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SNIT, climat et biodiversité

Portrait Christophe Rossignol

Intervention de Christophe Rossignol

 

Monsieur le Président, chers collègues, beaucoup de choses ont déjà été dites et soulignées sur ce projet de SNIT, en particulier le problème du manque de concertation, les financements non précisés et l'absence d'une vision cohérente qui prennent réellement en compte les enjeux du XXIème siecle.

L'objectif du Grenelle et du SNIT était de diviser par 4 nos émissions de CO2. Alors que le ministre de l’Ecologie Monsieur Borloo annonçait en octobre 2007 qu’en matière de transport, nous étions à l’aube d’un « changement de paradigme », force est de constater, trois ans plus tard, que le bilan du Grenelle de l’environnement en matière de transport est négatif :

- Abandon de la Contribution Climat-Énergie,

- Report de la Taxe Poids Lourds,

- Autorisation de la circulation des camions de 44 tonnes sur les routes françaises,

- Abandon programmé du fret ferroviaire de proximité,

- Non opposabilité de la trame verte et bleue...

Le fossé existant entre les « engagements » du Grenelle et la réalité est immense, la relance massive du programme autoroutier inscrit au SNIT (800 kilomètres de nouvelles voies autoroutières, ce qui correspond à un accroissement de 8 % du réseau, dans notre pays qui compte déjà le réseau le plus dense d’Europe) renforcent encore ce triste bilan.

En France, les transports représentent le premier secteur contribuant à l’effet de serre, avec une participation à hauteur de plus du quart des émissions. Les infrastructures de transport contribuent aux principales pressions exercées sur la biodiversité. De manière directe (emprise de l’infrastructure, dérangements et destructions par le trafic qu’elles supportent, etc.) ou indirecte (remembrement qui accompagne la construction d’une infrastructure, carrières pour les besoins de matériaux, étalement urbain, etc.), ces infrastructures détruisent, fragmentent et altèrent les habitats ce qui, à terme, accroît les risques d’extinction des populations présentes.

En France, les infrastructures de transport représentent les principales sources de bruit et d’émissions de polluants dans l’atmosphère et contaminent les sols. Or, ces trois nuisances ont des effets très néfastes sur la santé et le cadre de vie des populations. Ce SNIT, qui doit définir la politique de la France en matière de transports pour les 20 à 30 ans à venir, ne permettra pas de réduire toutes ces nuisances, bien au contraire.

Pour finir, cependant, sur une note positive, c'est avec une grande satisfaction que nous avons accueilli en janvier l'annonce par la ministre de l'environnement de l'abandon de l' A10 Bis (contournement autoroutier de Tours). Ce projet ruineux, le coût devait se situer entre 600 millions et 1 milliard d'euros, aurait porté une atteinte irrémédiable à un paysage culturel exceptionnel, en pleine zone du Patrimoine mondial de l'Unesco et risquait d'entraîner un déclassement du site comme cela s'est produit à Dresde. Ce projet aurait détruit la nature, le cadre de vie. Il portait une atteinte directe à l'activité agricole et viticole et il contribuait négativement aux objectifs de réduction des émissions de CO2. Face aux lobbies du béton et du tout camion, la mobilisation des associations et d'élus locaux a permis l'abandon de ce projet ringard, très coûteux, très polluant. Espérons que d'autres projets aussi néfastes soient également abandonnés.

 

 

Session du 17 Février 2011
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Avis sur l'avant projet du SNIT