Pour une politique de soutien aux personnes trans et intersexes !
Enfin ! Enfin, la loi autorisant la PMA pour toutes les femmes semble bien partie. Enfin, oui, mais cet espoir de victoire a un goût amer : les personnes trans en seront très certainement exclues. Cette disposition, si elle venait à être confirmée, constituerait une nouvelle discrimination d’Etat dont sont victimes les trans. Qui reflète la réalité brutale et sans appel : les personnes trans font partie de celles les plus susceptibles d’être discriminées, violentées, voire assassinées, à Paris comme dans le monde. L’an dernier, une auto-désignée “brigade anti-trav” sévissait vers la place de Clichy et dans le 17ème arrondissement, agressant plusieurs femmes trans. Vanesa Campos, femme trans, était assassinée au mois d’août 2018 au bois de Boulogne. Et quelques mois plus tard, en avril dernier, Julia Boyer était agressée place de la République.
Ces violences sont constantes. Mais elles ne sont pas une fatalité.
La mise en oeuvre de politiques d’éducation et de prévention est essentielle pour sortir des mythes et des représentations encore largement dominées par le modèle hétéronormatif. Près de 20 % des jeunes LGBTQI+ ne se projettent pas dans l’avenir, faute de trouver les représentations et les ressources pour se construire un projet de vie dans un monde qu’elles et ils ressentent dangereux. Nous devons changer cela, et l’éducation en est le premier des leviers.
Une société, qui accueille chacune et chacun comme elle ou il est, ne saurait autoriser les opérations des personnes intersexes à leur naissance, opérations qui sont vécues comme de véritables mutilations par celles et ceux qui en sont les victimes. Tout cela sans aucune raison médicale.
Il faut identifier la violence de genre comme une violence sociale. A défaut de supprimer la mention de sexe à l’état civil et sur les documents administratifs, il faut a minima permettre de changer son identité en conformité avec son identité de genre. Autrement, les personnes trans, non-binaires, et les minorités de genre sont condamnées à une exclusion sociale, sur le marché du travail, dans l’accès au logement, dans la vie quotidienne, chaque fois qu’on doit présenter des papiers pour une lettre recommandée, pour voter, à la sécu, pour passer une douane, etc. Il n’est pas étonnant que les personnes trans se retrouvent plus souvent que les autres à vivre avec le RSA, à exercer le travail sexuel, à survivre comme elles et ils le peuvent en prenant des risques pour leur vie et leur santé.
Une autre violence est ainsi ajoutée à cette exclusion en pénalisant le travail sexuel, conduisant à une plus forte précarité et des risques de contaminations. C’est pourquoi nous voulons abroger les arrêtés municipaux visant les camionnettes dans lesquelles exercent les femmes trans du bois de Boulogne, et au contraire, s’engager via le programme Paris Sans Sida à défendre leur santé.
Les politiques LGBTQI+ de la ville de Paris ne peuvent pas se limiter à des plaques commémoratives, à ajouter un logo à des événements culturels organisés par d’autres ou encore – et même si c’est important ! – à visibiliser les couleurs rainbow dans le coeur de la capitale. Il y a des besoins sociaux énormes à prendre en compte et les associations doivent être davantage soutenues dans le travail d’accompagnement social qu’elles réalisent au quotidien, notamment pour les demandeur·se·s d’asile et les migrant.e.s LGBTQI+, dont les personnes trans et intersexes qui ont dû fuir des persécutions inimaginables.
La politique municipale parisienne pourrait reposer sur un principe simple, celui du respect de l’autodétermination de genre : en genrant correctement et en respectant l’identité des usager.e.s lors des démarches administratives. En combattant la transphobie, systématiquement et avec fermeté. En soutenant les approches efficaces de santé communautaire par et pour les personnes concernées. En appelant à la suppression de la Société Française d’études et de prise en charge de la transidentité (SOFECT) au profit de suivis médicaux de qualité, respectueux et dépsychiatrisés.
Le libre choix doit prévaloir dans l’accès aux soins et on doit avoir le choix aussi de ses médecins, sans condition d’entrée dans un protocole. En construisant les politiques avec les premier.e.s concerné.e.s. Donnons-nous les moyens d’appliquer une politique municipale qui “fait avec” les personnes concernées, parce que faire sans elles, ce serait d’une certaine manière faire contre elles.
Au final, nous, écologistes et féministes, nous pensons le monde comme complexe et divers. Cette complexité est pour nous une richesse. Nous refusons les schémas binaires, qui aboutissent à une vision duale et simpliste du monde, et dérivent systématiquement sur la domination et la violence. Nous aspirons à une société qui réserve une place pleine et entière à toutes et tous, et qui permettent à chacune, à chacun, de trouver les ressources et la place pour s’épanouir, se réaliser et s’émanciper. C’est le projet que nous portons pour Paris et sa métropole, c’est le projet que nous portons partout en France et ailleurs.
Publié dans Médiapart
Par David Belliard, candidat écologiste à la Mairie de Paris ; Anne Souyris, candidate écologiste à la mairie du 13ème arrondissement et Adjointe à la Maire de Paris chargée de la Santé et des relations avec l’AP-HP ; Thierry Schaffauseur, secrétaire adjoint d’EELV Paris, candidat écologiste dans le 18ème arrondissement ; Alix Béranger, militante féministe ; Florentin Letissier, candidat écologiste à la mairie du 14ème arrondissement ; Alex Deval et Jean-Sébastien Herpin, co-responsables de la commission LGBT d’EELV.
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