Retour de la journée nationale sur la formation professionnelle dans les régions
La formation professionnelle a une très longue histoire au cours de laquelle les acteurs se sont accumulés et aujourd’hui le rôle des régions est, pour les usagers, incompréhensible voire invisible.
Complexité
Elle représente 32 milliards d’euros (entreprises, public et privé pour la formation continue des salariés, pôle emploi pour les chômeurs indemnisés, et les régions) mais, sur cette masse, les régions ne disposent que 1,9 milliard d’euro qui est destiné au public dit « résiduel » que sont les demandeurs d’emploi en fin de droit et les jeunes sortis du système scolaire sans emploi ni qualification.
Pour les régions il est difficile de mobiliser sur ce sujet particulier, parce que considéré comme trop technique. Pour les journalistes ce n’est pas assez porteur, pour les syndicats il ne s’agit pas de personnes syndiquées et, au sein des conseils régionaux, une demande de budgétisation d’un projet portant sur ce sujet passe souvent dans l’indifférence générale.
Iniquité
Entre les territoires, entre les demandeurs d’emplois et les chômeurs, parmi les salariés et, aussi, chez les jeunes (en particulier car l’éloignement ne facilite par l’accès à la formation)
Imprévisibilité à long terme
Les entreprises demandent des formations sur les métiers en tension alors que ce sont des métiers en tension sur le court terme et qu’il est difficile de donner de la visibilté sur des métiers en cours de mutation ou d’émergence.
Mise en cohérence
C’est avant tout une mission de service public qui doit donc se soucier de la continuité territoriale et se préoccuper des plus fragiles (chômeurs, réfugiés, jeunes,…).
Dans le cadre des appels d’offre la mise en concurrence doit être basée sur la qualité (et le coût réel au regard des obligations de service public) et non sur le prix.
Pour les demandeurs d’emplois en fin de droit ou les décrocheurs que les régions vont devoir gérer, il est indispensable de prendre les personnes dans leur globalité c’est-à-dire les accompagner pour leur redonner de la confiance en soi et les aider dans leur projet de métier. Sortir quelqu’un d’illettré de I’exclusion sans lui apprendre à lire ne sert à rien il doit d’abord acquérir de l’autonomie et la lecture est un des fondements.
Il peut aussi être mis en place des ambassadeurs des métiers qui aident le demandeur d’emploi à mieux appréhender le contenu des métiers.
Dans ce sens la loi Sapin de mars 2014 est intéressante car elle commence prendre en compte l’accompagnement.
Apprentissage à
Il ne faut pas confondre alternance et apprentissage.
L’alternance est une pédagogie qui permet de suivre des cours et de mettre en pratique dans le monde du travail. L’apprentissage est un des dispositifs de l’alternance mais il comporte la signature de contrat de travail alors que sous statut scolaire on fait appel à des stages en entreprises.
L’idée proposée par la droite d’un accès à l’apprentissage à 14 ans est une fausse solution.
Pour rentrer en apprentissage il faut être armé et donc avoir suffisamment de formation de base et de maturité pour y entrer.
L’école fondamentale doit être garantie à tous les jeunes jusqu’à 16 ans afin qu’ils acquièrent le socle commun de connaissances et de savoirs. Par contre un certain nombre d’heures devraient être dédiées à la rencontre avec le monde du travail de façon plus systématique au cours du collège.
Attention à l’utilisation par la droite du « tout apprentissage » ; mais attention, aussi, au rejet par principe de « l’apprentissage patronal ». Nous devons favoriser la qualité de l’apprentissage.
Transition écologique de l’économie
On sait qu’elle doit passer par une évolution des métiers. 80% des métiers existent déjà il faut simplement les faire évoluer pour qu’ils soient adaptés aux nouveaux métiers, par exemple dans l’isolation thermique des bâtiments, l’utilisation de nouveaux matériaux demandent une évolution des usines productrices, faire pour des dalles de chanvre plutôt que de béton et les ouvriers devront apprendre à les utiliser ou encore les compétences existantes dans les usines sidérurgiques pourraient être reconverties pour fabriquer des pales d’éoliennes plutôt que les faire venir d’Allemagne ou d’Europe du Nord.
Seuls 20% des métiers sont à construire.
Il faut aussi créer des passerelles entre les métiers par un travail entre les régions et les branches pour permettre aux salariés de changer de métier.
Les Régions sont chef de file pour la carte des formations et peuvent coordonner un « Service Public Régional d’Orientation » pour le Conseil en évolution Professionnelle
Avec le CREFOP (ancien CCREFP), la Région doit impulser une animation territoriale (il n’y a pas de Maison de l’Emploi partout), avec des Comités techniques dans chaque territoire (avec des élu.e.s régionaux, les sous-Préfets, et les différents partenaires pour faire de la GPEC.
Exemple de prise en charge en Basse Normandie pendant 18 mois des jeunes (en particulier les moins de 18 ans qui n’ont pas de droits) : accueil, accompagnement individualisé, ingénierie de parcours et recherche de financement. Objectif : 70% d’entrées en qualification. La même chose est faite en Rhône-Alpes sous le nom de « Projet Formation Emploi » avec hébergement et restauration (avec un SIEG : mandatement avec octroi de droits spéciaux).
Pour ces dispositifs de formation tout au long de la vie, utiliser la notion de SIEG, avec mandatement pour 5 ans.
En résumé :
Les compétences de la Région sont larges en matière de formation et elles concernent aussi bien les jeunes que les adultes, l’orientation que les formations techniques, l’enseignement général que l’apprentissage.
Nous voulons que la Région accompagne chaque jeune ou adulte, pour trouver sa place de citoyen actif et responsable dans la société, en l’aidant à s’orienter et en sécurisant ses parcours de formation tout au long de la vie, dans une société en pleine mutation et qui devra amorcer sa transition écologique.
Pour cela, la Région doit favoriser une rupture avec une logique de sélection par l’échec et revaloriser les voies professionnelles et de l’apprentissage, sans hiérarchie : la meilleure voie pour un jeune est celle qui lui convient, et toutes mènent à l’excellence. Nous devons être particulièrement attentifs aux jeunes sans emploi ni qualification et aux chômeurs de très longue durée.