« Un autre élevage est possible »

Le Ministre de l’Agriculture a annoncé un plan de relance de la filière porcine industrielle, levant encore un peu plus les contraintes environnementales et sanitaires à l’installation de grosses unités de production. Pour les écologistes, il est temps d’en finir avec la prosternation devant des secteurs économiques qui sont fondés sur l’exploitation des hommes et la destruction de l’environnement, grâce à l’argent public.

« Nous pouvons faire autrement ! » nous explique Pascal Durand, secrétaire national d’Europe Ecologie Les Verts, José Bové, député européen et René Louail, notre collègue conseiller régional en Bretagne dans cette excellente tribune parue ce jour dans Ouest France.

________________________________________________________________________________________

« Un autre élevage est possible »

René Louail, conseiller régional de Bretagne,

José Bové, eurodéputé EELV,

Pascal Durand, secrétaire national d’EELV.

 
 

Stéphane Le Foll, déplorant la baisse du nombre de porcs en France (de 2 % depuis 2010), annonce un plan de relance de la filière, pour maintenir les emplois de l’élevage et de l’agro-alimentaire bretons. Pour retrouver le niveau de production de 2010 il propose de simplifier les règles : agrandir ou créer un élevage n’impliquerait plus une enquête publique mais un simple régime d’enregistrement…

Au nom du redressement productif, on reste dans le productivisme et on fait croire qu’alléger les contraintes environnementales permettra de maintenir des emplois. Il est un fait que les bâtiments d’élevage porcins sont souvent à rénover. Mais ce qu’est en train d’obtenir le lobby porcin à la barbe du citoyen, c’est une gigantesque concentration qui détruit des emplois, fait fi des problèmes environnementaux et sanitaires, et va à l’encontre de la demande sociale.

Certes dans certains pays voisins, les systèmes industriels porcins paraissent rentables, du fait de coûts d’accès moindres aux aliments et de bas coûts du travail d’abattage et de découpe, mais cette illusion économique est maintenue à coups de dumping et n’est pas sans impacts sociaux et environnementaux.

Pourtant, outre que la France produit plus que la demande intérieure et qu’en volume total la production n’a pas baissé (le poids par animal ayant augmenté), on peut affirmer que ce plan de relance est un mensonge en matière de soutien de l’emploi. Actuellement, les jeunes préfèrent de loin les petites fermes : on enregistre trois fois plus de demandes pour les petits élevages qu’il n’y a de place et trois fois plus de places dans les systèmes industriels qu’il n’y a de candidats !

Ce plan transformerait les 5 600 unités de production actuelles en 1 000 usines à viande rentabilisées par des méthaniseurs (justifiant toujours plus de surface en maïs) soutenus par les fonds publics. De plus, ces usines de milliers de truies ne sont aujourd’hui pas rentables, et en plus ne sont pas reprenables par les jeunes du fait de leur coût. Pourtant, d’ici à dix ans, 50 % des agriculteurs partiront à la retraite, il faut donc bien penser à l’installation des nouveaux, surtout en période de crise.

Les systèmes industriels porcins sont des modèles hors sol inacceptables pour le bien-être animal et sources de pollutions, ils constituent d’inquiétantes menaces sanitaires (antiobiorésistance due à l’usage irraisonné d’antibiotiques)

Les écologistes soutiennent qu’un autre élevage est possible. Il faut profiter de la crise pour déconcentrer la production aujourd’hui confinée dans l’Ouest de la France, et la seule solution pour obtenir l’assentiment des populations locales, c’est précisément d’installer des élevages de cochons acceptables et notamment dans toutes les régions qui ont vu leur élevage disparaître au profit des grandes cultures, et gagneraient à retrouver une complémentarité élevage-cultures.

Ces élevages à dimension humaine justifieront plus de travail que les systèmes industriels, les conditions de travail seront meilleures et répondront plus à l’aspiration des jeunes et aux attentes de la société, ils pollueront moins. Ce qui n’empêche en rien de maintenir un pôle de transformation breton, orienté vers une consommation de qualité à meilleur prix. Ces propositions sont cohérentes avec celles d’une agriculture écologique généralisable à tout le territoire, créatrice d’emplois, travaillant avec et non contre son environnement.

Laissez un commentaire

Remonter