Les Journées d’été des Verts et d’Europe Écologie se sont conclues sur une standing ovation pour Éva Joly et Cécile Duflot

+

ÉCOLOGISTES Les Journées d’été des Verts et d’Europe Écologie se sont conclues sur une standing ovation pour Éva Joly et Cécile Duflot; A Nantes, Éva sous les vivats
JEAN-DENIS RENARD
22 août 2010
Sud Ouest Dimanche

//

Le chemin vers les échéances de 2012 se dessine avec plus de précision

ENVOYÉ SPÉCIAL

Le trait se fait plus appuyé sous le crayonné un peu flou de l’écologie politique, l’impressionnisme s’estompe. Au sortir de ces trois Journées d’été sur le site de l’université de Nantes, les Verts et Europe Écologie savent mieux ce qu’ils comptent faire d’eux-mêmes et de la société française. Pour les quelque 2 000 participants – record historique -, c’est déjà beaucoup. La voie du succès n’était pas royale, avant ce rendez-vous préparé dans la douleur. Entre les querelles d’appareil, les inimitiés tenaces et la transformation des écuries des présidentiables en machines de guerre, les écologistes s’acheminaient peut-être vers leur congrès de Rennes.

Coulée dans le rôle

Nantes est plus au sud, le climat y est moins rude. Le sauvetage du soldat écologie a été entériné dès le premier jour, avec l’annonce d’un accord sur une fusion des Verts et d’Europe Écologie lors d’assises constituantes, à la mi-novembre à Lyon. Éva Joly, candidate probable à l’élection présidentielle de 2012, a été adoubée par les militants. Elle s’est déjà coulée dans le rôle. « Je vais mettre fin à mes engagements à l’étranger », indique-t-elle lors d’une conférence de presse en esquissant l’éventualité d’un tour de France en immersion dans les problèmes des Français. À se demander s’il faudra vraiment des primaires écologistes pour la désigner formellement…

« Elle a chaviré l’assistance par un grand numéro de séduction sur ses handicaps supposés »

Hier en fin de journée, elle a pleinement goûté cet élan amoureux à la tribune de l’assemblée plénière de clôture du mouvement. Vacillant presque sous la standing ovation qu’elle partageait avec Cécile Duflot, elle a tenu à balayer les soupçons sur la qualité de ses relations avec la secrétaire nationale des Verts. « Entre nous règne une entente telle que ça ne pouvait que marcher. » La suite ? Du velours. Les salles de shoot, les 700 000 gardes à vue par an, la répartition des richesses : Éva Joly a dessiné un camaïeu sur la « transformation écologique et sociale de la société » dans une forme de déclaration de politique générale. Elle a carrément chaviré l’assistance par un grand numéro de séduction sur ses handicaps supposés. « Je voudrais vous parler de mon accent », lâche-t-elle ingénument pour en référer à tous ces idiomes bizarres que l’on capte dans les rues de la République : le marseillais, le chti, le strasbourgeois, le rom, l’italien… Idiomes qu’elle s’enorgueillit de représenter.

Cohn-Bendit est reparti

Daniel Cohn-Bendit pouvait continuer à fracasser Jean-Vincent Placé (le numéro deux des Verts) chaque fois qu’un micro passait à portée de voix, rien ne pouvait plus faire dérailler cet attelage Joly-Duflot que les deux femmes illustrent à l’envi devant les photographes. Cohn-Bendit, agacé et boudeur depuis jeudi, avait d’ailleurs quitté Nantes hier matin. Hier encore, les rumeurs ont pourtant fleuri sur les pénibles tractations en cours pour la gouvernance du futur mouvement. À Cécile Duflot (Verts) le secrétariat national, à Jean-Paul Besset (Europe Écologie) la présidence d’honneur ? « Ce sont des bruits véhiculés par des coquins. Méfiez-vous des coquins, rien n’est décidé ! » lance José Bové. « Il y aura une forme de binôme. Mais ni les noms ni les contours exacts des fonctions ne sont encore définis. Un seul nom est certain dans la direction, c’est celui de Cécile Duflot », renchérit Yannick Jadot, son voisin au Parlement européen.

« Big-bang territorial »

Tandis que le bureau exécutif suait sur la tambouille interne, les militants bossaient sur le contenu du projet politique. Ce jus de méninges a fourni la matière des premières « notes de cadrage », dévoilées hier après-midi. Un « big-bang territorial » qui passerait par la suppression des départements et le suffrage universel dans les intercommunalités, le développement de nouvelles filières dans le bâtiment et l’agriculture, la remise à plat du partage du travail, l’emploi, l’emploi et encore l’emploi.

« On construit l’autonomie de l’écologie politique. Avec quels acteurs ? Combien ça coûte ? Qu’est-ce que cela signifie en matière d’aménagement du territoire ? Nous voulons un projet de gouvernement qui réponde à l’ensemble des questions de société », insiste Yannick Jadot, chargé de la coordination du bébé. Il reste des caps à franchir d’ici à 2012.

Publié le