Le candidat des lobbies

C’était au milieu de l’été, dans la torpeur de la fin du mois de juillet. Xavier Bertrand m’a écrit une lettre sur sa vision des politiques environnementales à mener en région Nord Pas de Calais Picardie. Cette lettre n’a pas fait grand bruit et pourtant … Elle l’aurait mérité tant son contenu est ahurissant en regard des enjeux climatiques et environnementaux.

En filigrane, cette lettre dessine les renoncements dont la région sera le théâtre et la victime en cas de victoire de la droite.

Commençons par cette volonté affirmée par Xavier Bertrand à maintes reprises de mettre les chasseurs aux manettes des politiques environnementales dans notre région. La chasse est de tradition séculaire c’est juste, mais la vision romantique de la chasse que porte l’élu républicain est bien loin de la réalité. Loin d’une défense du terroir, elle sert trop souvent aux riches des villes à s’encanailler dans les bois au détriment de la faune de notre région. Chasser un grand cerf coûte entre 6 et 10 000 euros (on est loin de l’écologie populaire revendiquée par Monsieur Bertrand). En tuer beaucoup est une aubaine pour les fédérations de chasse comme pour les institutions de gestion des forêts. Le résultat est sans équivoque : dans la forêt de Mormal (Avesnois) la population des grands cerfs a été divisée par trois en raison de permis de chasse trop nombreux. Et alors même que la forêt est un facteur d’attractivité important pour le sud du département du Nord, alors que la période de Brame est le support d’activités touristiques, hôtelières mais aussi un bonheur simple pour énormément de personnes, c’est bien souvent le silence qui se fait désormais entendre, la nuit tombée, en lisière de forêt. Dans certains pays nordiques, où la nature est foisonnante et la chasse aussi une tradition séculaire, la période de chasse est restreinte et la gestion de la faune drastique. Sont-ils plus malheureux pour autant ? Tous les indicateurs témoignent du contraire. Alors pour notre région, partageons la forêt. Et imaginons ensemble que l’intérêt général prenne le dessus sur la politique systématique du conflit d’intérêt.

Poursuivons par les propositions faites en matière d’agriculture par M. Bertrand : il semble s’être fait le porte voix des positions les plus rétrogrades de la FNSEA. Il regrette par exemple le temps de l’épandage aérien des pesticides tout en revendiquant une écologie populaire ce qui revient à l’exact contraire. Vanter les épandages de pesticides par avion c’est soutenir les plus gros céréaliers et les firmes multinationales de la chimie contre les petits en l’occurrence les habitants de ces zones et les consommateurs. La France est la plus grosse consommatrice de pesticides d’Europe et toutes les études réalisées par différentes ONG indépendantes montrent que les aliments trouvés sur les étals de nos magasins contiennent bien plus de pesticides que la loi ne l’autorise et renferment de surcroît des produits tout simplement interdits. Leurs effets néfastes sur la santé sont de mieux en mieux connus : les pesticides sont de véritables poisons pour les consommateurs comme pour les riverains ou les agriculteurs. Revendiquer cette intensification absurde est criminelle et une atteinte insupportable à la santé des personnes.
En terme d’agriculture, il est urgent de redéfinir nos cadres. L’idée n’est pas d’opposer les agriculteurs ni de les stigmatiser mais de nous donner les moyens d’accompagner l’ensemble du monde agricole vers des pratiques plus respectueuses de notre environnement et de notre santé ; pour un système plus pérenne. Alors que le modèle agricole productiviste a clairement fait preuve de son inefficacité avec des crises agricoles qui se multiplient, les solutions offertes dans l’urgence aux agriculteurs ne sont pas viables et les conduisent simplement dans le mur plus rapidement. Nous proposons d’innover, en relocalisant les systèmes de production, de distribution et de consommation, en promouvant des pratiques agricoles durables qui ne sont pas incompatibles avec de fortes productions. Nos vignobles de Champagne axonais qui sont passés en Bio produisent tout autant voire plus que les producteurs de Champagne en conventionnel. Les agriculteurs convertis au Bio disent tous avoir connu une stabilisation de leurs revenus puis une augmentation. Il faut cesser la désinformation pour mettre en place dans la durée, avec les agriculteurs, le nouveau modèle agricole dont nous avons besoin.

Xavier Bertrand me parlait finalement de mon « dogmatisme » en matière de diesel, de ma « critique permanente et constante » de ce carburant. Cela illustre encore une fois la politique à courte vue de M. Bertrand. Dans une région où la mauvaise qualité de l’air coûte entre 6 mois et un an d’espérance de vie à chaque citoyen, M. Bertrand juge « dogmatique » de réduire le nombre de véhicules au diesel pour à terme les supprimer. Cette position extrêmement cynique est d’autant plus inconcevable à la lumière de l’affaire Volkswagen qui souligne la difficulté de traiter avec l’industrie automobile quand il s’agit d’environnement et de respect de la santé des citoyens. Oui, il faut arrêter de subventionner le diesel et accompagner le secteur automobile vers un arrêt progressif de la production de véhicules diesel. Son acharnement à soutenir l’industrie polluante à n’importe quel prix pose question. Où est finalement le dogmatisme ?

La région Nord Pas de Calais – Picardie mérite mieux que la mise au pouvoir des lobbies. Or Monsieur Bertrand est le candidat des lobbies, de la recherche égoïste de petits profits individuel, au dépens de ce qui compte réellement : nos biens communs.

Pour une région citoyenne écologique et solidaire, nous avons un devoir : choisir la voie de l’intérêt général et le rassemblement des forces de progrès.

Sandrine Rousseau
Candidate du Rassemblement « Choisir une Région citoyenne, écologique et solidaire »

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