[C-Presse] RIO+20 : Un accord à marche forcée

Logo EELV CR PDL

Depuis mardi après-midi, c’est une vague de morosité qui secoue les 50 000 personnes qui se sont déplacées à Rio de Janeiro pour suivre sur place le Sommet de la Terre et affirmer haut et fort leur volonté de voir adopter un accord ambitieux. Au moment où les négociations officielles entre chefs d’Etats s’ouvrent, c’est un texte a minima qui circule de main en main. Un échec ?

 

L’échec, c’est en tous cas ce que voulait éviter à tout prix le Brésil, pays d’accueil et chef d’orchestre des négociations. C’est pour cela qu’il aurait tout fait pour temporiser les négociations et pousser à un accorda minima entre les différents ambassadeurs la veille du lancement officiel du sommet. Un calendrier forcé qui ne laisse plus grand espoir pour les rebondissements de dernières minutes, comme ça a pu être le cas à Durban par exemple.

 

Quels que soient les acteurs de la délégation française proches des négociations que nous avons rencontrés, c’est la déception qui prime. Le texte sur lequel s’exprimeront les chefs d’Etats est dans l’ensemble creux et rappelle majoritairement des points qui faisaient déjà consensus il y a 20 ans. Il manque cruellement de souffle et de dynamique.

 

De grands absents également : il manque clairement des objectifs précis pour lancer un programme d’action à l’échelle mondiale et s’en donner les moyens. Autre loupé : pas d’accord clair sur les océans, mais un renvoi à deux ans de négociations. Oublié également : le changement de statut du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, renvoyé à plus tard lui aussi. De même, on attendait plus sur la reconnaissance de l’éducation et de la culture comme 4ème pilier du développement durable, même si ces axes trouvent enfin leur place dans le projet.

 

Alors, pourquoi la France signerait-elle cet accord ? Bien sûr, chacun pourra trouver des avancées dans la terminologie utilisée, la manière de présenter les thèmes, de nouveaux sujets enfin reconnus, comme l’économie verte et équitable. On pourra se réjouir qu’un nombre considérable de pays s’accordent sur la reconnaissance du rôle des femmes dans les sociétés, sur la priorité qu’est la lutte contre la pauvreté, sur l’importance d’ouvrir la voie à des financements innovants pour les actions de développement durable…

 

Mais ce sont trois avancées, minces et incertaines, mais trois avancées quand même, qui font à mon sens pencher la balance : la mise en place d’un forum permanent de négociation sur le développement durable, auquel seront associés les acteurs non gouvernementaux. Ce point marque l’accord sur la nécessité d’une gouvernance du développement durable au plus haut niveau. Et puis, il y a la fixation d’un calendrier pour travailler et définir des objectifs de développement durable, globaux et universels.

 

Enfin, la place accordée à la société civile et aux acteurs non gouvernementaux tout au long du texte et dans différents process à mettre en place. La reconnaissance de son rôle clef dans l’action pour le développement durable, de sa légitimité et de son expertise au niveau international et dans les termes utilisés est remarquable.

 

A ce jour, il est trop tôt pour conclure. Des rebondissements sont encore possibles. Mais une chose est d’ores et déjà certaine : depuis 20 ans, ce sont les acteurs non étatiques qui ont donné sens et corps à la déclaration de RIO de 1992 et ce sont ces mêmes acteurs qui poussent pour plus d’ambition. La reconnaissance d’un nouveau rôle renforcé pour eux, pour nous, donne espoir.

 

 

Sophie BRINGUY,
vice-présidente du Conseil régional en charge de l’environnement, membre de la délégation Pays de la Loire Rio +20 du Club de France.

Laissez un commentaire

Remonter