Presse
Philippe Meirieu : "60% des voix au premier tour ? Pourquoi pas !"
26 novembre 2009 - Lyon Mag
A l'heure où toutes les formations politiques sortent du bois pour les régionales, Europe écologie, et sa tête de liste Philippe Meirieu, présentait jeudi à la presse son équipe de campagne et son site internet. L’occasion pour Philippe Meirieu de dessiner les grandes axes des régionales. L’interview pour Lyon Mag.
Lyon Mag : Qu’est-ce qui vous a poussé à accepter de prendre la tête de liste pour Europe écologie ?
Philippe Meirieu : L’enthousiasme pour la dynamique qui est en train de se créer, qui est une véritable alternative à la manière un peu traditionnelle et archaïque de faire de la politique. L’envie aussi de mobiliser les jeunes sur la politique et les enjeux citoyens. je sens autour de moi des tas de jeunes qui ont envie de se lancer mais qui trouvent que les partis politiques, «ça le fait pas» comme ils disent. J’ai très envie de participer à cette nouvelle aventure qui peut recomposer complètement le champ politique. nous sommes à une césure, à un moment où peut être il y aura en France une autre manière de faire de la politique que de jouer au ping-pong entre l’UMP et le parti socialiste.
Concrètement, faire de la politique autrement, c’est quoi ?
C’est ne pas en faire sa carrière. J’ai soixante ans, je viens d’un secteur précis qui est le travail sur l’éducation. J’ai acquis une compétence. Je ne sais pas tout sur l’agriculture et les transports. On va s’entourer de gens qui sont compétents dans ce domaine. les élus sortants, les groupes qui travaillent. On ne prétend pas détenir à l’avance toutes les solutions. On va surtout être à l’écoute des citoyens, les consulter, leur dire quels sont les choix devant lesquels on se trouve. Si on fait, par exemple, des choix en faveur de l’autoroute aujourd’hui, on doit expliquer quelles en seront les conséquences sur l’agriculture, sur le tourisme. Faire de la politique autrement, c’est aussi se désengoncer, c’est sortir des ces baronnies, de ces attitudes lointaines et éthérées. Faire de la politique autrement, c’est parler aux gens.
Si vous arrivez à conquérir le pouvoir régional, quelles seront vos priorités pour l’agglomération lyonnaise ?
Il y a une priorité claire qui est le transport. Il faut que l’agglomération lyonnaise soit désengorgée, il faut trouver des systèmes de transports en commun périphériques et intra-urbains. Il faut développer les transports doux d’une manière forte : il faudra par exemple, proposer un développement beaucoup plus radical du vélo. Je suis partisan du vélo pour tous les lycéens. Il faut investir massivement. La bagnole, il y en a assez. Si on prend la bagnole, il faut la prendre à plusieurs, donc organiser des systèmes de co-voiturage beaucoup plus efficace. Nous avons également d’autres priorités pour Lyon, en terme de reconversion de l’économie. Il y a le couloir de la chimie, avec des industries extrêmement polluantes. Il faut que nous ayons une attitude beaucoup plus volontariste la dessus. Il faut que nous aidions les industries polluantes à reconvertir leurs emplois. Il faut que nos aides économiques répondent à certains critères. Il n’est pas question d’aider n’importe qui. Il faut vraiment aider ceux et celles qui sont susceptibles de reconvertir l’économie. Et puis, j’aimerai dire un mot sur les jeunes. Je connais beaucoup de jeunes qui galèrent, je connais beaucoup de jeunes qui sont exploités par des stages qui n’en finissent pas. La région a une priorité en terme de formation professionnelle, elle à une prérogative important. Il faut que nous soyons attentifs à ces jeunes là. Il faut les aider à se loger correctement et à sortir de la précarité. Je suis très sensible à cette précarisation de la jeunesse. Je veux aussi revivifier le tissu associatif. Lyon est riche des ses initiatives citoyennes, et il faut beaucoup plus s’appuyer dessus.
Qu’allez-vous mettre en avant durant la campagne ?
On a donné trois priorités : l’écologie et les enjeux climatiques, l’aménagement du territoire et les transports, l’éducation et la citoyenneté. Nous sommes en train de réfléchir à des mesures extrêmement concrètes. Nous les chiffrerons, car nous ne sommes pas de doux rêveurs irresponsables. Rhône-Alpes va changer de monde. On va essayer de passer d’un monde centré sur la marchandise, la production, le tout économique, à un monde centré sur la personne, le citoyen, l’harmonie de la personne et de la nature.
En parlant de chiffre, quel est celui que vous vous fixez pour le soir du premier tour ?
Le maximum. On pas d’objectif chiffré précis au soir du premier tour. on veut mettre en avant l’idée de rassemblement. rassemblement ne veut pas dire arrangement. Il y a l’arrangement des partis politiques d’un côté. Nous sommes complètement étrangers à cela. C’est le problème des politiques. Nous, nous voulons rassembler les citoyens, les associations, les mouvements qui veulent contribuer à faire de Rhône-Alpes une région citoyenne exemplaire, européenne et écologique. Alors pourquoi pas rassembler 60% des Rhône-Alpins au premier tour ?
Vous avez conscience que vous pouvez gagner les élections régionales ?
On en a pas seulement conscience. On se bat pour gagner les élections régionales. Bien évidemment que l’on se bat pour ça. Pour nous, c’est à la fois un enjeu régional absolument déterminant car Rhône-Alpes peut changer complètement de logiciel. Mais c’est aussi un enjeu politique plus global. Cela veut dire que l’on peut faire passer un message qui est : l’écologie politique, c’est une urgence. Cela impose de taire un certain nombre de querelles et de taire les combats politiciens traditionnels. Cela nous oblige à associer des personnes neuves comme Éva Joly, José Bové, pour pouvoir prendre à bras le corps les problèmes qui se posent aujourd’hui. Pour moi, c’est un espoir fantastique. Je n’ai jamais rêvé d’être président de région, mais toute ma vie j’ai rêvé d’avoir des opportunités de militer au sein d’un mouvement politique qui prenne au sérieux les problèmes concrets des gens, sans oublier l’avenir de la planète et les grands enjeux de notre société.Si on y arrive en Rhône-Alpes, cela suivra ailleurs.
En vue du deuxième tour, avec quels partis travaillerez-vous ?
On ne travaillera pas avec le FN ni avec l’UMP. Ils incarnent des valeurs qui ne sont pas les nôtres. Pour le reste tout est ouvert, tout peut être envisagé autour des valeurs qui sont les nôtres, nous n’avons absolument aucune exclusivité, dès lors que nos valeurs fondatrices, la solidarité, la survie de la planète et la participation citoyenne sont respectées.
Cela peut aller du PC au Modem ?
Pour le moment, je dirai que ça peut aller de gens qui votent PC à des gens qui aujourd’hui votent Modem, ou qui ne votent pas. Un de nos grands objectifs, c’est de mobiliser les abstentionnistes. cela peut un peu ressembler à de l’auto-satisfaction, mais aujourd’hui les partis politiques traditionnels ne peuvent plus mobiliser les abstentionnistes. Je crois que nous allons gagner car beaucoup d’abstentionnistes vont se rallier à nous, en se disant que la politique peut encore faire rêver, redonner du tonus et du souffle et qui soit au plus prêt de nos préoccupations.