La journée de Synthèse de Brouchy a débuté avec un mot de bienvenue de Thierry Brochot, élu écologiste sortant du Conseil régional de Picardie. Brouchy est une commune de la Somme au carrefour des trois départements picards (Oise Aisne, Somme). Sa situation géographique au cœur de la nouvelle grande Région Nord-Pas-de-Calais-Picardie a justifié notre choix, porteur d’un message fort. Car c’est la Région que nous voulons porter, une Région où tous les territoires comptent, une Région où l’égalité est au cœur de chacune de nos politiques, une nouvelle grande Région qui créé la rencontre.
Après avoir excusé Marc Barbier, maire de Brouchy, alors souffrant, Sandrine Rousseau, tête de liste du Rassemblement, a pris la parole pour saluer la mobilisation qui a eu lieu autour de la construction du programme. Car les 10 forums (Douai, Lens, Lille, Beauvais, Dunkerque, Béthune, Houry, Amiens, Saint-Quentin, Boulogne-sur-Mer) qui ont eu lieu pour construire collectivement le projet ont été un véritable succès : plus de 500 personnes ont travaillé ensemble pour dégager plus de 850 propositions.
Sandrine Rousseau a souhaité évoquer la dernière séance du Conseil Régional du Nord Pas-de-Calais, éclairante. Cette ultime Commission permanente illustre parfaitement l’attitude délétère comme le peu de fond politique véhiculé par la candidate frontiste Marine Le Pen. La sortie de la salle de Marine Le Pen a en effet empêché le vote du plan 100.000 logements défendu par le groupe écologiste en raison du défaut de quorum induit par l’absence du groupe FN. Ce même groupe FN qui est revenu bien plus tard pour faire scandale. Sandrine Rousseau a interpellé Marine Le Pen en l’accusant de terminer son mandat comme elle l’avait commencé, en faisant semblant de siéger et en sapant indignement le fonctionnement du Conseil régional, qui œuvre pourtant concrètement pour les habitants de la région. Cette anecdote traduit encore un fois la politique du feu de paille du Front National : de grands cris sont poussés dans la démagogie la plus abjecte, mais lorsqu’il s’agit de proposer un projet politique construit, plus personne n’est là.
Enzo Poultreniez, directeur de campagne a ensuite présenté le déroulé de la journée de synthèse. L’ensemble des propositions des forums ont été divisées en 4 grands thèmes. Chacun des participants a pu voter pour 8 propositions qui leur semblaient prioritaires pour le programme du Rassemblement. Les votes ont ensuite été comptabilisés pour dégager les propositions ayant recueilli le plus de suffrages.
Les 4 grands thèmes ressortis de l’ensemble des forums sont les suivants :
1 – Des emplois de qualité non-délocalisables
2 – Une région qui fabrique de l’égalité
3 – Santé nature et environnement : restaurer les grands équilibres naturels
4 – Faire société
Un débat a eu lieu avant le vote pour que chacun puisse exprimer en amont ses priorités pour la Région. Ci-dessous, le compte-rendu des différentes prises de paroles :
- Lucie, réconciliée avec les partis, a été surprise que dans les propositions, la jeunesse et les lycées ne soient pas plus présents, alors que c’est une compétence régionale centrale. Elle a également souligné un retard de la région sur la santé (cancer, IVG…)
- Thierry s’est félicité du succès de la démarche de co-construction.
- Jocelyne a évoqué la nécessité de redéfinir une planification régionale des lycées qui soit satisfaisante.
- Pour Guy il faut proposer des emplois et des formations de qualité, et dénoncer le leurre de l’apprentissage, inefficace à ses yeux.
- Dominique a parlé de la réunion d’Amiens où l’emploi est ressorti en tête des propositions. Il a proposé un plan pour créer 30.000 emplois dans la grande région (soit une réduction de 10 % du nombre des chômeurs) avec un budget annuel de 300 millions dans les secteurs de la transition écologique et sociale.
- Michelle, ex-conseillère régionale a pris la parole pour évoquer la question sociale de l’illettrisme. Aller vers la population, au plus près du territoire, est un défi majeur et la collectivité doit tirer tous les gens vers le haut, c’est une question d’égalité.
- Pour Jean, l’expertise citoyenne est un acquis à valoriser dans la présentation de notre programme. Cela nous différencierait des autres dans la pratique politique.
- Marie-Laure Darrigade a évoqué les personnes handicapées et les parents de personnes handicapés pour qui les solutions de prises en charge existent peu, voire pas. Il est anormal de devoir aller en Belgique pour accéder aux soins. Il est urgent de construire des établissements de soins. L’accessibilité à la citoyenneté pour les personnes handicapées est un sujet à ne pas négliger.
- Luc, enseignant du 1er degré, a évoqué les difficultés d’enseigner à des classes bondées. L’accueil des réfugiés est aussi un problème à ne pas occulter.
- Annie a souligné les problèmes de transports palpables à Amiens avec des trains supprimés, des dessertes absentes et une inaccessibilité dans les gares dès qu’il n’y a plus de personnel.
- Didier, de la confédération paysanne, a rappelé qu’il faut penser aux agriculteurs et à l’agriculture comme une solution, comme une partie d’une économie de bien-être : une agriculture paysanne, locale, biologique, pourvoyeuse d’emplois non-délocalisables.
- Pour Luc Blanchard, il est essentiel de réagir face à Marine Le Pen. Nous avons une perte de valeur notamment chez les jeunes, qui explique la montée du FN. Il faut redonner du sens et réenchanter la politique. Aujourd’hui notre nouveau projet de société doit parler au jeune et être optimiste : quand Marine Le Pen annonce toujours pire, nous devons dire que oui, l’avenir sera meilleur.
- Sandrine Rousseau a évoqué une rencontre avec les syndicats qui a eu lieu à Valenciennes autour de la question de l’emploi. La problématique économique doit être au centre de nos préoccupations, puisqu’elle définit en partie une société plus juste. Il faut accompagner les transformations de l’industrie et mettre en place une conditionnalité des aides à des pratiques sociales plus vertueuses.
- Gil a souhaité répondre à Guy concernant l’apprentissage. Il défend l’apprentissage pour des jeunes qui souhaitent s’engager rapidement dans la vie active : l’apprentissage c’est 80 % d’insertion dans l’artisanat.
- Pour Sophie, la société oppose tout le monde et tout le temps, les politiques doivent être en faveur de la reconnaissance de l’autre, de la rencontre.
- Alexandre a évoqué le devoir de porter un discours fort sur la condition animale, contre les fermes industrielles et pour une alternative végétarienne dans les restaurants collectifs. Il faut également s’inspirer de la Belgique et interdire les cirques d’animaux.
- Yvan, a souligné le risque de voir la finance projeter son ombre sur nous. La région pourrait devenir exemplaire et initier des projets qui brident la finance. Il faut porter un discours clair et citoyen pour faire chuter l’abstentionnisme.
- Pour Christine, il faut accentuer notre soutien à la santé en facilitant l’accès au soin et en combattant les inégalités sociales face à la santé. Nous ne devons pas avoir peur d’employer le mot inégalité car notre région est la plus touchée. Notre programme doit être décomplexé, combatif et résistant.
- Marie-Christine a insisté sur la nécessité de mettre en place un programme de rénovation des bâtiments pour lutter contre la précarité énergétique et les pertes énergétiques considérables.
- Pour Julien, il faut faire de la région un territoire zéro déchet, en développant le compostage, les poulaillers en ville, les politiques d’éducation ou encore en limitant le gaspillage alimentaire.
- Pour Michel, il faut parler de Culture. Nous sommes sans doute les partis qui portent le plus haut la culture à partager, soyons en fiers.
- Damien, maire de Grande Sainte rappelle le devoir d’être combatif et percutant dans une campagne tendue. Il propose d’aller vers 5 ou 6 mesures phares :
– Mettre en place un péage routier sur le Nord Pas-de-Calais et redistribution pour faire disparaître les voitures diesel
– Travailler à la gratuité du train pour les moins de 18 ans, pour créer du lien social.
– Développer une économie liée à la transition écologique, en aidant par exemple les petites exploitation agricole à créer des emplois.
– Eco-conditionner les aides de la région.
– Faciliter l’accès à une mutuelle, notamment pour les personnes âgées.
- Franck Lesueur-Bonte a salué la méthode enthousiasmante, et le travail collectif mis en place pour changer de modèle. Il a insisté sur le fait de connecter santé et nature. Pour Franck, « nous sommes malade de nos politiques ».
Le vote pour les propositions faites pendant les forums a par la suite eu lieu et les premières propositions de chaque thème ont été présentées.
Les propositions qui ont recueilli le plus de suffrage par grand thème sont les suivantes :
1 Des emplois de qualité non-délocalisables
– Mettre en place un fond d’aides à la reprise par les salariés sous coopérative avec participation au capital
– Créer 30.000 emplois en NPDCP avec un budget de 300 millions par an
– Préempter le foncier pour permettre l’installation d’agriculteurs localement, notamment en zone périurbaine
– Créer une banque d’investissement « régionale »
– Faire de notre région un territoire hors TAFTA
2 Une région qui fabrique de l’égalité
– Travailler à la gratuité des transports
– Mettre en place d’une écotaxe régionale
– Assurer un meilleur cadencement des trains et un maillage sur tout le territoire
– Conditionner les aides aux communes au respect de la loi SRC (25% logements sociaux)
– Favoriser l’introduction de produits biologiques et locaux dans les restaurants collectifs (lycées)
3 Santé nature et environnement: restaurer grands équilibres naturels
– Mettre en place une vraie éducation à l’alimentation (lycées orales, saisonnalité, rémunération des agriculteurs) et aux risques de la malbouffe
– Fermer la ferme-usine des 1000 vaches
– Limiter l’extension des zones commerciales
– Renaturer la matrice urbaine
– Préserver les ressources en eau avec une gestion en régie publique régionale
– Interdire l’épandage de produits phytosanitaires à proximité des habitations, des cours d’eau et des zones de captage
4 Faire société
– Interdire le cumul des mandats en nombre et sur la durée
– Instaurer une votation citoyenne sur les grands projets régionaux
– Financer d’avantage les actions d’éducation populaire
– Supprimer les avantages abusifs des élus (non-cumul et plafonnement des indemnités)
– Donner les moyens d’accueillir dignement la misère humaine (SDF, migrants…)
– Mettre en place un budget participatif régional
Propositions supplémentaires
– Subventionner des emplois dans l’agriculture paysanne
– Conditionner aides régionales à la santé environnementale
– TER gratuit pour les moins de 26 ans
Les candidats de chaque composante du Rassemblement ont ensuite pris la parole :
Le Parti de Gauche
Laurent Matejko – « Hier soir à Valenciennes une réunion était organisée avec des syndicats et des salariés d’entreprise en lutte. Si j’avais encore des doutes hier, je suis maintenant certain que nous ne nous sommes pas trompés de tête de liste pour Le Rassemblement. Car une chose s’est passée : les salariés en lutte ont pu apprécier les réponses faites sans démagogie par Sandrine Rousseau. Pas de promesses en l’air, pas de plan irréalisables, simplement un projet politique viable, ancré dans le réel, à l’échelle des compétences de notre Région. Notre clef de voûte de la liste Le Rassemblement nous l’avons. Il nous faut maintenant entrer de plein pieds dans cette campagne pour les élections régionales ».
Europe Écologie les Verts
François Veillerette – « Je suis heureux d’être là aujourd’hui, pour porter ensemble les thèmes de la santé et et de l’écologie qui sont vitaux pour les habitants. Nous devons prendre les choses dans l’ordre pour construire ce qui va faire sens dans cette région. Face à la mascarade des politiques média, notre pari sur le sens et le contenu sera gagnant. Nous entrons désormais dans le deuxième temps de ce Rassemblement : place à la campagne ».
Marine Tondelier – « Au fil des forums, j’ai pu observer une certaine symbiose entre nous et que nous n’avions pas besoin de nous forcer pour construire ensemble. Pendant que certains font des appels à l’union, nous construisons un programme solide. Ils est temps de passer à la campagne malgré la météo, les média, voire la sinistrose. On va mener la campagne vers un très beau score et je ne doute pas une seconde que l’on emportera la région ».
Nouvelle Gauche Socialiste
Franck Lebon-Sueur – « Notre mouvement (la Nouvelle Gauche Socialiste) s’est constitué en juin pour répondre aux déçus d’un PS qui semble avoir perdu ses idéaux de transformation sociale.
Pierre De Saintignon ne sait plus ce qu’attendent les jeunes, ils ne sont pour lui bons qu’à distribuer des tracts. Nous retrouvons dans le Rassemblement cette volonté de changer de braquet, de déplacer le curseur vers l’éco-socialisme, pour vaincre la droite et l’extrême droite mais aussi pour se placer devant le PS ».
Nouvelle Donne
Françoise – « Pour Nouvelle Donne en Nord-Pas-de-Calais-Picardie il était de notre devoir de participer autour d’une charte et d’un programme pour renouveler complètement les pratiques politiques. Pour Nouvelle Donne, Le Rassemblement tend vers un objectif commun et chaque composante doit y apporter ses forces. »
Sandrine Rousseau conlut finalement la journée en remerciant le maire de Brouchy, l’ensemble des participants qui se sont déplacés de tous les coins de la région, ainsi que l’équipe de Campagne.
Elle évoque une anecdote qui lui semble parlante : lorsqu’elle est passée sur France Bleue, la semaine précédente, aucun auditeur n’a appelé pour dire qu’il fallait une union entre EELV et PS, au contraire plusieurs auditeur ont téléphoné pour dire qu’il fallait une alternative crédible au PS et féliciter l’initiative du Rassemblement.
Autre signe, dans tous les forums participatifs sont venus des gens non encartés qui militent dans leur coin, interpellés par une démarche qui leur semblait répondre à leurs attentes. Pendant ce temps là le PS organisait un referendum, dans le froid, tout seul.
Pendant que Marine Le Pen prend 20 minutes pour dire que le réchauffement climatique n’existe pas, nous devons dire que c’est pour nous une priorité.
Xavier Bertrand veut mettre la région au travail, comme si les gens ne voulaient pas travailler ! Les ouvriers attendent beaucoup mieux de nous.
Dans une période comme celle-ci, avec un FN haut, une crise démocratique et des partis classiques qui n’avancent comme réponse que la peur, Le Rassemblement propose que nous soyons fiers de nos valeurs, et que nous les portions haut et fort, dans la joie.