Education : il est urgent de changer de politique
La grève du 12 mars dans l’Education Nationale exprime l’inquiétude et la colère des personnels face à une situation particulièrement grave.
Suppression de 40 000 postes d’enseignants en trois ans, réformes précipitées et sans concertation, disparition progressive des dispositifs d’aide et de soutien aux établissements en difficulté, abandon de la carte scolaire, désengagement systématique de l’Etat, démantèlement de la formation initiale des enseignants, disparition de la formation continue, difficultés croissantes des recrutements, mise en place de politiques sécuritaires quand il faudrait donner aux aux éducateurs les moyens de mener une véritable action éducative… Les motifs de mécontentement du monde enseignant et de l’ensemble des personnels de l’Education nationale s’accumulent. Les mesures sévères qu’a prises le gouvernement font durement sentir leurs effets sur le terrain et annoncent une prochaine rentrée scolaire extrêmement difficile pour les élèves, leurs parents et leurs enseignants.
Le gouvernement ne s’en tirera pas par des mesures cosmétiques comme celles qu’a annoncées Luc Chatel sur les remplacements. Nous manquons déjà d’enseignants. La solution ne passe pas par l’utilisation d’emplois précaires sans formation. L’intervention de stagiaires ou de personnes extérieures dans les écoles et établissements ne peut s’effectuer qu’en complément du travail des enseignants, sous la responsabilité de ces derniers, et, en aucun cas, se substituer à eux. De même, il est inconcevable de mettre devant des classes, dès septembre 2010, des personnes qui n’auront suivi aucune véritable formation pédagogique.
L’École française doit à ses élèves des professeurs formés, une organisation scolaire équilibrée, un fonctionnement rigoureux, lisible pour toutes les familles. L’École française doit lutter concrètement contre toutes les inégalités ; elle ne peut plus se conter de proclamer l’égale dignité des voies de formation, elle doit la faire. L’École française doit donner aux professeurs et à tous ses personnels les moyens de travailler de manière concertée à la réussite de tous. Elle doit encourager le travail en équipe, l’innovation, l’engagement des personnes dans des projets hardis. Elle doit mobiliser toute la Nation autour d’un projet ambitieux.
Les enseignants et tous les personnels sont aujourd’hui découragés. Ils subissent de plein fouet les effets d’une politique libérale-autoritaire qui ne leur laisse que le choix de la répression ou de la dépression. Il n’est que temps que le gouvernement prenne la mesure du malaise. A la veille des élections régionales, Europe Ecologie appelle toutes les Françaises et tous les Français à sanctionner la politique gouvernementale et à lui faire confiance pour travailler inlassablement au « bien commun éducatif ». Parce que nous portons le souci du futur et nous nous inquiétons pour l’avenir de nos enfants, nous nous engageons à peser de tout notre poids dans les mois à venir, au sein de chaque région et grâce à une coopération interrégionale accrue, pour défendre et reconstruire le service public d’éducation. Nous lutterons contre toutes les inégalités, à tous les niveaux. Nous combattrons l’exclusion sous toutes ses formes et prendrons toutes les initiatives possibles, avec les organisations professionnelles de l’Education nationale, les fédérations de parents d’élèves, les mouvements pédagogiques et d’éducation populaire, les collectivités territoriales, pour redonner aux éducateurs les moyens de remplir leurs missions et la possibilité de travailler à la construction d’un monde plus juste, plus pacifique et plus solidaire. Les régions ne peuvent pas tout, mais elles disposent de leviers essentiels et peuvent peser de tout leur poids pour que la formation tout au long de la vie ne soit pas simplement un vœu pieu. Pour que jamais personne ne soit abandonné au bord du chemin.
Philippe Meirieu,
tête de liste Europe Ecologie pour les élections régionales