Derrière la porte close

Amina avait 28 ans, la vie devant elle, et deux petites filles de deux et six ans. A coups de pieds et coups de poings, son compagnon l’a tuée le week-end dernier à Ezanville dans le Val d’Oise. C’est la deuxième femme assassinée par son mari ou compagnon en 4 mois sur ce territoire. A celles et ceux qui pensent que le féminisme est un combat d’arrière garde, nous lançons un message d’alerte. Il n’est pas si lointain le temps où l’on conseillait posément aux femmes rouées de coups de « divorcer pour faute », reléguant dans la sphère intime ce qui est bien l’affaire de la société toute entière. Elle n’est jamais bien loin l’indifférence navrée, il nous faut aujourd’hui encore la combattre.
Une députée assimilée à une poule, une ministre sifflée en pleine Assemblée Nationale, une ex-ministre traitée de « salope » sous couvert d’humour, pourraient apparaître comme des épiphénomènes sans gravité comparable. Mais il s’agit bien du même processus à l’œuvre : la domination de quelques hommes sur le corps des femmes, leurs tenues, leurs mœurs, qui, dans les cas les plus aigus, conduit à leur annihilation pure et simple.
Amina nous rappelle à toutes, à tous, que le combat pour le droit des femmes à vivre, à vivre tout simplement, n’est pas terminé. Que nous ne devons pas nous reposer sur des acquis bien fragiles, sans cesse ébranlés par la violence et un « ordre symbolique » autoproclamé. Que nous devons, femmes et hommes attaché-es aux droits humains, nous élever contre la violence faite aux femmes.
Vendredi 18 octobre, l’association Du Côté des Femmes et l’AFAVO organisent une nouvelle « Marche Blanche » pour rendre hommage à Amina et sensibiliser la population. Le départ est prévu à 11 heures devant la mairie d’Ezanville. La mort des femmes sous les coups n’est pas un risque naturel, c’est une affaire de choix de société. Les écologistes seront présent-es à cette marche blanche, mais au-delà, nous demandons à ce que la lutte contre la violence faite aux femmes soit mise au cœur des priorités gouvernementales en tant qu’enjeu démocratique fondamental.

Juliette Hosten

pour le bureau de la commission féminisme

Remonter