Courrier envoyé au maire suite aux plus de 27 000 signatures de notre pétition contre l’installation d’Amazon à Briec

Monsieur le Maire,

En cette période de pandémie, les comportements responsables et solidaires sont indispensables et il faut le souligner, ils sont plutôt respectés : les soignants font face à la maladie dans des conditions difficiles, des travailleurs assurent la distribution des biens de première nécessité et les services publics indispensables en prenant des risques pour eux et leurs familles. Les commerces, les travailleurs indépendants, les artisans, PME, et entreprises ont cessé leur activité avec le risque de gravement mettre en jeu leur avenir. Les salariés en chômage partiel s’adaptent au mieux à la situation, les citoyen-nes respectent solidairement le confinement…

Pourtant, quand chacun-e respecte les règles sanitaires et civiques qui s’imposent, certaines entreprises transnationales de vente en ligne comme Amazon exploitent la situation en poursuivant la course au profit. Elles livrent des marchandises qui ne sont pas de première nécessité en mettant leurs salariés en danger et en toute concurrence déloyale avec les commerces fermés !

Nous savions déjà que le monde d’Amazon est un désastre écologique : poussant à la surconsommation par une politique des prix bas et des promotions en continu, cette activité contribue à la hausse des émissions de CO2 en multipliant la production de déchets et en usant des transports en tous genres.

C’est aussi un monde qui ne favorise pas l’emploi puisqu’on estime que pour un emploi créé par la firme de Jeff Bezos, deux emplois sont détruits dans le secteur commercial. Les salariés – dont une majorité d’intérimaires – ne sont que les auxiliaires des milliers de robots qui préparent les commandes et les livreurs seront bientôt licenciés à la faveur des drones de livraison.

Contournant l’impôt en déclarant ses profits au Luxembourg ( paradis fiscal ), Jeff Bezos cherche encore aujourd’hui à échapper aux contraintes légales liées au confinement : distanciation sanitaire, gestes barrières et droit de retrait. La firme vient d’être mise en demeure par le ministère du travail de se mettre en conformité pour protéger les salariés. Les syndicats ont saisi les prud’hommes et l’intersyndicale demande la fermeture des entrepôts.

C’est pourtant ce monde que le conseil communautaire a approuvé à l’unanimité, le 6 février dernier, en autorisant la vente par QBO de 6,2 ha de terrain pour la construction d’une plateforme logistique de 10 000 m² dans le parc d’activités de Lumunoc’h à Briec, malgré l’impossibilité d’un débat argumenté puisque le principe du secret de l’identité de l’acheteur était imposé.

Car non seulement le monde d’Amazon est dangereux sur le plan social et écologique, mais il est aussi réfractaire à l’esprit démocratique, et l’institution montre ses faiblesses quand elle accepte que la parole des décideurs soit liée à des clauses de confidentialité…

Après avoir alerté les médias, notre liste « Choisir l’écologie pour Kemper et son agglomération » a lancé une pétition pour que la procédure de vente soit gelée jusqu’à la mise en place d’un nouveau Conseil communautaire après les élections municipales.

Cette pétition “Pas d’installation à Briec d’une plate-forme Amazon” sur Change.org, compte aujourd’hui vendredi 10 avril, 27 034 signataires.

Monsieur le Maire, considérant la situation actuelle, l’avenir sur notre territoire des commerces de proximité, des artisans, des librairies déjà en difficulté face à la FNAC et Amazon, nous vous demandons expressément de renoncer à cette vente.

L’action publique doit se concentrer dès à présent sur l’organisation d’un territoire en capacité de résister aux crises : il va falloir œuvrer pour retrouver l’activité dans un cadre économique durable, aider les petits commerces, les artisans, les producteurs locaux, les personnes en difficulté pour se loger, se nourrir, éduquer les enfants. Nous sommes favorables par exemple à la création d’une plate-forme locale dédiée à un fonds de soutien citoyen pour la résilience, à la réservation des terrains et des aides pour les projets et les formations liés à la transition écologique.

Mais nous refusons l’usage des terrains communautaires et le fléchage de dépenses publiques pour les infrastructures routières et urbaines d’une multinationale de logistique. Les moyens dont nous disposons doivent trouver une utilisation à la hauteur des besoins actuels et l’éthique qui est la nôtre ne peut admettre qu’ils contribuent à agrandir encore l’empire  d’un « patron voyou » comme Jeff Bezos.

Vous remerciant de nous tenir informés de la suite que vous donnerez à cette demande appuyée par 27 034 citoyen-nes, nous vous adressons nos salutations les plus écologistes.

Pour Choisir l’écologie pour Kemper et son agglomération,

Martine Petit

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