Parrainage citoyen : 48 jeunes parrainés

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Un parrainage citoyen, organisé à l’initiative de l’association Enfants Etrangers Citoyens Solidaires (RESF Nantes) en partenariat avec les élu-e-s Europe Ecologie Les Verts a eu lieu le samedi 26 février 2011 dans l’après-midi à la mairie de Doulon à Nantes, au bénéfice de 48 élèves majeurs ou mineurs : un beau moment d’échange et de partage !

Ce fût l’occasion pour les élu-e-s Europe Ecologie Les Verts de réaffirmer leur engagement aux associations de soutien aux familles menacées d’expulsion, notamment, le RESF ainsi que la LDH, le MRAP et l’ensemble de la communauté éducative qui œuvrent au quotidien pour venir en aide aux personnes sans papiers et sans droits. Comme le souligne Joëlle Remoissenet, conseillère régionale en charge de la lutte contre toutes les formes de discrimination au sein de la commission Education et Apprentissage « N’oublions pas que rien n’aboutirait sans leur investissement et leur travail au quotidien d’accompagnement des personnes pour trouver un logement, aller à la préfecture, renseigner des formulaires…».

 

Les élu-e-s régionaux Emmanuelle Bouchaud, Joëlle Remoissenet, Matthieu Orphelin et Jean-Philippe Magnen sont ainsi devenus les parrains et marraines de Dian, Anna, Chaïmae, Djenet, Ismaleif et Juliet.

 

 

 

Matthieu Orphelin, Président de la commission Education et Apprentissage au Conseil Régional des Pays de la Loire a rappelé, dans son discours co-signé par Joëlle Remoissenent, le droit « inaliénable » de tous et toutes à accéder à l’éducation.


 

Chers enfants et jeunes gens, le sens de ce parrainage/marrainage, c’est de vous dire que nos destins sont liés.

Nous vivons aujourd’hui un parrainage important car il concerne une quarantaine d’enfants et de jeunes. Dans la région des Pays de la Loire, comme partout en France, ce sont en effet des dizaines de jeunes mineur/es et majeur/es sans-papiers qui étudient dans les écoles, les collèges, les lycées, les centres de formation d’apprentis ou encore en formation continue et y construisent leur avenir. Ces élèves, membres à part entière de la communauté scolaire, vivent sous la menace d’une expulsion de leur famille qui les priverait du droit de poursuivre leurs études. Le poids de cette menace permanente d’expulsion, véritable épée de Damoclès, et les angoisses qu’elle génère ne favorisent évidemment pas un apprentissage serein. Or tous les élèves doivent pouvoir s’instruire en toute égalité et en toute quiétude : l’accès à l’enseignement est un droit inaliénable et non conditionné au fait d’avoir ou non des papiers. C’est un droit fondamental et le gouvernement actuel feint de l’ignorer, stigmatisant les étranger/es, en particulier celles et ceux en situation irrégulière, allant toujours plus loin dans la restriction de leurs droits, n’hésitant pas, par exemple, à prendre des mesures de retours forcés pour des familles en plein milieu d’année scolaire. Nous voudrions dire à Nicolas Sarkozy, à son gouvernement et à son entourage, à tous ceux qui reprochent aux élu-e-s régionaux de s’engager dans le soutien aux lycéens sans papiers, considérant que ce n’est pas dans leur mission et que la loi doit être appliquée telle que le gouvernement le souhaite, que c’est au contraire dans des luttes comme celle ci que notre engagement personnel en politique prend tout son sens. Que nos valeurs de solidarité, de lutte contre les discriminations, d’entraide prennent toute leur réalité. Faut-il rappeler au gouvernement les textes en vigueur ? La Convention internationale des droits de l’enfant, signée par la France, impose que « Les États reconnaissent le droit de l’enfant à l’éducation» ; La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, est elle aussi limpide : « Toute personne a droit à l’éducation. (…) L’éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l’amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux ou religieux. ». La jurisprudence du Conseil d’Etat est d’ailleurs assez claire : la régularité de la situation administrative d’un étranger n’est pas un préalable à son accueil dans un établissement d’enseignement ; en revanche, la scolarisation en France pendant plusieurs années est un motif légitime de régularisation quelles que soient les circonstances d’entrée sur le territoire français. Voilà pourquoi, comme nous l’avons fait au Conseil Régional depuis novembre 2010, en faisant voter à l’assemblée régionale un vœu de soutien aux lycéens sans papiers et en mobilisant la majorité régionale sur cette thématique, nous souhaitons par cette cérémonie montrer notre engagement personnel auprès de tous les jeunes réunis ici. Les assurer de notre soutien dans la durée, nous en prenons l’engagement solennel en en mesurant la responsabilité.

 

Chers enfants et jeunes gens, le sens de ces parrainages et marrainages, c’est de vous dire que nos destins sont liés. C’est de vous dire que la solidarité est un combat permanent et indispensable pour construire un monde plus juste. C’est de vous dire que nous ferons notre possible pour vous garantir une vie la plus sereine possible, une scolarité sereine dans le respect des valeurs de solidarité et d’égalité des chances.

 

Nous pensons à chacune et chacun d’entre vous.

 

Aux situations parfois très difficiles que vous vivez. A celles et ceux que nous avons rencontrés. Aux mamans reconduites à la frontière à qui l’Etat Français a proposé de laisser leurs enfants étudier seuls et sans ressources en France. A cette jeune fille majeure qui vient de réussir son CAP et de rentrer en Bac pro et que l’on veut renvoyer immédiatement dans son pays sans attendre l’obtention de son bac dans seulement 15 mois. A ces jeunes filles de 12 à 15 ans qui ont dormi plusieurs jours dans des squats ou sur des chaises. Nous pensons aussi aux situations qui s’améliorent et, pour cette même famille, à la mobilisation exemplaire des profs et des parents d’élèves qui a suivi. La famille a ainsi retrouvé un environnement serein, dans un petit appartement refait et équipé avec la solidarité de tous. Ou encore à cette jeune collégienne coffrée à la sortie des cours l’an dernier mais qui aujourd’hui, grâce à RESF, s’apprête à passer son brevet des collèges. A ces enfants qui retrouvent enfin des occupations d’enfants : les devoirs, les bonnes et les mauvaises notes, les copains et les copines, et le droit aussi de s’ennuyer parfois. Nous pensons aux associations qui vous accompagnent, la LDH, RESF, les autres, tous ceux qui subliment les moyens souvent dérisoires à leur disposition avec une énergie incroyable, une volonté sans faille, beaucoup d’intelligence et de malice. Une mention particulière ce jour à David Racape, Collette Durif, Anne Jamro, Isabelle De Liffiac, Claire Chédotal, Charles Soussan qui ont préparé pour RESF cette cérémonie. Nous pensons aux marraines et parrains aujourd’hui, et qui seront là, sur lesquels vous pourrez vous appuyez dans les mauvais moments, avec qui vous pourrez partager les bons moments. Nous pensons à toutes celles et tous ceux qui, dans les établissements scolaires, sont à vos côtés. La mobilisation part souvent d’un professeur ou d’un parent d’élève. Ensuite, avec l’aide des associations, un petit comité de soutien se met en place et, à plusieurs, le soutien devient redoutablement efficace. Il faut que nous favorisions ce partage d’expériences. Pas évidemment de savoir comment aider ; Il faut que nous donnions à ceux et celles qui ont envie d’agir les bonnes pratiques. Nous pensons enfin à toutes celles et ceux qui vivent encore cachés, et que nous devons inciter à se manifester avec des cérémonies comme aujourd’hui.

 

Maintenant, profitons de ce moment de partage et de fête ! Ecrivons ensemble de belles histoires.

 

Alors, terminons en empruntant quelques mots à Stéphane Hessel :

 » Je vous souhaite à tous, à chacun d’entre vous, d’avoir votre motif d’indignation. C’est précieux. Quand quelque chose vous indigne comme j’ai été indigné par le nazisme, alors on devient militant, fort et engagé. On rejoint ce courant de l’histoire […]. Ces droits, dont la Déclaration universelle a rédigé le programme en 1948, sont universels. Si vous rencontrez quelqu’un qui n’en bénéficie pas, plaignez-le, aidez-le à les conquérir.

[…] Regardez autour de vous, vous y trouverez les thèmes qui justifient votre indignation – le traitement fait aux immigrés, aux sans-papiers, aux Roms. Vous trouverez des situations concrètes qui vont amènent à donner cours à une action citoyenne forte. Cherchez et vous trouverez ! »


Matthieu ORPHELIN

 

 

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