L’éducation, c’est fondamental pour la transition écologique

Exposé des motifs

Depuis des années, le système éducatif français se préoccupe d’abord d’ « instruire des élèves » pour qu’ils réussissent à des examens, se soucie un peu de former des citoyens, mais travaille guère à lutter contre les politiques commerciales qui font de la jeunesse un « cœur de cible » et considèrent d’abord nos enfants comme des consommateurs-producteurs. Construit sur la sélection, la séparation manichéenne entre savoirs académiques et pratiques professionnelles, croyant naïvement dans le salut par un « miracle technologique », le système scolaire est inadapté à la fois aux élèves et aux enjeux de notre temps. Il reste largement à l’écart des problèmes écologiques et se trouve confronté à de sérieuses contradictions entre les valeurs de la République qu’il défend et ses pratiques quotidiennes, pédagogiques et institutionnelles, qui les foulent aux pieds en permanence. Si quelques progrès ont été réalisés ici ou là avec des innovations pédagogiques plus implicantes pour les élèves et plus soucieuses d’incarner la solidarité entre les humains et avec la planète, le fonctionnement ordinaire est bien loin de permettre une formation intellectuelle exigeante pour tous les élèves et une promotion d’une citoyenneté planétaire active.

Les examens, comme le Brevet des collèges et le Baccalauréat, consacrent une place encore trop excessive à la restitution de connaissances alors qu’à l’ère d’Internet, l’enjeu ne peut plus rester une mémorisation gargantuesque. Il faut, tout au contraire, accompagner la transmission des connaissances d’une pensée critique et former les élèves à la responsabilité.

Certes, l’infantilisation et la déresponsabilisation des citoyens ne prend pas ses racines qu’à l’École. L’impérialisme publicitaire, l’immédiateté médiatique, l’individualisme systématique sont au cœur du fonctionnement sociétal. Érigeant comme modèle la réussite individuelle, la célébrité jetable et la croissance, la société se fragmente, les peurs et les violences mettent au premier plan les questions d’identité et de sécurité, la plupart du temps envisagées comme un repli. Tout cela est profondément lié au productivisme et au consumérisme qu’il faut remettre en question. Produire, consommer plus et plus vite des objets et des services, n’est pas la valeur qui peut permettre de préparer l’avenir. Il faut donc que toute la société promeuve la liberté, l’égalité, la fraternité, l’humanité et la solidarité. Mais il faut aussi, plus spécifiquement que l’École assume sa mission d’émancipation et contribue à former des hommes et des femmes qui auront découvert, dans leur éducation, l’importance et la fécondité de ces valeurs.

La transition écologique doit être aussi une transition éducative vers le vivre et le faire ensemble, en harmonie avec les autres êtres vivants et en équilibre avec les richesses de cette planète. Nous ne gagnerons le grand défi de la transition écologique que si l’éducation est au cœur de notre projet politique.

Pour cela, nous proposons que notre programme « éducation » pour 2017 s’articule autour de deux questions simples, qui ne se limitent pas à la seule problématique de l’institution scolaire mais doivent porter sur l’ensemble des systèmes éducatifs et sur la société :

Apprendre quoi et pour quelle éducation ?
Éduquer au quotidien, comment ? 

À partir de ces deux questions simples, la commission éducation d’EÉLV s’engage, avec la participation de tous ceux qui le souhaitent, à produire dans les prochains mois un projet fondé sur des propositions simples, concrètes et facilement appréhendables par tous nos concitoyens.

Motion

Dans le cadre de l’élaboration de son programme pour 2017, le Conseil fédéral d’EÉLV des 24 et 25 septembre 2016 prend en considération les axes de réflexions ci-dessous en ce qui concerne l’éducation. Le présent texte sera approfondi en vue de la rédaction du projet écologiste en décembre 2016.

  1. Apprendre quoi et pour quelle éducation ?

Nous souhaitons :

1.1. Des apprentissages fondamentaux qui intègrent davantage la découverte des écosystèmes solidaires entre les humains et avec la planète notamment contre toutes les formes de productivisme ;

1.2. Des apprentissages permettant la découverte de l’autre contre toutes les formes de repli nationaliste, communautaristes ;

1.3. Des apprentissages ouverts sur la diversité des cultures et des langues contre toutes les tentations de formatage conformiste et pour le développement de la pensée critique ;

1.4. Des apprentissages effectués pour le développement et l’émancipation de chaque enfant, contre la reproduction des inégalités sociales et avec le souci constant du partage, de la coopération et de la non-violence, du débat démocratique, contre l’individualisme et la compétition.

  1. Éduquer au quotidien, comment ?

 

Nous souhaitons :

2.1. Éveiller, éduquer, enseigner avec bienveillance dans un esprit de coopération, dans toute la société : l’école, le tissu associatif, les médias et sur les territoires ;

2.2. Pour la coéducation : prendre en compte et promouvoir une école ouverte aux parents et faciliter la parentalité positive dans le cadre d’un partenariat effectif entre personnes qui se respectent ;

2.3. Préparer à l’école fondamentale avant 3 ans en offrant à chacun les moyens d’entrer dans le langage et la culture notamment grâce à un service public de la petite enfance ambitieux et adapté aux territoires ;

2.4. Mettre en place une école fondamentale publique sans sélection ni exclusion de 3 à 16 ans ;

2.5. Après l’école fondamentale, organiser les voies de formation avec l’impératif d’une égale reconnaissance entre elles ;

2.6. Soutenir et favoriser les initiatives pédagogiques innovantes ; former les enseignants aux pédagogies actives et coopératives ;

2.7. Se former, apprendre au-delà de l’école et toute la vie, pour chacun et pour tous dans le cadre d’une réorganisation des temps affectés à la production et à la formation.

Pour : beaucoup ; blancs : 11

Motion adoptée

Un commentaire pour “L’éducation, c’est fondamental pour la transition écologique”

  1. Intéressant mais parfois vague ;il faudra préciser les modalités pratiques par lesquelles on visera ces objectifs . L’école fondamentale publique semble devoir être une réunification de toutes les filières scolaires ; ce n’est pas forcément stupide , mais cela entrainerait un allongement global de la scolarité , au moins jusqu’à 18 ans .Persuader les élèves de leur égale valeur pourrait être un effet intéressant de cette réunification ; car l’humiliation enfonce les élèves qui peinent dans leur difficulté et les découra

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