Les groupes locaux des associations Solidarités Nouvelles pour le Logement d'Ile-de-France interpellent les candidats aux élections municipales de leur commune sur leurs engagements pour lutter contre le mal logement. Le témoignage et l'interpellation sont en effet l'une des trois missions de SNL, avec la création de logements pour les personnes en difficultés  et leur accompagnement vers un logement définitif.
Cette interpellation s'est faite par l'envoi d'une lettre aux candidats.

Vous trouverez ci-dessous la réponse de Marianne Boulc'h à ce courrier, réponse également publiée sur le site Internet de SNL :

Madame, Monsieur,

Je vous remercie de votre initiative consistant à faire connaître les propositions des candidates et candidats aux élections municipales sur la question du mal-logement.

En effet, je partage pleinement votre point de vue selon lequel « l’accès de tous à un logement est l’un des enjeux prioritaires de l’action publique ».

Bien sûr, de nombreux moyens d’action relèvent de l’Etat, et, à ce sujet, je me félicite des avancées significatives et importantes contenues dans la loi ALUR récemment adoptée. Mais les collectivités locales ont incontestablement leur rôle à jouer pour permettre à chacun de se loger dans de bonnes conditions.

La ville de Créteil compte 15.200 logements sociaux, qui représentent 48% du nombre total de logements sur le territoire, taux largement supérieur aux objectifs de la loi Solidarité et Renouvellement Urbain. Si Créteil peut encore contribuer à l'objectif régional de construction de 32.000 logements sociaux par an, avec par exemple la part de logements sociaux qui seront construits dans l'écoquartier que nous proposons de créer à l'Echat, cette contribution ne pourra être que marginale. Nous comptons sur la naissance de la métropole du Grand Paris pour engager la construction de logements sociaux dans les communes fortement déficitaires, telle Saint-Maur-des-Fossés et ses 6,5% de logements sociaux.

Créteil comprend plusieurs types de logements, destinés à permettre à chacun de trouver un logement adapté à sa situation. Logements privés individuels ou collectifs, logements sociaux, logements étudiants, formules diverses d’hébergements et de foyers spécialisés : les solutions mises en œuvre aujourd’hui à Créteil apportent une réponse bien plus satisfaisante au problème du mal-logement que certaines communes voisines. Pour autant, les files d’attente des demandeurs de logements sociaux sont bien réelles, les étudiants sont nombreux à ne pas pouvoir se loger sur Créteil et certains hébergements spécialisés ne peuvent intégrer de nouveaux bénéficiaires parce que les résidents ont du mal à accéder à d’autres logements plus pérennes.

Nous pensons qu’il est nécessaire de compléter les solutions d’ores et déjà mises en œuvres par des mesures permettant de diversifier encore davantage l’offre de logements, tels que :

• Favoriser la mobilisation du parc privé en participant à des dispositifs d’intermédiation locative de type « Solibail » ou « Louez solidaire », en assurant une communication adaptée auprès des propriétaires et en soutenant les projets de logements d’insertion portés par des associations spécialisées telles que la vôtre ;
• Favoriser la mise en relation d’étudiants et de personnes bénéficiant de grands logements pour augmenter le nombre de logements étudiants dans Créteil, contribuer à renforcer les liens entre les générations, et apporter des solutions aux personnes qui ont du mal à payer leurs loyers ;
• Encourager et soutenir des expérimentations d'habitat participatif en mobilisant du foncier et en accompagnant les projets

La typologie des bâtiments de Créteil – schématiquement, des zones pavillonnaires et des quartiers urbanisés à partir des années 1960 – explique que les phénomènes d'insalubrité constatés dans de nombreuses villes de petite couronne sont bien moins courants à Créteil. En revanche, la précarité énergétique est un phénomène plus préoccupant, puisqu'il touche un nombre croissant de Cristoliennes et de Cristoliens. Pour preuve, les dépenses du CCAS de Créteil liées « aux chèques énergie » ont augmenté de 5,5% entre 2012 2013.

L'enjeu principal est bien celui de la rénovation, notamment énergétique, des quartiers construits depuis la fin des années 1950 (le Mont-Mesly, les Bleuets, les Sablières, l'ensemble du Nouveau Créteil). Des opérations de rénovation urbaine ont déjà eu lieu ou sont engagées sur plusieurs quartiers, et concernent principalement les bâtiments de logements sociaux.

Nous pensons qu'il est nécessaire de lancer un plan ambitieux de rénovation énergétique des bâtiments de Créteil, permettant dans le même temps d'apporter une réponse durable aux personnes en situation de précarité énergétique, de redonner du pouvoir d'achat aux habitants et de diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Ce plan comporte plusieurs volets :

• la fixation d'objectifs de consommations énergétiques ambitieux pour toute rénovation de logements sociaux ;
• le renforcement du programme d'aide à la rénovation énergétique de la communauté d'agglomération Plaine Centrale, qui s'adresse tant au parc social qu'au parc privé
• la création d'une agence locale de l'énergie dès 2014, pour apporter des informations et conseils aux particuliers, propriétaires et copropriétaires etc., et les aider à réaliser des économies d’énergie et à diminuer leurs factures.

Par ailleurs, nous voulons garantir une gestion transparente de l’attribution de logements sociaux, sur la base de critères objectifs et d’un barème prenant en compte notamment les revenus, la situation familiale, la composition de la famille et la nature et l’ancienneté de la demande. Ce dispositif a l'avantage de donner des règles claires et publiques, dans un domaine où, bien trop souvent, les habitants ont l’impression que règne l’opacité et l’arbitraire. Nous proposons également de rendre public chaque année un rapport sur l'attribution de logements sociaux, récapitulant (de manière anonyme) les attributions effectuées et l'application des critères, et permettant d'avoir une meilleure lisibilité de la situation du logement social à Créteil.

Enfin, nous voulons adopter un plan local d'actions contre toutes les formes de discriminations, dont celles à l'égard des personnes démunies et des mal-logés.

Je vous prie de croire, Madame, Monsieur, en l'assurance de mes sentiments les meilleurs.

Marianne Boulc'h

www.creteildemain.fr