Se donner les moyens d’une agriculture durable et créatrice d’emplois

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Intervention de Joëlle Remoissenet lors de la session budgétaire du 31 janvier et 1er février

Monsieur le Président, mes cher-e-s collègues,

 

L’agriculture et l’alimentation sont au cœur des enjeux économiques et sociaux actuels, et nous nous félicitons de l’attention accordée à ces questions par la mise en place de la mission d’information et d’évaluation de ces politiques à l’automne dernier.

Ce travail doit nous permettre de prendre du recul sur nos politiques publiques, et de les analyser avec une saine distance, pour en mesurer les effets et vérifier qu’ils sont bien en adéquation avec nos objectifs.

Nous retenons quatre points essentiels en conclusion de ce travail :

Premièrement : la confirmation que l’agriculture et l’alimentation sont potentiellement porteuses d’emploi.

Potentiellement, car si ces deux secteurs développent en effet un CA de 19 milliards d’euros, nous ne devons pas oublier, d’une part, que la course effrénée à l’agrandissement permis par un matériel toujours plus performant et, d’autre part, l’artificialisation constante des terres pour des projets urbains ou d’infrastructures, font perdre à l’agriculture régionale, dans le plus grand silence, plus de 2 000 actifs chaque année !

Nous nous devons de renforcer les filières durables et pourvoyeuses d’emplois comme l’agriculture biologique, mais également veiller à une juste rémunération de nos agriculteurs.

Deuxièmement : le potentiel économique des filières de proximité et sous signes de qualité.

C’est la diversité de nos activités et la qualité de notre production (en SIQO et bio) qui rend notre secteur agricole moins vulnérable. Nous sommes en Pays de la Loire la 2ème région en terme de Surface agricole utile pour le bio et 1/3 du chiffre d’affaires national des productions sous labels rouge se trouve sur notre territoire. La rapport identifie bien ces filières comme de véritables locomotives régionales.

Si nous avons besoin d’une filière agro- alimentaire forte, comme le rapport le souligne également, celle-ci doit être au service des besoins du territoire, pour une alimentation saine et de qualité. Il est nécessaire de prioriser nos aides vers les industriels qui s’orientent vers des productions à valeur ajoutée, le bio et les SIQO, et d’en faire une large promotion.

Notre politique ambitieuse en termes de restauration collective dans les lycées et CFA et l’adoption de la charte des circuits de proximité vont donc dans le bon sens et répondent par ailleurs à une demande sociétale, alliant performance économique, protection de notre environnement, alimentation saine et prévention de la santé.

Troisièmement : la grande faiblesse du modèle agro-alimentaire low cost qui représente bien une impasse !

Sur l’année 2011, nous avons exporté 1,2 millions de tonnes de volailles (pour 1,4 Md d’euros) et importé 790 000 tonnes (pour de 2,2 Mds d’euros) soit un déficit commercial de 740 millions d’euros. Malgré une rationalisation économique du marché et une forte concentration sur de grosses entreprises, avec des aides européennes substantielles aujourd’hui remises en cause, la pérennité du modèle low-cost a été ébranlée dans ses fondements face à la concurrence brésilienne, comme la compétitivité intra-européenne. La leçon à tirer de la chute de l’empire de Charles Doux est qu’il nous appartient de prioriser et renforcer le marché des volailles de qualité.

Enfin, dernier point : nous suggérons, comme le préconise notre rapport, de mener une réflexion sur nos moyens. En effet, la comparaison réalisée avec d’autres régions est significative : 6 ETP pour 18,3 millions d’euros en Pays de la Loire, 35 ETP en Rhône-Alpes pour 23,1 millions d’euros. Les faibles effectifs présents au sein même de nos services ne nous permettent pas toujours d’être au plus près des acteurs pour accompagner le changement, dans une dynamique élu/es/services.

Avant de conclure, nous souhaitons revenir sur la part qui est faite à l’agriculture écologiquement intensive dans le rapport. Nous restons dubitatifs, tant les mots « écologique » et « intensif » nous semblent peu compatibles. Nous émettons, là aussi, le souhait qu’un débat sur le sujet soit organisé dans le cadre de nos travaux de prospective, permettant une réflexion partagée.

Monsieur le Président, mes cher-e-s collègues, ces quelques remarques ne nous empêchent pas de saluer à nouveau le travail effectué qui  saura nous guider dans la mise en œuvre de nos orientations politiques.

 

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