Intervention en Séance de Corinne Bouchoux du 25 juin 2013 , projet de loi refondation de l’école de la République, 2^ème lecture.

Monsieur le président, Monsieur le ministre, Madame la présidente de la commission, Madame la rapporteure, Mes chers collègues,

 

L’école est l’affaire de tous.

Nous tenions à saluer le bon esprit qui a présidé à ces travaux, comme l’a souligné notre collègue Brigitte Gonthier Maurin.

Aujourd’hui, nous sommes saisis en deuxième lecture du projet de loi Refondation de l’école de la République et nous sommes satisfaits que la rédaction en première lecture par le Sénat ait été conservée.

Nous avons partagé ensemble et très largement le constant suivant : notre école va mal, les phénomènes du décrochage scolaire et de l’ennui à l’école s’aggravent et nous avons œuvré collectivement pour progresser vers une école de la bienveillance, une école qui éduque à la coopération plutôt que d’éduquer en permanence à la compétition, qui œuvre à la résolution non violente des conflits, qui éduque à la rareté et à la finitude des ressources avec l’éducation à l’environnement ou encore aux parcours artistiques. Enfin, une école qui s’adresse à tous et toutes quel que soit le milieu social, pour tous ou chacun, chacune sera reconnu.

Beaucoup de nos amendements, fruits de débat engagés et parfois animés au sénat, ont été confirmés par l’Assemblée nationale, preuve que le travail et le dialogue parlementaire entre les deux chambres est non seulement nécessaire et utile mais extrêmement précieux.

Nous avons bien avancé mais il faut reconnaître qu’il s’agit bien d’un début de refondation de l’école. En dépit des limites du texte, que nous avons ici signalées, et nous savons qu’il est très difficile de réformer l’école, il s’agit d’un commencement, d’une impérieuse nécessité.

Un cap est maintenant fixé même si ce n’est pas à 100 % l’école rêvée des écologistes, il faut reconnaitre que les choses vont incontestablement « dans le bon sens ».

Selon nous, l’une des questions centrales et cruciales est celle de la formation des enseignants qui fut sacrifié comme on l’a vu ces dernières années. Les écoles supérieures du professorat et de l’éducation doivent être des lieux structurés et vivants qui doivent donner un nouveau souffle à la formation de nos enseignants. Enseigner est un métier qui s’apprend et pas seulement une vocation.

Nous savons que le calendrier sera extrêmement difficile à respecter, cela a été évoqué lors d’une question de la présidente Blandin lors des questions d’actualité, mais monsieur le Ministre, nous attirons votre attention sur le fait qu’il convient de prendre en compte tout ce qui est actuellement dans la loi pour que cela soit intégré dans les maquettes des ESPE dès la prochaine rentrée

Autre point important, la formation continue des enseignants, alors objet d’un article introduit au Sénat, nous nous réjouissons que les députés aient adopté à l’unanimité une nouvelle rédaction, via un amendement indiquant, je cite, que  « chaque enseignant est encouragé à se former régulièrement » et qu' »une offre de formation continue adaptée aux besoins des personnels d’enseignement est proposée, notamment par le biais des écoles supérieures du professorat et de l’éducation ».

C’est un sujet, en effet, qui nous tient particulièrement à cœur même si nous ne méconnaissons pas les problèmes de remplacement et d’organisation que cela peut poser. C’est un sujet majeur dans tous les départements et sur tous les territoires.

Ensuite, il nous paraît nécessaire d’assurer une formation continue de qualité pour les enseignants tout au long de la carrière et nous estimons extrêmement fructueux les échanges de la pratique entre enseignants expérimentés et enseignants débutants et formateurs aguerris.

Enfin, nous pensons extrêmement important que les enseignants en exercice puissent bénéficier de formations liées à la « gestion non violente des conflits » et notamment de « travail en groupe » et à l’interdisciplinarité. Trois nécessités, selon nous.

Enfin, parmi les nouveaux apports, l’Assemblée nationale a adopté un amendement écologiste inscrivant la formation à la scolarisation des élèves handicapés dans les missions des ESPE.

Nous nous en réjouissons. Il s’agit là d’un signal fort envoyé aux élèves en situation de handicap, aux familles et aux enseignants qui vont les accompagner.

Nous ne pouvons que saluer, à ce titre, les 8.000 postes annoncés à la rentrée pour accompagner les enfants en situation de handicap, qui permettront selon nous, d’aller vers une école plus inclusive.

Notre modèle reste malheureusement très éloigné des pratiques nordiques et vous le savez comme moi, nombre de parents ont du mal à trouver une place en école publique pour leur enfant en situation de handicap et un grand nombre d’enfants reste encore déscolarisé.

C’est pour nous une des questions qu’il faudra régler prochainement.

Nous voulons préserver cet équilibre des acquis de ce texte en deuxième lecture au Sénat.

Et nous espérons que cette loi donnera un nouveau souffle pour une école de la réussite, de la coopération, de la bienveillance.

Enfin, concernant la lecture que vous avez faite, cher collègue, du rapport de la Cour des comptes, nous n’avons pas tout à fait la même vision des conclusions que vous lui prêtez et nous insistons sur un point particulièrement important : la question des jeunes enseignants envoyés sur les postes les plus difficiles alors qu’on envoie les professeurs les plus expérimentés, déjà solides, dans les zones a priori moins difficile. Il y a là une question très importante sur laquelle il faut réfléchir : comment concilier les statuts des personnels et d’autre part les évolutions qui permettront d’être sources de justice pour tous les élèves.

Malgré les imperfections que nous avons signalées, malgré les lacunes, même si ce n’est pas à 100% une loi écolo, nous voterons ce texte qui va « dans le bon sens ».

Je vous remercie de votre attention