La crise du logement frappe toujours aussi durement les françaises et les français. Plus que l’expression de phénomènes isolés, tels que la pénurie de logements disponibles, le repli de la production de nouveaux parcs immobiliers, la baisse du pouvoir d’achat ou la hausse importante des prix de vente et de location, c’est bien la perte des notions de « vivre ensemble » et d’espace collectif qui doit préoccuper les pouvoirs publics.
S’opposant à cet état de fait et d’esprit, de nombreuses expérimentations citoyennes émergent et proposent de nouveaux modes d’habitat, qui sont autant d’alternatives prometteuses aux pratiques classiques de production de logements.
Regroupées autour du terme fédérateur d’habitat participatif, ces démarches innovantes prônent toutes la réappropriation citoyenne de l’habitat. Alors que les citoyen-ne-s sont d’ordinaire de simples usagers de leurs conditions d’habitat, ils deviennent au travers de ce concept, des acteur-trice-s de leur logement, en coproduisant et gérant leur cadre de vie. L’habitat participatif introduit ainsi une rupture conséquente et marque le passage d’un modèle subi à un modèle choisi du logement.
Concrètement, l’habitat participatif peut se décrire comme un regroupement de ménages mutualisant leurs ressources pour concevoir, réaliser et financer ensemble leur propre logement, au sein d’un bâtiment collectif. Ces projets se caractérisent par le respect de valeurs essentielles comme la non-spéculation, la solidarité, la mixité sociale, l’habitat sain et écologique et la mutualisation d’espaces et de ressources.
Les coopératives de l’habitant s’inscrivent dans une perspective de progrès écologique et social de la société. Choix de matériaux sains, réduction des déchets, économies d’énergies, éco-responsabilité des habitants : tout est pensé pour faire de la performance écologique une priorité. Ce mode de construction et de gestion de l’habitat comporte de multiples avantages. Il favorise l’accession sociale à la propriété tout en luttant contre « l’étalement urbain ». La mutualisation d’espaces, comme la buanderie ou un jardin, ont pour avantages de faire baisser les coûts et d’obtenir des surfaces habitables plus conséquentes.
Dans sa perception, l’habitation n’est alors plus considérée comme une simple marchandise. Elle sort de la logique spéculative pour favoriser d’autres finalités : mixité sociale, relations intergénérationnelles, redynamisation des quartiers. L’habitat participatif permet de trouver des solutions aux problèmes du quotidien, comme le prêt de matériel ou de voiture, ou des arrangements pour la garde d’enfants par exemple.
Projet social, il est aussi et surtout économique : la réduction des coûts par la suppression des intermédiaires, la diminution des charges par l’échange de services ou la baisse du coût global pour rendre abordable la démarche aux ménages les plus modestes. Au travers de la mise en place de clauses spécifiques coopératives, ces projets permettent de limiter l’inflation immobilière et de devenir des outils innovants de modération des prix du marché.
Alors, s’agit t’il d’utopies ? Non, car cela a déjà existé en France et existe chez beaucoup de nos voisins européens. L’habitat participatif représente en Suisse 8% du parc immobilier (130 000 logements, dont 1700 coopératives, 20% dans grandes villes comme Zurich), 17% en Suède (700 000 logements), plus de 6millions de logements (dont 2M en coopératives) en Allemagne, 340 000 logements en Autriche, plus de 300 000 logements en Italie, 15% en Norvège (650 000 habitants) et même 40% à Oslo.
En France, les coopératives d’habitation puisent leurs origines dans les mouvements syndicalistes ouvriers du milieu du 19ème siècle. Les syndicats de l’époque fondèrent les premières coopératives, d’abord de consommation, puis d’habitation. Les objectifs étaient d’aider les ouvriers à échapper au propriétaire qui réclamait tous les mois un loyer exorbitant pour un logement très souvent insalubre. Les promoteurs du logement coopératif ouvrier voyaient dans cette formule d’accession à la propriété, la possibilité pour les familles modestes de sécuriser leur situation face à une économie capitaliste incertaine. « La forme coopérative se voit reconnaître des valeurs républicaines : elle serait une école de la tolérance et du dialogue ainsi que du partage. L’association de la coopération et de la petite propriété doit favoriser l’éducation des masses et l’enracinement de l’idée républicaine.». Pour ses vertus fédératrices, désintéressées et sociales, la « coopération d’habitation » fut vivement encouragée par la Troisième République.
Peu à peu avec l’avènement des économies libérales et ultralibérales, l’esprit coopératif a disparu au profit de la propriété individuelle. La loi du 16 juillet 1971, dite loi « Chalandon » a dessiné un nouveau mode de fonctionnement de la coopération d’habitation, en distinguant la production de logement, de sa « consommation » et de sa gestion. Les quelques coopératives qui se sont lancées dans le combat de la location-attribution ont échoué et les organismes HLM qui ont souhaité poursuivre une activité sous la forme coopérative n’ont pu que se plier aux nouvelles règles du jeu et se transformer en SCP. Ce statut a limité considérablement le champ d’intervention des coopératives d’HLM en les réduisant à des prestataires de services qui n’exercent dés lors qu’une seule activité : l’accession à la propriété au moyen des SCCC.
Aujourd’hui, il est possible de redonner de l’envergure au modèle de la coopérative d’habitation dans notre grande région Midi Pyrénées / Languedoc Roussillon, en s’inspirant des premiers mouvements historiques, et de la réflexion ébauchée par le rapport « Mercadal ». Les montages élaborés peuvent se rapprocher de la formule de la location-coopérative puisque les coopérateurs seront à la fois locataires de leur logement et propriétaires collectivement car possédant des parts sociales de la coopérative qui détient l’immeuble.
Afin de faire société, et afin de construire des solutions aux problèmes récurrents du mal logement, du manque de logements, l’une des alternatives crédibles est bien l’accompagnement de la coopération, car celles et ceux qui font la démarche d’« aliéner » leur propriété à une coopérative, outre qu’ils aspirent généralement à construire leur projet de manière collective, aspirent à d’autres visions pour concevoir l’architecture, organiser la gestion et la vie plus ou moins collective des logements, des quartiers, des villes.
La future grande région a et aura toutes les compétences pour initier, accompagner et valoriser les projets sur son territoire. Elle peut devenir leader, et l’habitat participatif saura soutenir l’affirmation de l’identité d’une région autour des valeurs de partage et de solidarité.
Bonjour,
Je participe à un projet d’habitat participatif au centre de Montpellier (projet ClêmentCités).
De plus, je suis au conseil d’administration de la coopérative HabFab dont l’objet est de promouvoir l’habitat participatif dans la région Languedoc-Roussillon.
Pour établir un lien, je vous propose de nous joindre sur contact@hab-fab.com.
Vous pouvez aussi voir le site en construction : http://www.biencommun-lr.fr/.
Je serai ravi de vous soutenir sur cette contribution au projet commun.