Si l’Alsace est exemplaire, c’est comme contre-exemple de l’impossibilité de se satisfaire d’une écologie du discours, d’une écologie des tout petits pas.
Le Conseil Régional d’Alsace se vante de ses panneaux solaires, de ses chaufferies bois, de son suivi de la qualité de l’air : c’est bien, c’est vrai ; mais la réalité qui pèse lourd c’est la surconsommation énergétique, le maintien à perpétuité du nucléaire coûteux et dangereux à Fessenheim ; la réalité c’est un bilan piteux de la loi sur l’air, des milliers et des milliers d’habitants,  bien sûr les plus modestes, exposés à une atmosphère toxique chronique, aux pics de pollution et à la précarité énergétique. Europe Ecologie aux responsabilités ce sera un plan climat énergie qui ne joue pas petits bras.

Autre exemple significatif : les transports. En Alsace, l’image affichée c’est le succès des trains régionaux, la taxe expérimentale contre l’abus de poids lourds votée en 2006. La réalité : pas un seul camion n’a payé le moindre centime parce que l’UMP ne cesse de différer ; si les scores écologistes n’y mettent pas bon ordre nous n’aurons rien de sérieux avant la présidentielle pour réduire dans notre pays le trafic poids lourds. Europe Ecologie aux responsabilités ce sera la détermination contre l’asphyxie routière, contre la gabegie aérienne concurrente des TGV, une résolution à porter à terme les transports collectifs à un niveau tel que plus de la moitié des déplacements journaliers puissent en profiter et non 10-15%. Il est temps de passer vraiment aux transports durables au profit du plus grand nombre et ça ça ne passera pas par la privatisation des trains régionaux dont rêve la droite.

Pour la biodiversité, la Région Alsace passe aussi pour pionnière. Ca c’est l’image affichée ; la réalité c’est 50 ha. Pas plus de 50 ha par an de bouts de trames vertes rafistolées pendant que disparaissent chaque année 1000 ha de nature, pendant que se poursuit l’étalement urbain qui creuse les inégalités. Europe Ecologie aux responsabilités ce sera un schéma de cohérence écologique contraignant pour les plans d’urbanisme. Europe Ecologie aux responsabilités ce sera la détermination à ménager pour chacun un cadre de vie désirable.
Enfin, le Conseil Régional d’Alsace se veut le creuset de l’innovation économique, avec ses pôles de compétitivité, ses clusters, et autres incubateurs ; il se targuait jadis d’une situation de quasi plein-emploi, notamment du fait des travailleurs frontaliers en Suisse et en Allemagne : la réalité c’est une progression du chômage deux fois plus rapide qu’ailleurs, des industries chimiques, textiles, automobiles en dépression brutale, un système de formation marqué par la sous-qualification massive, une dégringolade du bilinguisme et de la culture régionale. Europe Ecologie aux responsabilités ira franco dans la transformation écologique de l’économie, fera de la formation professionnelle un des leviers de la mutation, engagera le renouveau du bilinguisme rhénan.

La question posée par ces élections régionales est toute simple. L’écologie : on s’y engage pour de bon, oui ou non ? Si en Alsace le rassemblement initié aux européennes a pu s’élargir encore c’est parce que les écologistes depuis 30 ans y ont largement usé toutes les limites de l’action strictement associative, les limites du morcellement des écologistes. Notre rassemblement se fonde, pour la réussite du projet écologiste, sur la volonté d’une alternance à cette droite rivée aux commandes de l’Alsace depuis des décennies, cette volonté est partagée par les Verts, par le MEI (et oui) et par tous les autres. Nos régions ont besoin d’écologie, elles n’ont pas besoin d’élus qui se gargarisent de développement durable mais qui finissent toujours par se défiler face aux lobbies de la route, du nucléaire, du productivisme agricole, du libéral-égoïsme. Ceux-là l’Alsace les connaît : elle dira le 14 mars si elle veut changer.