Concilier patrimoine et environnement.
La France dispose d’un patrimoine qui reflète la richesse de son histoire, tant par les monuments conservés que par ceux détruits. La conséquence est le désir déjà ancien de réglementer sa conservation tout autant que l’attention jalouse d’une partie de l’opinion devant les disparitions ou les aménagements des périmètres annoncés.
Tout cela intervient notamment dans les possibilités de conversion écologique de la société et de son économie : si le solaire ou l’éolien peinent à percer (la part des énergies renouvelables, malgré leur apparition, et malgré le Grenelle de l’Environnement, n’a pas augmenté depuis la fin du siècle dernier), c’est notamment en raison de la multiplication des lobbyings, et de leur éventuelles collusions, autour de la notion de conservation du patrimoine.
Réfléchir sur la question est donc nécessaire. En premier lieu, il faut enlever au débat les approximations nées d’attitudes passionnées : un monument historique s’inscrit dans un paysage précis, qu’il transforme, il vit et connaît presque toujours des vicissitudes qui le transforment parfois profondément.
Vouloir le figer, souvent suivant des conditions qui ne sont pas celles de son apparition, a donc quelque chose d’absurde, et qui risque de lui coûter la vie, en refusant de le doter des moyens de sa subsistance. Plutôt que s’arrêter sur des positions de principe, il faut donc rechercher des solutions consensuelles.
Un outil existait, jusqu’à il y a peu : l’avis conforme des Architectes des Bâtiments de France. Il a été profondément remanié et vidé de sa substance pour des intérêts particuliers qui ont été soulignés par ailleurs. Or c’était le levier par lequel pouvait s’instaurer un dialogue entre défense du patrimoine et enjeux environnementaux, écologiques que nous considérons comme vitaux – aussi importants, par exemple, que des considérations d’hygiène qui ont modifié, par le passé, nombre de tissus urbains issus des enchevêtrements médiévaux.
Il suffirait d’instaurer une commission paritaire en charge d’examiner les enjeux à chaque permis porteur d’un projet en la matière, dans un dossier remis à l’ABF pour statuer. Lequel aurait dans sa formation – celle prodiguée pour son diplôme, ou celle en formation continue – une approche des questions environnementales de nature à juger en pleine connaissance de cause des risques respectifs d’un tel permis.
Les interventions de Marie-Christine Blandin et Jacques Muller, notamment, au Sénat, en 2009, allait dans ce sens. Cela constitue une mesure concrète et efficace, de nature à faciliter, par l’échange et la réflexion la prise de conscience tout à la fois de l’intérêt fondamental du patrimoine et des enjeux environnementaux, sinon des risques écologiques.
http://www.dhistoire-et-dart.
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Sylvain Kerspern
D’histoire & d’@rt