Bruxelles, 17 mars 2015
L’étude publiée aujourd’hui par l’ONG FERN basée à Bruxelles – Biens volés : la complicité de l’UE dans la déforestation tropicale illégale se fonde sur des recherches menées en 2014 pour estimer, pour la première fois, l’importance de la consommation de l’UE dans la déforestation illégale, tant en valeur qu’en perte de forêts. Elle s’appuie sur le corpus vaste et croissant des recherches consacrées à la déforestation illégale au profit de la viande bovine, du cuir, de l’huile de palme et du soja, en particulier au Brésil et en Indonésie.
Pour Yannick Jadot, eurodéputé écologiste coordinateur de la Commission Commerce international et porte-parole du groupe des Verts sur le climat, le constat est désolant :
» A quelques mois de la grande Conférence de Paris sur le climat qui devra sceller un accord global contraignant sur le climat, cette étude nous révèle que près d’un quart du commerce mondial des biens agricoles produits sur des terres illégalement déboisées est destiné à l’Europe. Cela signifie qu’entre 2000 et 2012, l’équivalent d’un terrain de football était, en moyenne, illégalement déboisé toutes les deux minutes pour fournir à l’Union européenne de la viande bovine, du cuir, de l’huile de palme et du soja ! Alors que l’UE et la France se targuent de leur leadership en matière de négociations climatiques à l’échelle internationale, ils alimentent impunément le commerce de marchandises issues de sources illégales affluant vers l’UE. Ce double discours ne peut plus durer! ».
Selon cette même étude, les Pays-Bas, l’Italie, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni importent 75 % et consomment 63 % des produits entachés d’illégalité affluant vers l’UE et la France enregistre le triste record du plus gros importateur de soja, dont la majorité est utilisée pour nourrir la volaille et les porcs destinés à l’alimentation.
« Il faut agir maintenant : la demande de marchandises issues de forêts à risque est impulsée par un certain nombre de politiques de l’UE, telles que les politiques agricoles, commerciales et énergétiques. Nous avons un besoin urgent d’un plan d’action pour rendre ces politiques cohérentes, réduire la consommation de l’UE et nous assurer que nous importons uniquement des marchandises produites légalement et de manière durable, ceci est essentiel à la lutte contre le dérèglement climatique. L’UE doit également utiliser sa puissance commerciale pour pousser les pays exportateurs à mettre en place des réformes pour réduire la déforestation illégale, comme l’a fait le plan d’action de l’UE contre le déboisement illégal. »
Vidéo de l’ONG FERN sur ce sujet