Communiqué de presse : la Commission ne répond pas aux problèmes des agrocarburants

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La Commission ne répond pas aux problèmes des agrocarburants !

La Commission européenne a rendu publique aujourd’hui sa Communication sur les critères de durabilité des agrocarburants. Yannick Jadot, député européen du groupe des Verts/ALE (Europe Ecologie), commente :

« Dans sa Communication, la Commission ne tient pas la promesse faite aux parlementaires européens en 2008 : faire des propositions pour éviter que la consommation européenne d’agrocarburants de première génération ne conduise à ce qu’on appelle le changement indirect d’affectation des sols. Si les agrocarburants consommés par les citoyens européens ne pourront directement venir de territoires récemment déforestés, ils pourront cependant occuper les terres d’autres productions agricoles qui – elles – devront se déplacer dans des zones forestières. Derrière ce jargon technique se cache en fait le risque de voir des milliers d’hectares de forêts primaires détruits chaque année, en Indonésie ou au Brésil, avec comme victimes principales les populations locales, le climat et la biodiversité.

La Communication propose par ailleurs une méthodologie de calcul des émissions de carbone des agrocarburants tout au long de leur cycle de vie imparfaite et inachevée. Non seulement elle oublie la problématique du changement indirect d’utilisation des sols, mais elle pourrait également permettre – par de petites astuces techniques – à certains producteurs européens d’éthanol de rehausser un bilan carbone en réalité peu flatteur. Or, les agrocarburants doivent permettre de réduire les émissions de 35% par rapport au pétrole (et plus dans le futur), selon des objectifs fixés par l’UE.

Pour finir, les unités de production d’agrocarburants en opération avant 2008 n’auront pas à respecter ces objectifs de réduction des émissions. Comme si l’Europe voulait entériner les mauvaises décisions du passé, prises pour satisfaire certains lobbies agricoles, bien qu’elles s’avèrent néfastes pour le climat et coûtent cher en subventions aux budgets publics : environ 700 millions € en France chaque année. »

L’eurodéputé Claude Turmes, vice-président des Verts / ALE et rapporteur du Parlement européen pour la directive Energies Renouvelables, a déclaré:

« Le Commissaire Oettinger semble être mal conseillé sur ce dossier. La Commission n’a fait aucun progrès pour prendre en compte les émissions de carbone liées au changement indirect d’utilisation des sols provoqué par la production d’agrocarburants. Cette question est pourtant cruciale pour faire le bilan carbone des agrocarburants sur la totalité de leur cycle de vie, et donc pour juger de leur durabilité. Ce retard est inacceptable. Lors des négociations sur la directive Energies Renouvelables en décembre 2008, la Commission avait été chargée de faire des propositions pour prendre en compte l’ensemble des impacts climatiques des agrocarburants. Ce retard est aussi préjudiciable pour les investisseurs  qui ont besoin de certitude législative pour réaliser des investissements. »

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