Calais : pour sortir de l’impasse, il faut aller plus loin que la surenchère sécuritaire et des mesures humanitaires insuffisantes
Ce lundi 31 août, le Premier ministre Manuel Valls est venu à Calais, accompagné du ministre de l’Intérieur et de deux commissaires européens, pour visiter le centre d’accueil de jour Jules Ferry et la « jungle » où survivent plus de 3500 réfugiés cherchant à rejoindre l’Angleterre.
Nous saluons la proposition du Premier ministre sur l’installation d’équipements pour la mise à l’abri des réfugiés. Cela répond à une demande de longue date des écologistes et des associations.
Nous nous réjouissons également de la présence de deux commissaires européens dans cette visite. Après avoir refusé le 16 mai la politique des quotas lancée par la Commission européenne, nous sommes soulagés que le Premier Ministre ait enfin saisi l’importance d’une coopération européenne pour traiter ce problème. Pour résoudre cette crise, nous devrons impérativement oublier nos égoïsmes nationaux et travailler ensemble à des solutions pérennes.
Toutefois, les annonces faites par le Premier ministre apparaissent notoirement insuffisantes. La construction début 2016 d’un camp humanitaire de 1500 places à Calais ne permettra d’abriter que la moitié des réfugiés actuellement présents, dans la même logique que le centre de jour Jules Ferry, qui ne distribue que 1500 repas par jour là où il en faudrait au moins 3000. Manuel Valls, en tant que ministre de l’intérieur avait d’ailleurs promis des mesures d’hébergement plus adaptées et la renégociation du traité du Touquet, ce qui ne n’est toujours pas d’actualité. Encore une fois, il est nécessaire d’avoir une réponse des pouvoirs publics en adéquation avec la gravité de la situation calaisienne.
De plus, l’investissement promis par la Commission européenne pour la construction de ce camp est de 5 millions d’euros, moitié moins que les annonces faites la semaine dernière par le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve et son homologue britannique Theresa May. Rappelons que ces 10 millions étaient venus s’ajouter aux 15 millions d’euros déjà engagés en 2014 dans les équipements sécuritaires et au renforcement des effectifs de police (2000 agents) qui font ressembler le port et l’entrée du tunnel à un territoire en guerre.
Alors que ces mesures sécuritaires visent à rendre totalement imperméable la frontière à Calais, elles ont en réalité des conséquences graves : l’augmentation du nombre de morts et de blessés, la recherche d’autres voies de passage, notamment le Dunkerquois où certains campements atteignent désormais 500 personnes. On ne fait donc que déplacer le problème.
Aucune de ces mesures ne s’attaque aux causes, et notamment les crises politiques et climatiques qui conduisent à l’exil. Les politiques de soutien dans les pays d’origine des réfugiés doivent être amplifiées, avec une politique de coopération et de développement ambitieuse.
C’est pourquoi les écologistes appellent à nouveau l’Etat à dépasser la politique sécuritaire en agissant par les voies diplomatiques, juridiques et humanitaires pour résoudre durablement la prise en charge des réfugiés dans la région Nord Pas de Calais – Picardie.
Sandrine ROUSSEAU, candidate écologiste à la présidence de la région Nord Pas de Calais – Picardie
Marine TONDELIER, tête de liste EELV pour le Pas-de-Calais
Majdouline SBAÏ, vice-présidente de la région Nord – Pas de Calais en charge de la coopération décentralisée et de la citoyenneté