Solaire photovoltaïque, l’Etat freine, la Région accélère

Emmanuelle BOUCHAUD, 6ème vice-présidente du Conseil régional. Membre de la Commission du développement et des activités économiques, de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation.

Le Conseil Régional et la Société Publique Régionale (anciennement SEM régionale) organisaientt hier un colloque sur le solaire photovoltaïque. Ceci dans un contexte international et national particulièrement tendu sur la question énergétique.

Etaient réunis à l’école Polytech de Nantes nombre de fabricants de cellules, de panneaux, de films photovoltaïques, de chercheurs ainsi que l’INES (Institut National de l’Énergie Solaire). Le SER SOLER était également représenté par son délégué grand ouest, puisque depuis quelques mois le syndicat s’est régionalisé.

 

 

J’en ai donc profité pour y exprimer mon point de vue sur le contexte international, mais aussi national.

 

Il n’était pas possible d’intervenir dans ce colloque sans faire référence au drame que connaît actuellement le peuple japonais.

Concernant cette catastrophe nucléaire qui se déroule sous nos yeux, elle démontre pleinement les risques que génère l’industrie électro nucléaire et tout l’enjeu qu’il y a à développer de manière massive les énergies renouvelables afin de proposer des alternatives. Et au cœur des ces énergies, le photovoltaïque a toute sa place.

Malheureusement ce n’est pas le chemin que le gouvernement a décidé de prendre. En effet suite au moratoire qui avait déjà bien plombé certaines entreprises du PV (PhotoVoltaïque), les dispositifs du décret du 5 mars dernier ne risquent pas d’améliorer leur situation, bien au contraire.

 

En somme et si j’ai bien compris ce que j’ai pu lire, nous allons vers une diminution d’au moins 20% en moyenne du tarif d’achat, comparé à celui d’avant le moratoire. Les principes de calculs sont très complexes. J’ai compté 12 cas de figures différents en fonction du type d’installation, de l’intégration ou non des panneaux et de la puissance installée. 12 cas de figures avec au final 6 tarifs d’achats différents.

Ensuite, pour les installations supérieures à 100KW, le principe des appels d’offres est appliqué avec deux types d’appels d’offres, ceux dits simplifiés, ceux dits traditionnels. Comprendront ceux qui pourront.

 

Ce contexte réglementaire n’est pas sans me rappeler celui de l’éolien. D’une part, avec cette manie de changer les règles régulièrement, car détail très important : ces tarifs d’achat seront révisés tous les trimestres, à la baisse bien évidemment, proportionnellement à la puissance installée sur la région. En gros plus on installe et plus on baisse.

D’autre part, sur la complexité de calcul de la rentabilité qui rendra les projets encore plus compliqués à évaluer, notamment pour les particuliers, car contrairement à l’éolien, l’énergie solaire photovoltaïque concerne avant tout les particuliers.

Bref, le gouvernement ne stoppe pas la filière émergente du PV mais fait tout pour la stopper.

 

Il est également très intéressant de constater que ces dispositifs ne répondent en rien aux critiques-prétextes qui n’ont cessé de pleuvoir sur cette énergie pendant la durée du moratoire.

Les installations de panneaux photovoltaïques ne profiteraient qu’à l’importation des panneaux chinois et provoquerait leur invasion sur notre marché intérieur.

Mais en quoi ces dispositifs répondent à ce faux constat ? En rien, et pour cause.

En France nous fabriquons et les cellules et les panneaux photovoltaïques, notamment en Pays de la Loire, et ceux-ci sont commercialisés et installés.

Le photovoltaïque couterait cher et augmenterait notre facture d’électricité.

Savez-vous ce que représente en pourcentage la part du PV dans la CSPE (contribution au service public de l’électricité) qui elle-même représente une part infime de notre facture ? 5,7% en 2010.

Comme on dit, quand on veut abattre son chien, on dit qu’il a la rage !!

 

Mais force est de constater que face à ce contexte national peu positif, les acteurs locaux retroussent leurs manches et ne se déclarent pas vaincus.

Le conseil régional non plus d’ailleurs.

En effet nous nous sommes engagés à soutenir et consolider cette filière.

D’une part en agissant sur notre propre patrimoine. Des études de faisabilité pour l’installation de PV ont été lancées sur 9 lycées et un CFA.

Nous soutenons ardemment la Recherche et l’Innovation dans ce domaine.

D’autre part suite aux conclusions de l’étude sur les éco filières, il apparaît que celle du photovoltaïque a besoin de mieux se faire connaître, se faire reconnaître. Dans ce domaine la région peut tout à fait jouer son rôle, en plus de celui de fédérateur, de créateur de lien entre les acteurs de la recherche, de l’industrie, et de la formation dans le secteur du PV afin de faire émerger des projets collectifs.

En somme si l’échelon national ne désire pas être acteur du développement du solaire photovoltaïque, le Conseil régional des Pays de la Loire en a lui la ferme volonté. Il faut savoir que d’après l’Agence Internationale de l’Energie, le solaire représentera en 2050 un quart de l’électricité consommée dans le monde. La question n’est donc pas de savoir si l’énergie solaire va se développer mais si nous voulons y participer. Ici et maintenant la réponse est oui.

 

Emmanuelle BOUCHAUD, Vice-présidente du Conseil Régional des Pays de la Loire, en charge d’une délégation transversale sur l’ensemble des politiques régionales en matière d’énergie.

 

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