Cela ne vous aura pas échappé, nous sommes écologistes!

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Intervention générale prononcée par Jean-Philippe Magnen lors de la session du 31 janvier du Conseil réginal des Pays de la Loire consacrée au Budget Primitif 2013.

 

Monsieur le Président, mes chers collègues,

Cela ne vous aura pas échappé, nous sommes écologistes.

Concrètement, ça veut dire quoi ?

Que nous sommes pour le développement et le progrès, mais un développement maîtrisé et un progrès à la fois technique et social.

Que nous nous préoccupons du réchauffement climatique et de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.

En cela, nous voulons préserver l’avenir tout en agissant aujourd’hui et en préparant demain.

Concrètement, ça veut dire quoi ?

Que nous sommes favorables au développement du ferroviaire, plutôt que des routes.

Que nous sommes pour le développement de l’agriculture biologique et contre l’importation d’OGM.

Que nous sommes pour la sobriété énergétique (Plan rénovation thermique des bâtiments) et le développement des énergies renouvelables plutôt que pour l’investissement dans des centrales nucléaires low-cost ou des lignes THT.

Que nous voulons réfléchir à une véritable diversification industrielle, de l’automobile comme de la navale, et que nous avons la conviction que la transformation écologique de l’économie est au cœur de cette mutation, mutation fondamentale pour notre territoire et… pour l’emploi.

Tout cela vous semble assez évident ? Certains sont cependant tentés parfois de forcer le trait…

Je prendrais pour illustrer mon propos un exemple : ma collègue Sophie Bringuy s’est exprimée la semaine dernière dans la presse au sujet de la filière automobile estimant que celle-ci était arrivée à maturité.

Elle évoquait les possibilités de préparer l’avenir via une réflexion autour de la diversification. Il semblerait que cela ait fait sourire. Pourtant ce sont des propositions sérieuses et totalement en phase avec ce qui est dit, y compris par des économistes et analystes pas particulièrement reconnus pour leur qualité d’écologistes.

Quel spécialiste du monde économique aujourd’hui ose prétendre que le marché automobile n’est pas arrivé à maturité, voire à saturation ?  «  C’est structurellement un marché de remplacement » avançait Sophie Bringuy dans son communiqué. Quelqu’un ici ose-t-il prétendre le contraire ? Nous comptons en moyenne 550 voitures pour 1000 habitants en France, pensez-vous que nous pourrons en consommer beaucoup plus à l’avenir ?

Qui a dit que les écologistes étaient contre le progrès technique ou technologique ? Là encore je me permets de citer ma collègue : «  c’est bien et même important d’innover » écrivait-elle. Oui, il faut améliorer les performances énergétiques de nos automobiles, mais il faut également anticiper et réfléchir à comment utiliser les compétences des salariés de ce secteur dans d’autres secteurs.

Il y a deux jours, j’ai rencontré des ouvriers de l’usine Renault de Sandouville. Ils appartiennent au syndicat CGT que nous ne pouvons pas soupçonner là non plus de sa proximité avec les écologistes. Face aux mesures drastiques et injustes de leur direction de suppression d’emplois ou de postes, ils ont pris l’initiative d’innover en créant une nouvelle filière de déconstruction/recyclage de véhicules. Potentiel : 800 000 véhicules / an et potentiel de reprise d’un emploi supprimé sur 4 dans la construction. Ça ne réglera pas tout mais ça montre déjà que dans cette crise de l’automobile, les salariés eux-mêmes peuvent trouver des solutions s’ils sont soutenus, solutions à la fois écologiques et sociales.

Plus largement, lutter contre l’obsolescence programmée et investir dans une économie circulaire, une économie de circuits-courts va dans le sens du progrès et de la transformation que soutiennent les écologistes.

La diversification du bassin industriel français ne se fera pas en une nuit, il faut former, transformer les outils faire émerger de nouvelles filières. Il se trouve que 95 % des compétences peuvent être réutilisées à bon escient dans d’autres filières prometteuses, celle que je viens de citer en fait partie. Pourquoi s’en priver ? D’ailleurs, et croyez bien que nous nous en félicitons, des entreprises régionales du secteur ont entamé cette diversification, heureusement accompagnées par la Région…

Cette même Région, la nôtre, qui a déjà lancé une dynamique d’adaptation, d’évolution, de l’appareil de formation, dans ce sens…et je pense là au dialogue sectoriel que nous avons amorcé avec le secteur « mécanique-matériaux » comme à l’évolution de l’offre qualifiante ou à la sortie du guide compétences vertes.

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De toute évidence, les défis auxquels nous sommes confrontés – sociaux, économiques et environnementaux – sont trop graves pour que nous nous laissions aller à de vaines polémiques.

Car, en effet, la crise climatique et environnementale, vous le savez bien Monsieur le Président, ne disparait pas en période de crise économique et sociale.

Et encore plus pendant cette période de crise que d’autres, il y a des grands projets utiles et d’autres qui ne le sont pas. Car si je peux porter un double-vœu pour cette nouvelle année, c’est à la fois qu’on continue d’investir dans les projets utiles et qu’on arrête de le faire dans ceux qui ne le sont pas.

Ainsi, si Notre-Dame-des Landes plane comme une menace au-dessus de cette session plénière, aucune ligne budgétaire n’y est pourtant consacrée en cette année 2013 et nous nous en réjouissons.

Pour autant, nous restons pleinement mobilisés sur ce sujet, contre ce projet inutile, n’en doutez pas. Nous étions d’ailleurs pas plus tard qu’hier dans cette magnifique zone humide.

Et en pleine lucidité, nous avons choisi de participer activement au dialogue amorcé par le gouvernement et la mise en place de ladite commission de dialogue. Au nom de mon groupe, j’ai d’ailleurs demandé cette semaine une audition au président de cette commission M Chéreau.

Aucune ligne budgétaire n’est d’ailleurs non plus consacrée à l’A831, même s’il est mis en avant dans votre introduction politique de ce BP.

A ce propos, une petite interrogation : l’engagement pris par la Région en 2008 sur cette infrastructure évaluait le montant nécessaire à sa réalisation à 20 millions d’euros. Aujourd’hui on parle de 40 millions. Pouvez-vous nous dire à quelle hauteur situez-vous votre engagement ?

Pour revenir à cette introduction que j’évoquais, certes, il est d’usage qu’un avant-propos politique de BP couvre un champ plus large que le BP lui-même…mais n’est-il pas dommageable, particulièrement dans cette période, d’insister sur ce qui nous divise plutôt que ce qui nous rassemble, d’insister sur deux projets qui ne sont, du strict point de vue budgétaire, vraiment pas les points forts de l’année à venir  et qui seront peut-être même obsolètes sous peu, ce sera mon dernier vœu divergent 2013 mais pas le moins important !

Car les projets qui nous rassemblent dans ce BP sont multiples bien qu’il se place dans un contexte financier contraint : l’incertitude qui prévaut quant à nos recettes. Monsieur Delpech nous l’a exposé, nos ressources faiblement dynamiques sont en bernes tout comme les dotations de l’Etat (gelées pour cette année et en baisse pour 2014 et 2015).  Aucune annonce ne nous laisse envisager d’autres leviers fiscaux.

Dans ce contexte, nous avons fait le choix de faire un effort conséquent et parfois douloureux en termes de fonctionnement (maitrisant son évolution à + 1,6%) en revisitant nos politiques publiques. Cela nous permet de dégager une épargne brute conséquente et favoriser ainsi l’autofinancement d’une grande partie de nos investissements portés à 150 millions dans ce BP et ainsi de garder intactes nos ambitions.

Nous le saluons, mais nous mettons en garde également : il est impératif que nos collectivités à travers l’Acte III de la décentralisation retrouvent un peu d’oxygène et de mous financier. Car, je le dis avec gravité,  nous ne pourrons pas continuer à couper dans nos budgets de fonctionnement à l’avenir. Le budget proposé par l’opposition est de ce point de vue totalement surréaliste : comme l’annonçait le FMI, rigueur ne fait pas bon ménage avec développement économique.

Nos ambitions et engagement sont eux bien tangibles et chiffrés dans ce budget primitif, j’en citerai quelques-uns :

–         L’évolution et renforcement dispositif de formation et les emplois d’avenir pour répondre à la fois à ceux qui en ont le plus besoin et aux mutations à venir que j’évoquais plus tôt dans cette intervention

–         Nos efforts en matière d’énergie avec cette année l’adoption du SRCAE et du SRE, la présentation pour la 2nde année consécutive du jaune budgétaire sur l’énergie (et un nouveau sur la jeunesse) et la mise en œuvre des débats sur la transition énergétique

–         L’accélération des investissements de rénovation thermique dans nos lycées

–         Nos efforts en matière de logement : logement des jeunes, la perspective de plus en plus concrète d’un Etablissement Public Foncier Régional

–         Notre politique en matière d’eau avec un plan Loire ambitieux, le déploiement des contrats régionaux des bassins versants, la Maison du Littoral

–         La construction de nombreuses filières d’avenir  tel les EMR, la filière de l’éco-construction via Novabuild ou la PRI Bois…, les circuits courts et de proximité via l’AMI et la restauration durable, le développement de l’agriculture biologique, un soutien de plus en plus affirmé à l’ESS

–         En matière de transports un renforcement conséquent de l’offre de transport avec 22 nouvelles dessertes ou la réalisation de pôles d’échanges multimodaux

–         Un nouveau plan d’actions 2013-2015 en faveur de la biodiversité, un travail sur la gestion de notre littoral

–         L’adoption d’un agenda 22 ou la lutte contre les discriminations

Et s’il y a des projets sur lesquels nous nous interrogeons – comme l’orientation donnée à l’internationalisation des entreprises -, des projets sur lesquels nous pouvons avoir des réserves – comme Technocampus Océan/orientation d’une partie du volet « recherche » -, d’autres que nous aimerions voir aller plus vite et plus fort, comme le développement de l’éolien terrestre… (Je ne m’étends pas mes collègues reviendront dessus plus en détail.)…

Dans ses lignes de force, ce budget continue résolument à mettre en œuvre ce sur quoi nous nous sommes collectivement engagés.

Alors oui nous voterons ce budget, car être écologiste c’est agir, avec un esprit critique, mais toujours avec responsabilité.

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