4,35 milliards par réacteur - D’après les scénarios établis par Yves Marignac, directeur de WISE-Paris, des critères de sûreté similaires à ceux de l’EPR représenteraient un côut moyen de 4,35 milliards d’euros par réacteur, soit quatre fois plus que celui annoncé par EDF.

Yves Marignac reconnaît que son étude est fondée sur une « démarche prospective » et incertaine qui ne constitue en aucun cas « une prédiction ». Il insiste lui-même sur le fait que les chiffres qu’il fournit ne représentent qu’un « ordre de grandeur », en raison du « manque de données publiques disponibles » et de la « difficulté d’estimer le coût d’opérations encore inédites ».

Le rapport a au moins le mérite d’exister et de poser des questions, en attendant les conclusions de la commission d’enquête de l’Assemblée sur « le coût de la filière nucléaire et la durée d’exploitation des réacteurs ».

Entendu par cette commission, le directeur général de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN, appui technique de l’ASN,) Jacques Repussard, déplorait lui aussi l’absence de « regard économique global » des pouvoirs publics sur cette filière.

« Cette expertise n’est faite nulle part et c’est probablement dommageable », avait jugé Jacques Repussard, pour qui « on n’est pas dans une situation optimale pour notre pays et ça risque de peser à un moment donné sur la sûreté nucléaire ».

Sachant que 80% du parc nucléaire français est entré en service entre 1977 et 1987, « l’échéance des 40 ans est très proche et nécessite une action urgente et massive (…) faute de quoi, le risque est très grand d’aller vers des prolongations du fonctionnement par défaut », a jugé Yves Marignac en présentant son rapport.

Un avis qui fait écho à l’avertissement lancé par M. Repussard: « il faut garder des marges de sécurité si l’on ne veut pas que notre pays se retrouve dans une situation où il faut choisir entre garder la lumière allumée et la sécurité ».

Interrogé, EDF n’a pas souhaité faire de commentaires.