Revue de presse : Article dans La Croix : 1 an après l’élection

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Que sont-ils devenus ? Yannick Jadot se relève après l’échec de Copenhague
9 juin 2010 – Copyright 2010 Bayard-Presse – La Croix “All Rights Reserved”
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Un an après les élections européennes, cinq eurodéputés français expliquent les passions qui les animent, y compris dans le patient travail parlementaire

Bruxelles, de notre envoyé spécial permanent

Avec ses drapeaux arc-en-ciel marqués « climat » dans le couloir, des affiches anti-OGM et anti-nucléaires aux murs et des livres sur la biodiversité ou l’éco-tourisme sur les étagères, l’espace des Verts est vite repérable au sein du Parlement européen. Yannick Jadot y occupe son bureau. Occuper au premier sens du terme car, comme le souligne ce quadragénaire père de deux jeunes enfants, être député européen est son premier et « unique mandat », à temps plein.

Très engagé dans la préparation de la conférence de Copenhague sur le climat, après le Grenelle de l’environnement, il ne s’estime pas, depuis, au chômage technique pour autant. Mais, reconnaît-il, la conférence onusienne aura marqué un avant et un après pendant sa première année d’élu. Avant, c’était le temps béni où « l’urgence climatique faisait consensus ». Jusqu’à l’échec essuyé par l’Europe. Depuis, avec la montée de la crise économique, « le discours est au statu quo ». « OK, il faut faire quelque chose pour le climat mais pas maintenant », résume-t-il.

L’élu vert observe même aujourd’hui un recul des ambitions pour limiter les émissions de CO2 des véhicules légers. La façon dont les industries polluantes profitent des quotas gratuits d’émissions l’écœure. « On les laisse faire et on laisse aussi les climatosceptiques jouer leur musique déstabilisatrice, ce qui réduit a posteriori l’échec à Copenhague », ajoute-t-il : « On est passé de l’écolo-mégalomanie à l’écolo-cynisme. »

Yannick Jadot, lui, reste écolo tout court. Mais ne s’attendait pas, reconnaît-il, « à une telle déconfiture ». « On a surestimé l’adhésion à un changement de fond de société. Tout le monde avait repris nos discours mais pas nos solutions de rupture », analyse-t-il.

Gare à la prochaine crise énergétique au coin de la rue – ou plutôt de la reprise –, prévient-il de son ton à la fois calme et assuré. La croissance fera de nouveau grimper les prix du pétrole. Et, pendant ce temps, l’Europe est en train de perdre son avance technologique en énergies propres au profit de la Chine, déjà championne du photovoltaïque. « On délocalise notre avenir ! » clame l’ancien directeur des campagnes en France de Greenpeace, adepte des formules chocs.

Que les autres partis délaissent le vert n’a pas pour autant que des inconvénients. La formation co-présidée par Daniel Cohn-Bendit retrouve sa marque distinctive. « L’écologie se repolitise », estime-t-il, motivé. « Yannick est un stratège serein », apprécie Claude Turmes, élu Vert luxembourgeois au Parlement, tout en « connivence » avec son collègue français.

Ce dernier cherche aujourd’hui à appliquer l’écologie à d’autres domaines, comme le commerce. « Un accord de libre-échange entre l’UE et la Corée aura par exemple des effets en Bretagne via l’exportation de porcs, donc des effets écologiques », considère Yannick Jadot, vice-président au Parlement européen, citant en exemple la commission du commerce international.

La Bretagne fait partie de sa trop vaste circonscription, s’étendant « de Brest au Mans et Angoulême ». Impossible de s’y faire connaître partout en élu de terrain. Mais lorsque survient la crise du lait ou la tempête Xynthia, le député européen cherche à montrer que l’Europe et ses fonds peuvent servir. Et, on y revient toujours, que l’écologie invite à agir autrement. À l’instar des nouvelles normes d’efficacité énergétique des bâtiments neufs ou de l’interdiction de la colle pour assembler des morceaux de viande, récemment votés au Parlement européen. Des exemples qui soulagent Yannick Jadot : l’échec de Copenhague n’a pas ramené toute l’écologie à la case départ, se console-t-il. Pour lui, ce n’est qu’un début.

2010-2012, le programme présidentiel des Verts en préparation

Député européen, Yannick Jadot n’en est pas moins engagé au sein du parti Europe Écologie dans la préparation de la base du programme au candidat vert à la présidentielle française de 2012. Et pas seulement « en le réduisant à la lutte anti-OGM et antinucléaire ». Avec Anne Souyris à la direction des Verts, l’élu compte développer les idées d’Europe Écologie « sur les retraites, la fiscalité, l’éducation ou la politique étrangère ». Un programme complet que pourrait porter une collègue voisine de Yannick Jadot au Parlement européen, Eva Joly.

Sébastien Maillard, Bruxelles

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