Yannick Jadot dans Libération : « Un budget européen de régression »

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Yannick Jadot en discussion avec Pierre Moscovici (de dos), lors de l'université d'été du PS à La Rochelle, en août dernier. (Jean-Pierre Muller. AFP)

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Interview Pour l’eurodéputé écologiste, l’accord trouvé entre les institutions européennes met en scène «les égoïsmes nationaux» et François Hollande n’est «pas à la hauteur» de sa «promesse» de réorienter l’Europe.

Jusqu’en 2020, le budget européen devrait bien être revu à la baisse… Jeudi, les institutions de l’UE (Parlement, Conseil et Commission) se sont accordées sur une enveloppe de 908 milliards d’euros pour couvrir les dépenses européennes jusqu’en 2020 contre 977 milliards pour la période précédente (2007-2013). Pour l’eurodéputé d’Europe Ecologie-Les Verts (EE-LV) Yannick Jadot, avec cette décision, c’est «l’existence même de l’Europe que les Etats et leurs dirigeants remettent en cause».

Etes-vous satisfait de cet accord sur le budget européen?

Non. Pour les écologistes, c’est clairement un budget de régression. Pour la première fois de son histoire, l’Union européenne va voir son budget diminuer! On rajoute de l’austérité à l’austérité. On s’enfonce dans le chacun pour soi. Par exemple, le budget accordé pour la nouvelle garantie jeunesse sera de 3 milliards d’euros sur deux ans… Cela représente à peine 50 millions d’euros par an pour chaque Etat membre! C’est comme ça que l’on veut s’attaquer au chomâge des jeunes? C’est très insuffisant.

Donc les eurodéputés écologistes ne voteront pas ce budget…

Nous voterons contre. Il sacrifie tous les investissements d’avenir, toutes les innovations qui doivent moderniser l’économie européenne. De plus, ce budget est décidé jusqu’en 2020! Le prochain Parlement européen élu en 2014 n’aura donc pas son mot à dire. C’est comme si Sarkozy avait décidé des budgets du quinquennat de François Hollande…

Le président du Parlement européen, le social-démocrate Martin Schulz, vous a déçu dans cette histoire?

Il a capitulé. Les députés européens demandaient à revenir sur les baisses des budgets qui préparent l’avenir, une vraie clause de révision de cet accord en 2016 et à introduire plus de flexibilité. Or, on accepte la mise en scène des égoïsmes nationaux au détriment de l’intérêt général européen.

Qu’est-ce que cet accord dit de l’UE aujourd’hui?

Nous sommes dans un scénario noir… Ce n’est pas comme ça qu’on pourra sortir l’Europe de la crise et qu’on réussira à valoriser le projet européen. C’est l’existence même de l’Europe que les Etats et leurs dirigeants remettent en cause. Lorsque l’on se limite à la mise en place d’un grand marché transatlantique – le rêve de David Cameron [le Premier ministre britannique] – et qu’on se limite à protéger les intérêts commerciaux des Allemands, c’est l’ensemble du projet européen qui est en danger.

La cible préférée des socialistes en ce moment, c’est plutôt le président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso…

En 2009, la campagne européenne des écologistes s’intitulait «Stop Barroso». Nous l’avons toujours combattu. Mais lorsque les socialistes l’accusent de tout – presque d’avoir perdu la législative partielle de Villeneuve-sur-Lot – ils s’exonèrent de leurs responsabilités. Les dirigeants français doivent arrêter de valider les projets que porte Barroso. Le gouvernement ne prend pas ses responsabilités pour réorienter l’Europe.

Pourtant vous souteniez François Hollande dans ce sens…

Il avait commencé à relancer l’Europe. Mais depuis l’an dernier, il s’est laissé cornériser. Il n’est pas à la hauteur de sa promesse ni de l’urgence européenne.

C’est pour cela que vous voteriez «non» au traité de stabilité budgétaire aujourd’hui si on vous reposait la question?

Accepter ce traité, c’était aussi permettre que l’Allemagne débloque les fonds de financement pour aider la Grèce, le Portugal et l’Espagne. J’ai aussi voté en faveur de ce texte pour soutenir François Hollande dans sa promesse de réorienter l’Europe. Cette promesse n’a pas été tenue. Le chef de l’Etat s’est laissé enfermer par les conservateurs et Angela Merkel.

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