La campagne
Discours de Jacques Fernique - Meeting de Strasbourg - 8 mars
Discours de Jacques Fernique, meeting du 8 mars, Strasbourg
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Discours de Jacques FERNIQUE
Ce que je voudrais surtout vous dire, c’est que ça commence aujourd’hui ! Et oui ça commence. Ce soir, il ne s’agit pas de terminer, ce meeting ce n’est pas le point d’orgue d’une aventure collective si belle soit-elle, ce meeting ce n’est pas du tout le meeting de clôture de la campagne.
Ca commence aujourd’hui. Ces deux semaines qui sont devant nous vont être les plus denses, les plus fructueuses, les plus périlleuses aussi pour l’écologie en Alsace. Tout ce que nous avons su mettre en place depuis des mois, notre rassemblement, notre projet, les compétences des unes et des autres, nos regroupements dans les territoires d’Alsace, nos créations vidéos, nos tracts, nos documents, nos réseaux internet, nos nouveaux contacts militants, c’est maintenant que cela va donner sa pleine mesure, c’est maintenant dans ces jours décisifs que notre projet doit se faire entendre, doit convaincre dans cette grande caisse de résonnance des deux tours de cette campagne électorale.
Ca commence aujourd’hui, parce qu’il ne s’agit pas continuer comme avant. Depuis plus de 20 ans, l’Alsace a déjà su élire des conseillers régionaux écologistes minoritaires, des écologistes vigilants, critiques, constructifs aussi. Depuis 20 ans des écologistes ont su réussir localement des expériences de gestion publique et de transformation citoyenne : du côté de St Amarin, à Wattwiller, à Kaysersberg, dans le Sundgau, dans le Centre-Alsace et j’en oublie. Depuis 10 ans les écologistes ont pu participer en seconde position à des partenariats avec le PS dans certaines villes : à Strasbourg, à Illkirch, à Schiltigheim, à Mulhouse un temps. Depuis plus de 15 ans, en ordre dispersé, les écologistes ont su donner l’occasion aux électeurs de témoigner par leurs votes de leurs aspirations écologiques, de leurs inquiétudes, de leurs révoltes, de leurs pratiques alternatives.
Depuis 10 ans, depuis 15 ans , depuis 20 ans: non, notre projet politique ce n’est pas de continuer ce petit bonhomme de chemin militant encore 20 ans de plus. Si nous sommes écologistes ce n’est pas pour ânonner un catéchisme même s’il est pertinent, ce n’est pas juste pour nous opposer aux politiques des autres ou pour les infléchir ; si nous sommes écologistes c’est parce que nous voulons porter l’écologie aux commandes, parce qu’il s’agit pour elle d’inventer ce siècle, de le rendre viable, de le rendre désirable. Si nous sommes écologistes c’est parce qu’ici en Alsace, en Europe, et pour le monde, nous savons que c’est en faisant la paix avec la planète, avec la nature, avec la biodiversité que notre humanité fera la paix avec elle-même, c’est en faisant la paix avec la planète que l’humanisme, la solidarité et l’égalité gagneront clairement du terrain. Si nous sommes écologistes, c’est pour transformer pour agir, pour refuser aussi, pour prendre nos responsabilités, pour prendre les responsabilités si les électeurs nous les confient.
Alors oui, ça commence aujourd’hui : parce que c’est aujourd’hui que la responsabilité politique de la Région Alsace est pour l’écologie à portée de campagne électorale. Aucun d’entre nous n’a l’intention de gâcher ce rendez-vous, nous avons laissé derrière nous tout ce qui nous rabougrit, tout ce qui nous morcelle, tout ce qui nous rend inaudible et vain, cette égologie du narcissisme, du caprice et des divisions nous en avons fait le tour.
L’écologie politique rassemblée pour gagner ça commence aujourd’hui, et c’est par l’Alsace que ça commence.
Les élections européennes avec Sandrine Bélier ont montré la validité de la démarche, ont montré combien les électeurs ont apprécié cette écologie du rassemblement des militants politiques, des élus de terrain, des associatifs, des militants du quotidien selon la belle formule de Sandrine. Les élections européennes, ici en Alsace nous ont donné envie d’en faire plus, d’aller plus loin dans le rassemblement.
Ce qui nous importe est plus essentiel que ce qui nous distingue. Ce n’est pas essentiel tout de suite de nous mettre parfaitement d’accord entre nous sur ce qu’il aurait fallu voter au référendum de 2005, ce n’est pas essentiel tout de suite de savoir précisément si l’écologie est au-delà de la gauche ou de la droite ou si elle est l’avenir de la gauche. Ce n’est pas essentiel tout de suite de nous chicaner sur la construction intellectuelle précise d’une économie anti-libérale et/ou décroissante.
Ce qui nous importe, ce que nous portons en commun, les Verts, le MEI, CAP 21, Schillick Ecologie, les élus de terrain, les associatifs et tous les signataires c’est la volonté de répondre en Alsace aux urgences. L’urgence est à l’emploi durable et à la solidarité, l’urgence est climatique, énergétique, l’urgence est à la conversion écologique de l’économie, l’urgence est à la biodiversité, l’urgence est à la qualité de vie urbaine, l’urgence est aux transports collectifs pour le profit du plus grand nombre. L’urgence est écologique.
Alors bien sûr, tout le monde est aujourd’hui à peu près capable de parler d’écologie, d’éco-développement et tant mieux, mais si nous les écologistes rassemblés nous désirons un score sans ambiguïtés au premier tour, c’est parce que nous savons que le message écologique clair des électeurs sera nécessaire. Il sera nécessaire pour nourrir le courage politique et la force de créer les ruptures contre les projets routiers et pour les TER. Le vote écologiste sera nécessaire contre la gabegie aérienne quand elle est concurrente du TGV. Il sera nécessaire pour l’urbanisme solidaire et contenu contre l’étalement qui détruit la biodiversité et aggrave les inégalités. Le vote écologiste sera nécessaire pour l’agriculture de qualité, pour la sobriété et les énergies renouvelables pour s’affranchir du boulet nucléaire coûteux, dangereux et à courte-vue qu’on voudrait nous infliger à perpétuité à Fessenheim.
Tout le monde est aujourd’hui à peu près capable de parler d’écologie, d’éco-développement, mais qui est capable d’une politique de réduction des poids lourds ? Qui est capable de proposer un avenir lucide aux salariés de l’aéroport d’Entzheim ? Qui est capable d’enrayer la somme des intérêts particuliers qui intoxique notre nappe phréatique, qui condamne nombre d’espèces animales et végétales qui sont notre patrimoine, notre richesse commune ?
L’écologie a cette énergie, cette jeunesse, oui elle sait refuser. Au Conseil Régional, seuls les élus écologistes ont refusé de financer les projets routiers obsolètes qui gaspillent les moyens dont qui nous manquent pour le train. Au Conseil Régional seuls les élus écologistes ont fait leur boulot au risque de l’impopularité en refusant ce festival de gaspillage, de nuisances, d’insécurité et de prédation à l’égard des milieux que serait pour 3 ans cette manche alsacienne du championnat du monde des rallyes.
Tout le monde est aujourd’hui à peu près capable de parler d’écologie, d’éco-développement, mais beaucoup n’entendent par développement durable que l’habillage pour prolonger encore, pour continuer durablement comme on a toujours fait. Sous ce vernis, le visage anti-écologiste se révèle parfois crument. « L’environnement, ça commence à bien faire » vient de lâcher Nicolas Sarkozy aux lobbies de l’immobilisme agricole. Il n’est pas le seul à montrer le peu de cas qu’il fait des objectifs du Grenelle de l’environnement. A Molsheim l’autre soir en meeting de l’UMP, Philippe Richert s’en est pris avec Alain Ferry à Europe Ecologie Alsace en nous taxant de « Khmers Verts », Khmers Verts rien que ça. Comme si on pouvait faire de bons mots politiques anti-écolo en maniant l’amalgame avec les criminels khmers rouges génocidaires. Oui on peut faire s’esclaffer des salles de militants et d’élus UMP en se moquant des Azurées des paluds, des chiroptères queues de souris, du pélobate brun, du géranium des marais et du dernier des mohicans qu’est ce grand hamster, toutes ces bestioles empêcheuses de saccager l’Alsace à coups d’infrastructures. Oui on peut exploiter cette veine démagogique, des électeurs applaudiront peut-être, mais sûrement pas le réseau alsacien dense et vivant des associations naturalistes, environnementales et d’éducation à l’environnement.
L’autre contre-attaque anti-écologiste de l’UMP c’est sur le TGV, le TGV, ils ont trouvé là la preuve de la régression écologique : nous avons voté contre la 2ème phase du TGV Est ! Crime de lèse Alsace, marque infâme de la décroissance. En votant contre la 2ème phase, nous avons signé notre forfait : aucun doute, nous voulons mettre l’Alsace sous cloche comme ne cesse de la répéter Richert. Et bien oui, nous avons voté contre, désolés d’être écologistes, désolés de ne pas avaler comme ça un tracé particulièrement impactant, désolé de prendre aussi au sérieux la biodiversité, les zones humides de la haute-vallée de la zorn et le patrimoine agricole. A ceux qui nous disaient en 92 que le TGV Est tel que nous le connaissons depuis juin 2007 serait inopérant, pas concurrentiel avec l’avion, à ceux qui se sont trompés complètement, nous disons tranquillement que l’Alsace peut se permettre de reconsidérer posément l’insertion de cette infrastructure majeure. Bien sûr les écologistes préfèrent mille fois le TGV à l’avion, ce n’est pas pour autant qu’ils en oublient d’être écologistes.
Mais, et le social dans tout ça ? A se rassembler sur le projet écologiste, n’avons-nous pas délaissé dans cette campagne le champ de la solidarité, de l’égalité ? Et bien je suis persuadé du contraire : c’est par sa cohérence écologique que notre projet partagé est devenu le plus efficacement social. Pas du social tonitruant, pas du social de slogan, mais du social de la qualité de vie, du social de la qualité de l’emploi, du social de la qualité de la formation, du social de partage culturel, du social contre le mal-logement.
Du social qui commence aujourd’hui, du social qui n’attend pas je ne sais quel grand soir.
Parmi nos propositions qui suscitent le plus d’écho, le plus d’intérêt, le projet de conversion écologique de l’économie a encore gagné du terrain depuis les européennes. L’écologie c’est l’emploi, c’est la capacité à recréer de l’emploi tout en transformant notre économie de façon à relever les 3 défis majeurs de la crise environnementale : la raréfaction du pétrole, le climat et la biodiversité. Le temps est révolu du gaspiller toujours plus, du jeter toujours plus, du polluer toujours plus : notre économie consolidera ces emplois en se hissant au niveau d’efficacité énergétique, au niveau de maîtrise des ressources, de réduction des émissions polluantes et de recyclage des déchets.
Les travailleurs de l’automobile à la GM ou à PSA, ceux de l’aéroport, de la chimie, ou de l’agriculture ne peuvent plus s’imaginer que tout va redevenir comme avant, qu’il suffit d’attendre que crise se passe, comme d’autres attendent Godot, attendent la croissance mythique : non, ça commence aujourd’hui la réduction du chômage massif, c’est maintenant que la transformation écologique de l’économie devient une évidence, une impérieuse perspective. C’est toute notre économie qu’il faut muscler pour la performance énergétique, écologique, sociale, la muscler par la formation professionnelle, par la conditionnalité des aides.
Notre région aspire à des emplois solides, durables. Les emplois ils sont bien sûr dans les activités de la transition énergétique, des bâtiments basse consommation d’abord pour le logement social. Les emplois ils sont bien sûr dans la mutation des véhicules sobres qu’on ne jettera plus à la casse comme des kleenex, dans les transports collectifs décarbonés. L’Alsace créera ses emplois dans la chimie aux normes Reach qui prend en compte ses impacts sur la santé et les éco-systèmes. Il y a des emplois dans une économie qui saura mieux gérer ses déchets comme des ressources à recycler. Il y a du travail dans l’économie solidaire et sociale qui représente déjà 11% des emplois d’Alsace, voilà un socle solide sur lequel s’appuyer. Ce sont les emplois des services du quotidien, ceux du lien social. Il y a des emplois enfin dans une agriculture de qualité, plus proche de la demande biologique, mieux intégrée aux fonctionnalités écologiques de nos paysages : l’agriculture écologique de demain, c’est au moins 2X plus de main d’œuvre que la monoculture du maïs. La transformation écologique de l’économie c’est aussi la qualité du développement local, c’est le modèle mis en œuvre à Wesserling, dans la vallée sinistrée du textile à St Amarin : un développement local qui s’appuie sur les ressources, les spécificités du territoires, les savoirs-faire de la créativité ouvrière de l’Alsace.
N’attendons pas les bras-ballants la décroissance inéluctable des activités, des emplois trop dépendants du pétrole qui se renchérit et s’épuise. N’attendons pas que disparaissent les emplois trop dépendants de procédés chimiques inacceptable au regard de la santé et de l’environnement, trop soumis aux pesticides, à la concurrence des produits bas de gamme. Misons au contraire sur la qualité spécifique, sur l’inventivité locale, sur notre capacité à faire mieux en gâchant moins.
Et puis il y a l’essentiel : l’Europe. Europe Ecologie Alsace, tout est dit dans le titre : le contenu est bien là sur l’étiquette. L’Europe est pleinement dans le sujet : la Région pour nous c’est évidemment l’avenir décentralisé de la République n’en déplaise aux régressions que l’UMP envisage pour 2014, la Région c’est aussi l’avenir dans les territoires de la subsidiarité européenne : « subsidiarité » quel mot barbare incommunicable en campagne électorale mais de quoi s’agit-il ? De notre capacité régionale à donner réalité aux transformations, aux pistes indiquées par la démocratie européenne : par exemple le bon état écologique des eaux avec la Directive Cadre sur l’Eau et la Directive nitrate, le fret plus ferroviaire et moins camionné avec la directive eurovignette, la reconquête de la biodiversité avec les directives habitats, l’Europe de la formation, de la culture et de la connaissance, ou la performance énergétique et sur le front du climat avec le paquet climat énergie. Notre programme n’a pas une dimension européenne parmi d’autre, il est tout entier structuré sur la vision d’une Alsace à l’aise dans une Europe solidaire et exigeante pour la déclinaison territoriale du pacte républicain. Une Alsace à l’aise dans la coopération interfrontalière, dans l’interrégional. Les projets sur les transports collectifs sur l’Eurodistrict trinational de Bâle, le réseau transfrontalier sur l’énergie, le projet Formation professionnelle sans fontières, le travail partagé sur les zones humides et sur la renaturation du Rhin : ce n’est vraiment pas de la technocratie tout ça. Il y a là un gisement européen dont la Région Alsace doit s’affirmer encore davantage comme un acteur majeur.
N’en déplaise à Philippe Richert, Europe Ecologie Alsace n’entend pas mettre l’Alsace sous cloche : elle l’est déjà. Sous la cloche du chômage massif, sous une cloche de pesticides, de gaz à effet de serre et de pollution. Il s’agit au contraire de mettre l’Alsace en mouvement. Il s’agit de donner de l’énergie aux politiques publiques de transformation, de faire du neuf, de passer à une nouvelle donne politique. Il s’agit de réussir ce que l’Alsace n’a jamais connu, il s’agit de réussir l’alternance. Elle passera par l’écologie.
Ca commence aujourd’hui.
L’écologie politique rassemblée pour gagner ça commence aujourd’hui, L’écologie politique rassemblée, c’est en Alsace que ça commence et c’est avec vous tous.
Magnifique