[DM2] Intervention Générale – Jean-Philippe MAGNEN

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Comment ne pas entendre le journaliste de Ouest-France Michel Urvoy qui écrivait cette semaine, je cite : « L’Ouest souffre. Se désespère. Doux, PSA, Gad, Alcatel, Zeiss (on pourrait rajouter Fagor-Brandt)… Il n’est plus de semaine sans un énorme drame social. L’agroalimentaire, la téléphonie et l’automobile, les trois piliers qui ont porté l’Ouest vacillent ensemble. »

La crise que traversent les IAA en Bretagne pourrait très bien survenir en Pays de la Loire (et la touche déjà cf Saint-Nazaire).  Nous prenons acte des décisions gouvernementales de mercredi à Matignon en faveur des salarié-es de l’agroalimentaire breton sinistré; ces mesures qui sont des mesures minimales dans la situation douloureuse où se trouvent les salarié-es et leurs familles étaient incontournables.

Mais la sortie du marasme ne passera que par l’élaboration d’un nouveau modèle pour l’agroalimentaire, par une transformation radicale des modes de production et de consommation, seule porteuse d’espoir pour les producteurs et les salarié-es de la filière. Les difficultés des entreprises sont dues à un modèle économique productiviste à bas coûts. Il y a d’abord  l’héritage d’aides européennes qui ont entretenu l’illusion que l’internationalisation des entreprises de l’Ouest serait durablement un Eldorado. La déroute du groupe Doux a démontré le contraire avec violence.

Il y a aussi les lourdes conséquences de la directive Bolkestein, adoptée en 2005, qui a organisé la dérégulation du marché du travail en Europe, aboutissant à ce que, par l’embauche à bas prix de salariésprécaires venus des confins de l’Union européenne, la géographie des abattages se soit déplacée vers le centre de l’Europe, entraînant aussi bien la fermeture de tous les unités danoises, que l’exportation de 700 000 cochons bretons par an vers les abattoirs Allemands.

Plutôt que d’évoquer la nécessaire régulation de cette Europe des marchés, et l’impérative réforme profonde de la PAC on préfère cacher la vérité et appuyer les revendications sur un amalgame fâcheux avec l’éco-taxe qui tend à faire croire que c’est sa mise en œuvre qui détruirait des emplois. Les difficultés rencontrées par l’agro-alimentaire ne sont pas liées à une éco-taxe qui n’est même pas encore mise en place ; elles ne sont que les conséquences d’un système dérégulé et ultra-productiviste.

La transition écologique n’est donc pas une option, c’est une nécessité pour préserver une économie régionale solide et durable avec des emplois locaux pérennes, une main d’œuvre qualifiée, une industrie agro-alimentaire qui ait du sens. Si on ne peut écarter la question de l’export, les marchés et l’internationalisation ne doivent pas devenir l’alpha et l’oméga d’une politique agricole territoriale.

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Venons-en à cette DM2 d’ajustement est marquée par d’importants investissements dans l’achat de matériel ferroviaire. En effet, 13 automotrices électriques Régio2N permettant de répondre d’ici 2018 à la croissance de la fréquentation et au remplacement du matériel le plus ancien, ont été commandées, pour une somme de 201 millions d’euros.

200 millions ont ainsi fait l’objet d’un emprunt auprès de la BEI. Là encore, l’Europe joue un rôle fondamental ! L’accès à un financement de moindre coût permet aux collectivités d’investir plus facilement. Cela nous permet de concrétiser nos engagements et de faire de la mobilité un axe majeur de notre politique, conforme à nos objectifs liés à la transition énergétique et pourvoyeuse d’emplois. Mon collègue Michel Perrier soulignera l’attachement des écologistes à ces investissements durables. Il me faut pourtant sur ce dossier ferroviaire également souligner l’absurdité que représente l’option présentée d’une commande de 40 millions d’euros pour 9 tram-trains destinés à desservir un hypothétique aéroport, sur des dessertes encore plus hypothétiques. Nous commanderions donc des trains sans rails … nous voterons bien sur contre cet engagement inutile et incohérent–!

Concernant l’emploi et à la formation professionnelle…avec une enveloppe de 20 millions d’ euros dans cette dm2. Il y a une vraie urgence qui nous oblige à l’action. 9,1% de la population active est au chômage dans notre région. Une augmentation de presque 1 point depuis 2012.

Derniers chiffres encourageants en Pays de la Loire : la baisse au mois d’août du nombre de demandeurs d’emploi (cat. A) : – 4 000 demandeurs d’emploi ; – 7 000 demandeurs d’emploi sur juillet/août

Dans le cadre du plan gouvernemental – « les formations prioritaires pour l’emploi » visant à permettre l’accès à la formation de 30 000 demandeurs d’emploi supplémentaires – la Région a vu ses moyens augmentés de 1 Million 550 k€ pour accroitre le nombre de places de formation qualifiante achetées.

Des moyens supplémentaires, abondés par Pôle Emploi pour 1 million, essentiels pour la Région. Ils permettent de favoriser l’accès à la qualification et à l’emploi prioritairement des Ligérien-ne-s les plus éloignés de l’emploi. A travers cet Objectif et le développement du Service public régional de l’orientation notamment, la Région des Pays de la Loire mobilise les leviers pour inscrire durablement les Ligérien-ne-s dans l’emploi.

Enfin, en cohérence  avec le débat – national et régional ! – sur la transition énergétique, en conséquence du plan d’urgence pour les filières de la construction durable dans le BTP, nous abondons de 4M d’euros de fonds supplémentaires les aides pour les rénovations énergétiques des particuliers. Nous nous apprêtons d’ailleurs à passer le seuil des 6000 foyers rénovés et ainsi d’améliorer de 40% l’efficacité énergétique de nos logements et préserver autant d’émission deCO2. Idem pour nos investissements dans nos lycées avec près de 100M d’euros consacré à l’efficacité énergétique dans nos lycées pour la période 2011-2016.  En 5 ans, 20 lycées sur 112 vont passer aux énergeies renouvelables. 25 ont signé des contrats éco-énergie. 5 nouveaux BBC ont été construits dont trois BEPOS.

Non seulement, la rénovation thermique de notre patrimoine libère des frais de fonctionnement, mais nous agissons de manière responsable et préparons l’avenir. Faut-il rappeler le récent rapport du GIEC qui nous alerte sur les conséquences dramatiques du réchauffement climatique. Si nous nous laissons aller au rythme actuel, avec 2°C supplémentaire d’ici 2035, nous allons vers de nouveaux drames, environnementaux certes, mais aussi sociaux, et économiques ! bien plus vite que certains l’imaginent !

Notre société toute entière est dépendante de son addiction au carbone ! Notre économie est encore dépendante de l’import pour ses approvisionnements en énergies fossiles.

La seule voie qui s’impose à nous mais que nous pouvons choisir ENSEMBLE est celle de la transition écologique avec en premier lieu la transition énergétique. Les menaces sur la planète, au-delà de la question de l’énergie, appellent au retour à de nouveaux équilibres, à tous les niveaux : économiques, sociaux, culturels. Nous devons nous atteler à la construction de nouveaux objectifs de développement durable, qui baliseront notre trajectoire de transition écologique, partie intégrante et transversale à notre stratégie.

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