L’’eau est un bien public et sa gestion doit rester publique, avec des fonds publics. Personne ne doit se l’approprier.
Cette gestion est encadrée par de nombreux textes législatifs et règlementaires. C’est une gouvernance assumée par les choix de nos parlementaires et certains services de l’État.
Mais la réalité aujourd’hui c’est surtout :
• des eaux souterraines durablement polluées par les pesticides et les nitrates.
• des consommations d’eau non maîtrisées en période d’étiage.
• des usagers qui payent pour l’irrigation (les agriculteurs représentent 12 % des redevances mais 85% des consommations en période d’étiage).
• la préférence du curatif au préventif, on dépense des fortunes pour assurer la dépollution de l’eau. Le prix de l’eau de consommation humaine s’envole.
• des syndicats agricoles majoritaires qui obtiennent par dérogation le financement à hauteur de 70% des barrages qui pérennisent des systèmes agronomiques intensifs.
La représentation majoritaire de la profession agricole, après avoir nié l’évidence des pollutions liées à leurs activités, bloque toute évolution de la situation en défendant un projet d’un autre siècle, au lieu de regarder cette réalité.
La gestion globale de la ressource en eau c’est tenir compte de l’ensemble des précipitations jusqu’au cycle souterrain de l’eau et non pas seulement satisfaire les besoins en eau de l’activité humaine qui ne s’occupe que du cycle de l’eau superficielle.
Rétablir le nécessaire cycle naturel de l’eau exige une révolution d’une grande ampleur. Il serait vain d’espérer y parvenir sans une vraie reconquête du politique.
Les écologistes dénoncent de nombreux aspects de cette gestion actuelle de l’eau. Par exemple :
• le volume des nouvelles ressources en eau stocké a été multiplié par 6 en 20 ans et pourtant les étiages sont toujours préoccupants, preuve que de nouvelles retenues ne sont pas la solution à ces crises récurrentes Elles incitent au contraire à intensifier la maïsiculture provoquant un nouvel accroissement de pollutions (nitrates, pesticides,…).
• la mission d’aménagiste ne donne pas de compétences particulières aux Établissements Publics Territoriaux de Bassin (EPTB ) pour animer la concertation entre différentes catégories d’usagers de l’eau : pourtant l’Institution Adour – qui a permis notamment la construction de la retenue d’Eslourenties (64 et 65) de 20 millions de m3 sur des bases illégales – a été chargée de l’élaboration du Schéma d’Aménagement et de Gestion des eaux (SAGE) du périmètre Adour amont.
Résultat :
o l’animation du SAGE a été partiellement confiée à la Compagnie d’Aménagement des Coteaux de Gascogne (CACG), juge et partie dans ce dossier (elle construit quasiment tous les barrages agricoles du Sud-ouest);
o aucune autre mesure chiffrée – autre que celle des volumes prélevables avec la construction de huit retenues d’eau – n’a été intégrée à ce SAGE pour répondre à cette exigence d’une gestion soutenable de l’eau avec par exemple quantification :
des économies d’eau en agriculture,
des réductions d’intrants chimiques,
d’augmentations des surfaces à consacrer à l’agrobiologie,…
Ce SAGE vise clairement à obtenir des volumes d’eau supplémentaires pour l’irrigation, sur la base de données déjà contestée et largement favorables à la maïsiculture.
Cela est la conséquence de la concertation, entre services de l’Etat et les représentants des syndicats agricoles majoritaires. Cette concertation voulue par l’ex-président Nicolas Sarkozy (rappelons son « l’environnement, ça commence à bien faire ») a débouchée sur un protocole dérogatoire, en novembre 2011, concernant le territoire national, mais surtout le grand Sud-ouest, protocole qui ignore les autres usagers de l’eau ! Et comportant des dispositions dérogeant à la loi sur l’Eau (LEMA), à la directive cadre sur l’eau (DCE) et aux prérogatives de la Commission Locale de l’Eau (CLE) des SAGEs et autres SDAGEs. Dispositions qui n’ont pas été abrogées avec la présidence de François Hollande.
Les écologistes doivent en demander l’annulation.
Par ailleurs, le ministère de l’Agriculture a autorisé un régime d’exception pour la monoculture du maïs. Or, la même culture sur les mêmes parcelles, année après année depuis un demi-siècle, favorise la multiplication des ravageurs spécifiques et aboutit aux infestations parasitaires chroniques justifiant des traitements phytosanitaires qui sont un des pires fléaux pour l’environnement. Ce régime d’exception protège la monoculture de maïs. C’est inacceptable !
Le présent exposé mériterait d’amples développements tant la problématique de l’eau présente de nombreuses facettes. Il attend pourtant montrer que la nouvelle Région devra encourager les agriculteurs à faire leur révolution environnementale.
Et il faudrait, bien sûr ici, aborder les propositions des conseillers régionaux écologistes visant à obtenir cela.
En décidant, par exemple, de remplacer les aides à l’irrigation par une prime à la rotation de la culture du maïs. Un assolement sur deux ou trois ans rendrait immédiatement inutile la création de nouvelles retenue ?
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