JDE 2010 : Les conclusions du forum « éducation », par Matthieu Orphelin.

Matthieu ORPHELIN, 15ème vice-président du Conseil Régional. Président de la commission Education - apprentissage.

Les Journées d’Eté ont été l’occasion de débattre sur bon nombre de sujets dont l’éducation, sous l’impulsion de Matthieu Orphelin, président de la commission Education – Apprentissage, qui présente ici ses conclusions.


 

Bonjour à toutes et à tous,

 

Les échanges passionnants de cet après midi confirment que l’éducation peut prendre, doit prendre, une place centrale dans le projet écologiste pour les prochaines échéances électorales. Une place centrale dans le projet écologiste tant l’éducation est le socle de la société. Les moyens mis dans l’éducation et la formation ne sont pas un coût, mais un investissement pour l’avenir.

 

Une place centrale dans le projet écologiste tant le bilan de ce qui a été fait par les gouvernements successifs de droite et de gauche est peu reluisant. Le système éducatif français est en crise. Il ne parvient pas à réduire les inégalités devant l’accès pour tous à l’éducation, comme le montrent depuis longtemps experts et chercheurs et comme la Cour des comptes l’a encore récemment souligné.

 

Le gouvernement mène une politique éducative caricaturale, au nom d’un économisme à courte vue et d’une obsession répressive, qu’illustre parfaitement la débile suppression des allocations familiales pour les familles des élèves absentéistes.

 

Les réformes de l’enseignement se succèdent mais sont couplées à une politique de réduction drastique des moyens (encore 16 000 postes supprimés à la prochaine rentrée) qui ne peut conduire qu’à la dégradation et à l’échec.

 

Force est de constater aussi que la gauche, lorsqu’elle était aux responsabilités, n’a pas réussi à relever totalement ce défi de la réduction des inégalités et que le slogan de l’égalité des chances s’est révélé une réelle imposture.

 

Une place centrale dans le projet écologiste car nous avons une vision et des mesures concrètes à proposer.

 

Europe Ecologe doit porter des propositions fortes et bâtir un projet novateur sur l’éducation. Nous avons des élu-e-s locaux qui agissent et innovent, des initiatives qui pourraient être généralisées, des réflexions continues notamment dans la commission éducation des verts que préside Yann Forestier, et quelques uns des meilleurs experts français dont Philippe Meirieu bien sûr.

 

Nous avons donc tout pour bâtir un projet,

– Un projet qui rénove le système éducatif en profondeur, sans tabou, et en concertation avec les acteurs ;

– un projet construit autour de propositions positives qui contrasteront avec les politiques répressives du gouvernement ;

– un projet qui s’appuie sur les spécificités de l’approche d’Europe Ecologie, notamment par rapport aux autres forces de gauche.

 

C’est pourquoi, dans le cadre de la préparation du projet 2012, nous travaillons ardemment sur le volet éducation. Nous sommes au cœur de ce travail, work in progress, dont je voulais partager avec vous l’état actuel.

 

Nous avons organisé nos réflexions en identifiant quatre défis majeurs et en proposant de premières pistes d’actions pour les relever. Vous retrouverez dans le document projet 2012 ces pistes d’actions avec plus de détail. C’est le fruit d’un travail en commun, loin de moi l’idée d’en revendiquer la paternité exclusive !

 

Le premier défi, c’est de repenser le savoir pour préparer l’avenir.

 

Mettons la question de l’avenir du monde à long terme au cœur des choix éducatifs (c’est plus globalement refuser de sacrifier la dette sociale, éducative et écologique au seul profit de la dette financière). A nous de faire de la découverte et de la mise en œuvre d’une solidarité active et assumée le cœur des programmes et des pratiques éducatives, d’organiser le travail de tous les acteurs éducatifs autour de cette solidarité.

 

A nous d’assurer, par une évolution majeure des formations, la réussite de la transformation écologique de la société. Développer la prospective compétences / emploi sur les métiers de demain, mettre en œuvre une adaptation réelle et rapide des référentiels (et beaucoup plus de transversalité) pour que tous les métiers existants puissent être enseignés puis exercés de manière durable.

 

Le second défi, c’est d’assurer le droit d’accès au savoir et à la culture pour tous et à tout âge.

 

Faire que les contraintes financières ne soient jamais un frein à l’éducation, au savoir et à la poursuite des études. Nous pourrions notamment proposer un plan d’aide financière, technique et pédagogique pour les étudiants leur permettant d’entamer et de travailler leurs études professionnelles et/ou universitaires dans des conditions d’habitat, de vie et d’accès au savoir dignes, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui pour un grand nombre d’entre eux.

 

C’est aussi n’enfermer personne dans un destin social. Il faut notamment pour cela abolir les barrières entre formation initiale et continue, militer pour la formation tout au long de la vie en se dotant enfin d’outils efficaces pour la concrétiser et l’ouvrir à toutes et à tous, notamment par une meilleure prise en compte de la validation des acquis de l’expérience.

 

Et c’est bien sûr aussi lutter contre la marchandisation du savoir sous toutes ses formes, marchandisation qui ne fait qu’accroitre les inégalités. Développons la production et l’utilisation de contenus pédagogiques mis en biens communs et gratuits, notamment en numérique ; cela permettra de ré-inventer un usage gratuit du savoir.

 

Le troisième défi, c’est, grâce à l’éducation, de ré-apprendre le vivre ensemble, la citoyenneté et le développement durable.

 

Valorisons la diversité comme étant une richesse fondatrice, alors que, cette semaine encore, une étude pour le ministère de l’éducation montre combien les discriminations sont présentes à l’école.

 

Là aussi, Europe Ecologie doit faire entendre sa voix. Favorisons la participation active des apprenants, le mélange des origines, des cultures, des âges et des parcours. Encourageons le travail spécifique sur les diversités et d’éducation sur la lutte contre toutes les discriminations.

 

Soutenons l’éducation populaire et plus largement les initiatives éducatives prises en dehors de l’école. Favorisons l’ouverture des temps scolaires et hors-scolaires aux mouvements d’éducation populaire.

 

Nous pourrons enfin faire des établissements scolaires le moteur de la conversion de la société. Avec les lycées pour les conseils régionaux, les collèges pour les conseils généraux, les écoles pour les villes, les institutions peuvent vraiment, par la volonté politique et la commande publique, tirer toute la société et accélérer la transformation écologique de l’économie : bâtiments exemplaires, restauration collective, politique de RH, actions éducatives… Autant d’occasions de mettre en œuvre nos principes politiques.

 

Le quatrième défi, c’est de réinventer les pratiques.

 

Favoriser les pratiques émancipatrices, la solidarité active et plus globalement l’idée de rendre l’école à ceux qui la font, réinstaller l’école et l’université dans la Cité, voilà là aussi de belles ambitions à développer.

 

C’est réinstaller la confiance et la co-construction entre l’Etat et les acteurs pédagogiques, qui sont aujourd’hui en rupture, c’est croire en l’intelligence commune. C’est mettre en débat les grandes alternatives et ré-interroger les fondements sans tabou (réforme du collège, bac, rythmes scolaires).

 

C’est également créer enfin des conditions de travail et une formation professionnelle (en matière de temps, de lieux et de moyens) pour tous les personnels et partenaires d’éducation et de formation (y compris les agents techniques et administratifs) qui puissent réellement favoriser le travail d’équipe et l’innovation.

 

Nous pouvons également proposer de réactiver et revivifier de nouvelles formes institutionnelles d’accès au savoir et à la culture, notamment l’éducation non formelle. Il faut retrouver des lieux de savoir, de culture et d’éducation associatifs : créer des maisons de l’aide aux devoirs et de la culture, maisons de la parentalité, maisons de la petite enfance.

 

Comment résumer en quelques mots ces quatre défis et nos réponses ? Solidarité plutôt que compétition et exclusion des plus faibles. Accès au savoir pour toutes et tous plutôt que marchandisation et sélection. Vivre et apprendre ensemble plutôt qu’individualisme. Innovation plutôt que retouches à la marge.

 

Vous voyez que nombres d’idées force sont déjà bien identifiées. Mais le travail est en cours.

 

Toutes celles et ceux d’entre vous qui veulent participer aux réflexions des prochaines semaines sont les bienvenu-e-s. Les moyens de contribuer sont divers : contribution écrite, participation aux réunions spécifiques, organisation d’événements locaux. N’hésitez pas à vous faire connaître dès ce jour.

 

Pour gagner en 2012, Europe Ecologie doit surprendre et montrer une route nouvelle. L’éducation en est un parfait exemple. C’est sur des thèmes comme celui là, sur lequel nous sommes traditionnellement moins entendus, et moins attendus, qu’il faudra convaincre et être crédibles. A nous de jouer… et de nous faire entendre !

 

Matthieu ORPHELIN

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