L’aéronautique, fer de lance et fierté de l’activité industrielle en Midi-Pyrénées, est dans une situation paradoxale.
• d’un côté 8 années de carnets de commandes pour les constructeurs,
• de l’autre une crise des bureaux d’ingénierie et des sous-traitants sous tension, avec des ressources qui diminuent jusqu’à 30 %, des délocalisations des chaînes de fabrication plus ou moins rampantes.
La concurrence est féroce, alors que les donneurs d’ordre sont sous la pression de fonds financiers dont nous connaissons la ligne d’horizon : des indicateurs de rentabilité à deux chiffres.
La solution viendra-t-elle d’un avion plus vert, des avions plus sobres, des carburants plus propres, des process de construction économes en matières premières, de l’optimisation du trafic ? L’avion vert est-il conciliable avec les hypothèses de croissance du trafic avancées par ces mêmes donneurs d’ordre. A raison de 5 % par an d’augmentation, le trafic devrait doubler d’ici à 2030, et être multiplié par 5 en 2050.
Ces trajectoires, avion vert ou pas, ne sont pas réalistes. Le secteur est vulnérable : vulnérable aux fluctuations de l’énergie, aux tensions sur les ressources, malgré les exonérations dont il bénéficie comparé aux autres secteurs.
Vulnérables économiquement donc, et climatiquement non soutenables.
L’avion faut-il le rappeler, a jusqu’ici échappé aux protocoles de lutte contre le changement climatique. Plus nous allons avancer dans les négociations de la COP 21, plus le secteur sera interpellé sur sa responsabilité.
Les émissions de CO2 de l’aviation européenne ont augmenté de 110% entre 1990 et 2008 alors que d’autres secteurs sont parvenus à réduire leurs émissions.
En l’absence de mesures fortes de limitation (des émissions, et du trafic) les émissions devraient doubler voire tripler d’ici 2050, et mettre sérieusement en danger le respect de la limite de réchauffement climatique de 2°C.
La mise en place d’une fiscalité sur le kérosène et d’une taxe carbone sont autant de nécessités qui doivent être anticipées. Elles seules pourraient permettre de rassembler les fonds nécessaires à la lutte contre le changement climatique dans les pays pauvres.
La future assemblée régionale devra préparer notre économie aéronautique à l’adoption de ces mesures de justice et de solidarité climatique qui finiront par voir le jour. Il n’est pas possible de se limiter pas aux seules mesures de verdissement.
C’est pourquoi, nous plaidons pour la diversification, et la reconversion d’une partie des compétences vers des marchés hors de la sphère aéronautique. Le secteur n’a pas la capacité d’absorber à lui seul, de manière endogène les mutations à venir. Il est urgent de créer des passerelles vers des secteurs d’activités créateurs d’emplois dans une économie régionale décarbonée.
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