L’Europe n’a pas besoin d’un commissaire au pétrole, aux conflits d’intérêts et au sexisme

Devant le Parlement Européen avec la fédération des jeunes écologistes européens

Devant le Parlement Européen avec la fédération des jeunes écologistes européens pour dire non a la nomination de Canete

+

Comme l’ensemble des écologistes au Parlement européen, je dénonce la candidature de Miguel Arias Cañete au poste de Commissaire européen à l’action pour le Climat et l’Énergie. La liste de ses conflits d’intérêt dévoilée par l’ONG Les Amis de la terre Europe ressemble à une caricature de dissimulation. Car la réalité, c’est que Miguel Arias Cañete est l’homme le moins recommandable du moment pour enclencher la transition énergétique et écologique dont nous avons plus que besoin aujourd’hui. Monsieur Miguel Arias Cañete, c’est Monsieur industrie pétrolière. Bien qu’il ait eu le discernement de céder ses parts le 18 septembre dernier, Monsieur Cañete entretient des relations privilégiées avec les deux compagnies pétrolières Petrolifera Ducar et Petrologis Canarias, dont il fut par ailleurs le Président. Son fils, Miguel Arias Domecq était, jusqu’à la semaine dernière, membre du conseil dans les deux compagnies, alors que son beau-frère Miguel Domecq Solis (deuxième plus gros actionnaire de Petrolifera Ducar) l’a remplacé dans ses fonctions de Président dans ces deux compagnies. On le voit bien, la vente de ses parts n’efface pas son intérêt passé et futur pour le pétrole.

Devant le Parlement Européen avec la fédération des jeunes écologistes européens

Devant le Parlement Européen avec la fédération des jeunes écologistes européens pour dire non a la nomination de Canete

Le pétrole et Cañete c’est « je pars par la porte mais je reviens pas la fenêtre ». Ce « coucou me revoilà » signe la mauvaise foi de ses déclarations se défendant de tout conflit d’intérêt.

Mais Cañete, c’est en fait depuis 25 ans l’homme des lobbys et du conflit d’intérêt. Sa vie est faite de « hasards » étonnants. En 1992, il s’interroge sur les régulations en matière d’importations de véhicules au sein de l’UE. Et bien pas plus tard qu’un an après il devient un membre du concessionnaire automobile Italcar Espana, spécialiste de l’importation de véhicules. Alors qu’en 1996, Cañete pose plusieurs questions parlementaires sur la question des monopoles dans le domaine de réparation des véhicules à la Commission européenne, sa déclaration d’intérêt « omet » de mentionner son statut de membre d’Italcar Espana.

En 1996, en tant que député européen, Cañete se battra pour le maintien des subventions pour les élevages de taureau. Cela tombe très bien car sa femme est alors propriétaire d’une entreprise de ce type, maintenant détenue par ses deux fils !

En 2002, la femme de Cañete est convoquée devant une commission d’enquête parlementaire espagnole, soupçonnée d’avoir profité d’un accès privilégié aux informations via son mari, alors Ministre de l’agriculture, sur les changements de l’UE en matière de subventions agricoles.

DSC_0054

Les médias internationaux s’intéressent à ce projet de nomination scandaleuse

En 2004, Cañete offre ses services au gouvernement des États-Unis pour faire du lobby auprès des eurodéputés espagnol afin de soutenir la législation pro-OGM.

En 2008, la compagnie pétrolière Petrolifera Ducar dont il est alors le Président se voit remporter une concession des autorités publiques pour opérer sur des terres publiques. Cette concession lui donne accès à un marché de carburant d’une valeur de centaines de millions d’euros.

En 2012, en tant que Ministre, Cañete présente une réforme de la loi du littoral qui sera vivement critiquée car elle favorise les intérêts privés à la protection environnementale. Comme un hasard n’arrive jamais seul, relevons qu’entre 2009 et 2001, Cañete était membre de la grosse société immobilière et de construction BAMI Newco et que sa femme et sa famille possèdent toujours des investissements dans le secteur de l’immobilier.

Et il ne s’agit ici que de recherches préliminaires organisées ces derniers jours par l’ONG Les Amis de la terre Europe.

DSC_0074

Pour nous comme pour beaucoup, c’est non !

La lettre des traités européens est pourtant claire : « Les membres de la Commission sont choisis en raison de leurs compétences générales, de leur engagement européen et parmi des personnalités offrant toutes les garanties d’indépendance ».

Nul parcours politique ne pouvait être entaché par davantage de soupçons. Miguel Arias Cañete ne doit pas devenir Commissaire européen. Il ne peut pas être celui qui portera pour l’exécutif européen l’enjeu si primordial du climat dans la perspective de la conférence COP21 de Paris.

L’Europe a besoin d’éthique. Elle a besoin d’un commissaire au climat et à la transition énergétique. Pas d’un commissaire au pétrole, aux conflits d’intérêts et au sexisme.

Publié le