
Notre stratégie passe surtout par la précaution et la décroissance, en rupture avec la stratégie de Lisbonne autant qu’avec la vision précédente du développement par les grands travaux, le « toujours plus, toujours plus grand » en terme de taille d’entreprise ou de service public, ou d’infrastructures pharaoniques de transports (Grand Paris Express, NDDL, LGV, …) Ce sera audible si nous donnons du contenu à la relocalisation de l’économie et si nous prouvons que nous ne sommes pas indifférent·e·s à la résolution des problèmes immédiats de nos concitoyen·ne·s. Pour cela, nous devons assumer notre différence et revendiquer la rupture soutenable que nous représentons par rapport aux autres partis politiques. Eux se contentent d’appliquer leur effort à ce qui est budgétairement acceptable. EELV doit s’engager à répondre QUALITATIVEMENT et QUANTITATIVEMENT aux besoins fondamentaux répertoriés par le Grenelle, ce qui signifie par exemple dans le secteur du logement : rénover autant que nécessaire pour tenir les engagements climatiques et sociaux et simultanément programmer la construction d’autant de logements que nécessaire après une mise à plat des besoins démocratiquement débattue. Il n’y a pas de contradiction avec la volonté de décroissance du gaspillage et de la production de l’inutile car cette logique ne s’applique qu’aux besoins fondamentaux. Pas plus que nécessaire mais autant que de justice !
Une autre illustration de décision stratégique pour ce congrès
Pour s’imposer dans le débat politique actuel, EELV doit prendre à bras le corps la question de la mondialisation de l’économie en prouvant que nous sommes lucides sur l’état du monde dominé par le capitalisme néo-libéral, mais en démontrant qu’il y a moyen et volonté d’en faire une mondialisation politique, une alter-mondialisation écologique et sociale. Pour cela, il faut lier les questions de migrations aux questions économiques et réaffirmer la volonté d’ouvrir totalement les frontières du pays et de l’Union européenne aux personnes et de les protéger des marchandises non indispensables. Au moment où le FN fait des scores électoraux sur une totalement mythique fermeture des frontières, EELV a la double responsabilité de construire les coalitions qui permettront de remettre en question les conditions de travail dans les derniers ateliers du monde (par une taxe écologique à l’entrée de l’UE qui serait reversée à des ONG pour instaurer la protection sociale dans les pays producteurs par ex.) et d’affirmer la totale liberté de circulation et d’installation des personnes.
Pour ce faire, EELV parti politique et coopérative européens doivent réaffirmer la volonté de construire une force de mobilisation transnationale – Les Verts mondiaux – digne de ce nom, en y mettant les moyens et en utilisant la coopérative comme fer de lance de projets transnationaux de lutte environnementale et de solidarité sociale.