Bancs, lien social et développement durable

Bancs, Lien social et Développement durable

Je vous présente ici un projet d’aménagement à vocation de sociabilité dans les cités populaires de ma région (MPLR) mais aussi d’autres régions en vous présentant une réalisation que j’ai menée en Guyane.
Ce projet consiste à la conception, la réalisation et l’installation de bancs publics dans des lieux de vie, sélectionnés et usinés par les habitants eux-mêmes. Ils choisissent tout, l’emplacement, l’essence des bois, la forme des bancs et les associations (et citoyens lambda) qui travailleront sur le projet.
Ce projet se veut à la fois pédagogique (inciter la jeunesse à s’intéresser à l’espace public comme lieu d’échange entre la nature et les hommes), social (les habitants sont invités à se réapproprier leur quartier) et politique (au sens où il devrait inciter les décideurs à consulter davantage la population sur l’aménagement urbain, notamment. Il s’inscrit donc naturellement dans les Semaines du Développement durable.

En s’appuyant sur les Maisons de l’Architecture, présentes dans chaque département, mais aussi en sollicitant des structures de type CAT (afin d’impliquer des jeunes handicapés), la Région pourrait permettre aux habitants des quartiers les plus défavorisés de s’approprier leur espace de vie en participant à l’aménagement urbain par la création et l’installation de bancs (et tout autre mobilier urbain). J’ai mené une telle action, comme chef de projet, dans un quartier emblématique de Cayenne : la cité Mont-Lucas et la route Tarzan soit une place à vivre et une transversale très fréquentée.

La particularité de ce projet citoyen a consisté à confier à des groupes d’habitants mais aussi de jeunes des quartiers de Cayenne, issus de milieux très différents (étudiants, lycéens professionnels, déficients légers, visuels et auditifs, mineurs sous main de justice en voie d’insertion, ouvriers en chantier d’insertion, habitants bénévoles), le pilotage logistique, communicationnel et conceptuel de l’opération (de l’enquête de terrain à la réalisation des bancs).

CULTURE : MAGUY (Maison de l’Architecture de la Guyane) avait donné mission à trois formidables photographes professionnels mais locaux (Katia Clamaran, Ronan Liétar et José Prosper) de saisir sur le vif la manière dont les habitants des différents quartiers de Cayenne se « posent » et circulent dans leur quartier et dans la ville. Le résultat s’est révélé passionnant, une série de clichés étonnants, émouvants, bouleversants parfois. Des joueurs de dominos aux mamans qui allaitent leur bébé via des sportifs ou des amateurs de farniente, toute une humanité nous saute aux yeux sous le soleil ardent ou la pluie battante.
L’exposition de ces photographies à vocation itinérante a été présentée aux habitants puis a donné lieu à une étude par les architectes impliqués dans le projet.

MEDIAS : Afin d’assurer une couverture médiatique de qualité à l’ensemble de l’action, l’exposition a d’abord été proposée sur l’avenue d’Estrées, lors de la Foire exposition de la ville de Cayenne (du 14 octobre au 30 novembre) où elle a fait l’objet d’une inauguration très réussie. Elle a ensuite été déplacée sur l’avenue Charles de Gaulle, l’artère principale de Cayenne, et a investi la place des Palmistes (place centrale type place de la Comédie à Montpellier), pendant toutes les fêtes de fin d’année et jusqu’au Carnaval. La chargée de mission de la Maison de l’Architecture et des étudiants de l’IUT (organisateurs de la médiatisation de l’inauguration) ont été invités à l’émission TNT sur Guyane 1ère tandis que le journal Antilles-Guyane rendait compte de l’action.

AMENAGEMENT URBAIN : L’avenue d’Estrées n’avait pas été choisie au hasard, cette artère très fréquentée de Cayenne venait de faire l’objet d’une réhabilitation et d‘une urbanisation contemporaine. La place des Palmistes était tout aussi incontournable en tant que mémoire vive de la Guyane mais c’est sans nul doute la présence de l’exposition dans les quartiers défavorisés qui donne à cette opération toute sa valeur humaine et environnementale (le projet a d’ailleurs été labellisé par le ministère de l’Environnement dans le cadre des Semaines du Développement durable).

SOCIABILITE et INTEGRATION : A Mont-Lucas, une cité où ne se passe pas un mois sans problème de voisinage ou de délinquance grave, les jeunes en chantier d’insertion avec l’association de formation continue ANCRAGE et des jeunes bénévoles, adossés à l’association d’insertion APAMEG, ont souhaité poser eux-mêmes les kakémonos et les totems dans les lieux stratégiques de la cité. Ils ont réalisé un plan de pose avec l’aide de leur animateur de quartier. Tout ce remue-ménage a intrigué les habitants de la cité qui sont venus voir les photographies et ont posé de nombreuses questions.La PJJ a finalement décidé d’installer ses nouveaux locaux dans la cité Mont-Lucas pacifiée.

UNIVERSITE et RECHERCHE : Parallèlement, des étudiants de l’IUT de Kourou (en DUT Techniques de Commercialisation), dans le cadre de l’association ATC (association d étudiants réalisant des prestations à l’extérieur) ont proposé un questionnaire aux habitants de la route Tarzan et de la cité Mont-Lucas. Des jeunes de la cité Mont-Lucas et des mineurs de la PJJ leur ont prêté main forte pour rencontrer la population locale. L’analyse des résultats a été faite sur logiciel SHYNX et fera l’objet d’une restitution à la population du quartier prochainement. Il en ressort un fort désir d’aménagement urbain (bancs, poubelles, éclairage, abribus) et un fort enthousiasme pour cette opération qui prend en compte l’avis des habitants. La route Tarzan, très proche de la Cité Mont-Lucas, est une transversale qui irrigue de nombreux îlots d’habitat spontané (bidonvilles), un collège, un centre d’aide par le travail et un institut pédagogique de travail social. Cette route fait l’objet d’une attention particulière car de nombreuses communautés y partagent un manque d’équipement urbain. MAGUY a décidé de la traiter en même temps que la cité Mont-Lucas pour que tout le quartier se sente concerné par le changement en cours.

INNOVATION ENVIRONNEMENTALE : Les bancs pourront être de deux types soit une œuvre d’art unique (réalisée par un ou plusieurs artistes du quartier) soit une déclinaison de bancs classiques (réalisés par les jeunes et les habitants avec l’aide de professionnels) soit des abribus ou autres aménagements (table de jeu, protections solaires notamment). Dans le cas du quartier Mont-Lucas, les bancs seront réalisés dans les ateliers de l’ESAT l’Ebène qui se situe à deux pas sur la route Tarzan, ce qui permettra de mettre en relation des jeunes du quartier avec des déficients auditifs, mentaux et des handicapés moteurs. Les enseignants menuisiers du CAT encadreront les jeunes du quartier, les jeunes en chantier d’insertion.

EMPLOI : Tous les participants recevront une attestation de participation au projet qui pourra figurer en bonne place dans leurs CV. Ceux qui seront en chantier d’insertion pourront poursuivre sur la voie de la qualification puis de la certification par la préparation du CAP « Espaces Verts » ou maçonnerie.

ART et CULTURE : Les bancs seront réalisés par les habitants accompagnés par des artistes ou entrepreneurs locaux avec l’aide des jeunes engagés dans le projet. Des bancs classiques déclinés sur un certain espace à vocation multiple (attendre le bus, se mettre à l’ombre, papoter sur une place, flâner, attendre son enfant devant une école etc.) aux bancs les plus élaborés (protection de la pluie, du soleil), le quartier se verra doter d’un nouvel environnement urbain qui va changer la donne des quartiers les plus défavorisés.

A ban kourt ki fè gogo kontré!!
(Traduction littérale : C’est le banc court qui fait les fesses se rencontrer)

Geneviève Confort-Sabathé, Chef de Projet

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Les pages de consensus

Notre démarche

La crise majeure – sociale, environnementale, économique, culturelle, démocratique – que traversent nos sociétés appelle sans délai de notre part une réponse politique nouvelle seule à même de rompre la spirale de désespérance qui fait le lit d’une extrême-droite plus dangereuse que jamais.

Ce sursaut ne viendra pas des partis de la gauche gouvernementale qui ont montré leur incapacité à sortir du modèle libéral et productiviste, et dont le bilan est extrêmement décevant.

Notre région Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées, résolument ancrée à gauche, offre une opportunité rare - et peut-être historique - de modifier profondément la donne lors des élections régionales de décembre 2015, offrant alors - par la force de l’exemple - un puissant levier de régénération politique à l’échelle du pays.

Le discrédit frappe largement les formations politiques et s’exprime au travers de la montée de l’abstention. Pourtant l’attente confuse mais palpable d’un nouveau modèle d’implication civique et politique (qui se cristallise avec force sur certaines luttes), et l’exemple de mouvements populaires dans des pays voisins (même si ces mouvements sont issus d’une réalité sociétale bien différente de la nôtre) appellent à ré-interroger profondément la façon d’envisager une échéance électorale mais aussi ce que nous souhaitons faire au-delà d’un simple scrutin.

La construction d’une dynamique citoyenne autour d’une proposition et d’une méthode politique nouvelle (programme, valeurs, méthodes, représentation…) ne doit pas rester un vain mot d’ordre, mais doit se traduire par la mise en place d’outils participatifs concrets, en rupture avec l’offre traditionnelle qui a échoué. Plusieurs initiatives, affirmant une même volonté de rassemblement politique large au service d’une mise en mouvement citoyenne, ont vu le jour dans notre région. Nous mettons aujourd’hui à disposition, pour contribuer à leur convergence, un outil participatif d’échange programmatique que nous avons choisi de nommer « Le projet en commun ». Cette plateforme doit permettre à chacun-e non pas simplement d’observer, mais d’agir, en toute transparence dans un cadre souple et efficient où chacun-e doit se sentir responsable et se porter garant-e de l’objectif.

Le projet solidaire que nous voulons bâtir n’est pas celui d’un simple cartel d’organisations ou d’un rassemblement d’élu-e-s qui se substitueraient à une dynamique citoyenne. Nous voulons permettre un vrai débat de fond, en confrontant sereinement les idées, pour co-élaborer un projet commun à même de répondre aux urgences sociales, environnementales et démocratiques autour de pratiques nouvelles basées sur des valeurs humanistes.

C’est la force et la cohérence de ce projet qui sera le levier de l’espoir.

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