La campagne
"Avec l'arrivée de Monsanto et Pionner, c'est la double-peine pour Haïti", dénonce Europe Ecologie Champagne-Ardenne
Une marche de protestation initiée par le Mouvement Paysan Papaye (MPP) s’est déroulée à Haïti le 4 juin 2010 suite à l’annonce, par les firmes Monsanto et Pioneer d’un don de semences « hybrides F1 », sous couvert du projet Winner lancé par l’Agence américaine d’aide au développement international (USAID).
Sous prétexte d’action humanitaire, Monsanto et Pionner tentent de saisir « l’opportunité » de la catastrophe humanitaire pour implanter leurs semences et le modèle agricole industriel qui l’accompagne.
Jusqu’à présent les paysans haïtiens ont peu recours aux hybrides F1 de
Monsanto et Pioneer, qui sont non-réutilisables, puisque dites « de deuxième génération ». Ils utilisent essentiellement les semences paysannes locales et s’inscrivent dans une démarche de promotion de la Souveraineté alimentaire, en donnant priorité à la production/consommation locale et traditionnelle; seul projet capable de répondre aux besoins des populations. L'arrivée massive de semences hybrides et du paquet technologique qui les accompagnent constitue, pour Europe Ecologie, un facteur de déstabilisation supplémentaire d’Haïti et de sa population.
Bien entendu, Europe Ecologie Champagne-Ardenne s’associe, comme José Bové, vice-président de la commission agriculture du Parlement Européen , au MPP, à Via Campesina, ainsi qu'à la Confédération paysanne pour condamner ardemment les politiques et les pratiques de destructions des agricultures paysannes. Il est d'autant plus insupportable que ce "colonialisme" technologique et économique soit justifié par l'USAID.
« L'aide au développement doit être pensée de manière à viser l'indépendance et l'autosuffisance des peuples elle n'a pas pour objet le contrôle et l'asservissement d'un modèle économique qu'il soit agricole ou éducatif », rappelle Jérôme Commoy, ancien candidat Europe Ecologie aux élections régionales, et spécialiste des questions de solidarité internationale.
Pour Christophe Dumont, Conseiller régional de Champagne-Ardenne, « A Haïti comme en Champagne-Ardenne, l’utilisation d’engrais de synthèse et de pesticides associés à de telles cultures, et à une politique agricole dictée par un développement agricole exogène constituent une réelle menace pour l’agriculture paysanne et la biodiversité , qui pourraient être amenées à disparaitre du fait de l’introduction de semences hybrides. D’autant plus scandaleux que l’année 2010 a été déclarée année mondiale de la biodiversité ».
Les problématiques des semences brevetées, des OGM ou des intrants chimiques (qui expliquent certains effets négatifs sur la santé : la multiplication des cancers, les perturbations hormonales, etc.) sont les mêmes d'Haïti à la Champagne-Ardenne. Soucieux d'un modèle agricole de proximité et attaché aux valeurs d'indépendance et d'autosuffisance, Europe Ecologie Champagne-Ardenne souhaite privilégier les « solutions locales pour un désordre global », pour paraphraser le dernier film documentaire de Coline Serreau.