L’Histoire est d’abord l’histoire des vies

L’histoire de vie est un concentré signifiant de l’histoire collective, elle est « idionarration » de tout être-sujet-au-monde existant, agissant et responsable, sur le modèle sartrien, par opposition au sujet déconstruit du structuralisme et au sujet agent goffmanien. L’interprétation des histoires de vie tend à prouver que l’être-sujet ne s’est pas effacé comme le postulait le structuralisme et la conscience individuelle, loin d’être totalement surdéterminée par la structure sociale, il parvient à répondre à l’inconscient collectif par une recherche du bonheur individuel mais aussi, et c’est là, toute l’ambiguïté de son action, par la recherche d’un bonheur absolu. C’est bien la conscience d’être de chaque individu qui fait évoluer la structure sociale et, n’en déplaise à Bourdieu, même l’habitus, imposition d’un déterminisme puissant, n’empêche pas l’individu de tenter d’atteindre son statut d’homme libre, d’être-sujet-au-monde, d’être social réel, dirait Marx, pour peu que la morale qui l’anime soit de dimension politique, autrement dit, historicisée et spatialisée. Nous pouvons dire que l’histoire de vie en formation, en tant qu’activité critique de l’expérience, tend un gué entre le paradigme de l’individualisme jouissant et celui de la structure réifiante. L’histoire de vie individuelle contient un élément condensé de l’histoire humaine en transmission, en cela, il permet de donner du sens au lien social en évolution en organisant une taxonomie appropriée des amis et des ennemis, des jeux d’alliance et de défiance. IL NOUS FAUT DONC NOUS RACONTER AUX AUTRES. les narrateurs refusent de soumettre toute leur personnalité aux injonctions du déterminisme fonctionnel, commercial et structural, ils lui opposent leurs passions qu’ils inscrivent le plus souvent dans une échelle de valeurs universelle. Il paraît impossible, en interprétant des histoires de vie de repérer des individus mus par leur seul intérêt et un rationalisme froid, tels que nous les présentent les tenants de l’individualisme libéral et capitaliste triomphant, tant ces monades, flottantes et désorientées, cherchent à créer du lien entre elles, à établir des relations interdépendantes de confiance qui ne sont rien d’autre que des relations d’influence positive. La pratique de l’histoire de vie est un acte éminemment politique car il implique le don de soi, un don généreux qui sous-tend l’idée de « recevoir » et de « rendre », selon le « tiers paradigme » maussien , mais n’en fait pas une condition incontournable. Plus que la gratuité de l’acte, c’est sa spontanéité qui est en jeu. Nous ne suivrons pas Marcel Mauss lorsqu’il désigne la socialité primaire, soit la famille et la parenté, comme le registre idéal d’inscription de la spontanéité du don. Nos six témoins démontrent au contraire que, dans ce contexte surdéterminé, les possibilités d’actes libres et désintéressés sont rares, le déjà-là coutumier invalide les relations de loyauté et de confiance, les présupposés de l’alliance ou de la rivalité l’emportent sur leur réalité. En revanche, la socialité secondaire, plus axée sur la fonctionnalité des groupes d’adhésion sociaux, peut ouvrir un champ symbolique d’alliance et de rivalité, à la dimension hyperbolique de l’humanité tout entière. Faisant fi des alliés de sang, l’être-sujet-au-monde approche des alliés de sol, des alliés virtuels mais potentiellement actifs et des ennemis du même ordre. En reconnaissant son expérience propre comme expérience de et par l’autre, l’être-sujet-au-monde s’éloigne autant de l’utilitarisme mercantile préréglé par les sociétés marchandes du postmodernisme que du suivisme requis dans un univers holiste où toute valeur se réclame de la transcendance axiologique quasi divine de la coutume. Pour Marx, la transcendance est le moment du travail réflexif, au présent, qui précède l’action et permet à l’être social réel de modifier le futur et donc d’échapper au déterminisme. Le passé éclaire donc le présent et appelle le futur. L’être-sujet-au-monde ne peut donc advenir qu’au terme d’une enquête (historia, en grec) sur soi-même sans nier les apports de son environnement socioculturel. Les autres sont vitaux à la construction de la personnalité. L’individualisme est une impasse.

Une réponse à “L’Histoire est d’abord l’histoire des vies”

  1. Réenchanter la politique en valorisant, en en faisant publicité, les initiatives positives entre citoyens. Passer de la rubrique « des chats écrasés » à celle des citoyens solidaires, des gens humains ou autre terme à définir ensemble.
    Réintroduire la poésie dans l’action et les discours politiques.
    Rêver ensemble une société idéale et en détailler tous les champs. Opérationnaliser chacun des domaines et fixer des objectifs progressivement ambitieux. Faire du lien, favoriser le lien, valoriser le lien.

    Passer d’une grille de salaires basée sur le commerce à une société qui valorise en tout premier lieu l’utilité sociale. Qu’elle soit liée à une activité professionnelle ou pas.

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Les pages de consensus

Notre démarche

La crise majeure – sociale, environnementale, économique, culturelle, démocratique – que traversent nos sociétés appelle sans délai de notre part une réponse politique nouvelle seule à même de rompre la spirale de désespérance qui fait le lit d’une extrême-droite plus dangereuse que jamais.

Ce sursaut ne viendra pas des partis de la gauche gouvernementale qui ont montré leur incapacité à sortir du modèle libéral et productiviste, et dont le bilan est extrêmement décevant.

Notre région Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées, résolument ancrée à gauche, offre une opportunité rare - et peut-être historique - de modifier profondément la donne lors des élections régionales de décembre 2015, offrant alors - par la force de l’exemple - un puissant levier de régénération politique à l’échelle du pays.

Le discrédit frappe largement les formations politiques et s’exprime au travers de la montée de l’abstention. Pourtant l’attente confuse mais palpable d’un nouveau modèle d’implication civique et politique (qui se cristallise avec force sur certaines luttes), et l’exemple de mouvements populaires dans des pays voisins (même si ces mouvements sont issus d’une réalité sociétale bien différente de la nôtre) appellent à ré-interroger profondément la façon d’envisager une échéance électorale mais aussi ce que nous souhaitons faire au-delà d’un simple scrutin.

La construction d’une dynamique citoyenne autour d’une proposition et d’une méthode politique nouvelle (programme, valeurs, méthodes, représentation…) ne doit pas rester un vain mot d’ordre, mais doit se traduire par la mise en place d’outils participatifs concrets, en rupture avec l’offre traditionnelle qui a échoué. Plusieurs initiatives, affirmant une même volonté de rassemblement politique large au service d’une mise en mouvement citoyenne, ont vu le jour dans notre région. Nous mettons aujourd’hui à disposition, pour contribuer à leur convergence, un outil participatif d’échange programmatique que nous avons choisi de nommer « Le projet en commun ». Cette plateforme doit permettre à chacun-e non pas simplement d’observer, mais d’agir, en toute transparence dans un cadre souple et efficient où chacun-e doit se sentir responsable et se porter garant-e de l’objectif.

Le projet solidaire que nous voulons bâtir n’est pas celui d’un simple cartel d’organisations ou d’un rassemblement d’élu-e-s qui se substitueraient à une dynamique citoyenne. Nous voulons permettre un vrai débat de fond, en confrontant sereinement les idées, pour co-élaborer un projet commun à même de répondre aux urgences sociales, environnementales et démocratiques autour de pratiques nouvelles basées sur des valeurs humanistes.

C’est la force et la cohérence de ce projet qui sera le levier de l’espoir.

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