4.2 Culture : cultivons notre ville !
Chacun-e, partout, est porteur d’une identité culturelle propre, construite autour d’une pratique ancienne ou récente, d’une langue universelle ou d’un dialecte rare, d’une cuisine de terroir, de récits immémoriaux, de façonnage d’objets, d’activités de rues, ou de tout autre chose constituant un savoir-faire particulier, une relation singulière au monde. Il faut célébrer cette riche diversité, cette beauté qui constitue la « chair » de notre ville. A ce titre, nous disons qu’il est crucial de savoir valoriser l’ensemble de ces cultures vivantes, de favoriser leur émergence et de soutenir la participation de chacun-e à ce foisonnement permanent, car chacun-e y a nécessairement sa place.
Il est temps, à Caen, de sortir du quant-à-soi culturel, de favoriser le développement de toutes les pratiques et d’en faire le terreau du mieux-vivre dans notre ville. Il s’agit de défendre, dans la filiation de l’éducation populaire, la mise en circulation et l’usage des œuvres de l’esprit qui sont les matériaux de construction d’humains pensant, rêvant, imaginant. Nous revendiquons la culture de tous et toutes, par tous et toutes. Là où certain-e-s parlent d’accès à la culture, nous parlons d’appropriation, de pratique, d’échange, de partage, car nous croyons que l’art et la culture sont des outils d’intelligibilité du monde et d’invention du futur.
L’art participe au développement de la personnalité de chacun-e et au respect de celle des autres, et favorise l’évolution et le maintien de la vitalité des sociétés démocratiques, jouant ainsi un rôle essentiel dans le développement de la conscience et du regard critique à propos de l’être humain et de la société. La diversité culturelle, creuset de l’échange, de l’innovation et de la création, est « pour le genre humain, aussi nécessaire qu’est la biodiversité dans l’ordre du vivant. Elle constitue le patrimoine commun de l’humanité Aussi, défendre les droits culturels, c’est défendre la diversité culturelle dans la mesure où ces droits reconnaissent à chacun-e une créativité et une expression propres, des traditions et des pratiques spécifiques, qui contribuent à « une existence intellectuelle, affective, morale et spirituelle plus satisfaisante pour tous.
Nos engagements
Nous voulons mettre en œuvre des politiques culturelles qui permettent à chacun-e de trouver sa place et contribuer à la culture commune ; d’inclure les Caennais-es dans les événements culturels ; de permettre aux plus jeunes et aux autres la plus grande découverte possible des pratiques artistiques ; de démultiplier les locaux et l’accès aux locaux de travail (ateliers d’artistes, locaux de répétition ou de spectacle, stockage), pour l’ensemble des pratiques, professionnelles ou amateures, dans toute la ville ; de rapprocher les artistes et les habitants autour de modalités d’échanges réinventées ; de favoriser le lien entre culture, développement durable et économie sociale et solidaire ; de soutenir et de rendre plus visibles la multitude d’initiatives innovantes qui fourmillent sur notre territoire, souvent sans moyens suffisants ; de promouvoir la co-construction des projets artistiques et des politiques culturelles avec tous les acteurs concernés, pour une participation active de chacun-e à la vie sociale et culturelle ; d’œuvrer pour que l’espace public demeure un bien collectif qui autorise toutes les expressions artistiques et culturelles de tous les citoyens, et la libre confrontation de tou-te-s les citoyen-ne-s à cette diversité d’expression ; de freiner l’institutionnalisation démesurée et la prédominance excessive du marché comme uniques décideurs de l’attribution des ressources dédiées à l’art et la culture.
Nos engagements
Créer un village « agri-culturel »
Le foisonnement d’initiatives valorisant les circuits courts, culturels, artisanaux et agricoles, promouvant les valeurs de l’Economie Sociale et Solidaire, nous confirme la nécessité de favoriser les échanges dans ces domaines transversaux croisant artistes et artisans sans lieux d’activité suffisants.
• créer une nouvelle zone d’activités mixte au sein du quartier Lorge, entre la Maison des Associations et le futur FRAC,
• des visites d’ateliers, un espace-boutique ou galerie d’art, doivent permettre une porosité entre ces pratiques professionnelles.
Défendre une politique culturelle en faveur du secteur indépendant
Le secteur indépendant fourmille d’initiatives quotidiennes et représente la culture créative et de proximité pour les Caennais-es dans tous les lieux de vie. Les institutions culturelles préemptent actuellement une trop grande part des budgets, et nous devons déployer aussi des moyens pour les collectifs, petites associations, artistes individuels afin de valoriser ce dynamisme créatif. Nous défendons une augmentation graduelle et continue des moyens alloués à ces structures en faisant contribuer les institutions culturelles, par le biais financier et via le développement de partenariats.
• Lancer un appel à projets culturels dont les lauréats sont choisis par un jury citoyen : rapprocher les citoyen-ne-s de la chose culturelle, les impliquer dans une relation différente :
- appel à projets doté d’un budget autonome et suffisant pour financer de 1 à 5 projets par an,
- lauréats choisis par un jury d’habitant-e-s tirés au sort parmi les conseillers de quartier et les usagers de structures culturelles, tous domaines confondus.
Développer dès le plus jeune âge l’éducation artistique et culturelle
Paramètre incontournable dans la construction de sa propre identité et la compréhension de celle de l’autre.
• Développer les compagnonnages d’artistes dans toutes les écoles et tous les centres d’animation.
• Rendre visibles l’art et les artistes dans l’espace public et dans la vie de la cité.
• Ouvrir à tous la culture classique : engager avec les structures institutionnelles des programmes d’ouverture de leurs activités à tous les publics
• multiplier les écoles de musique dans les quartiers, permettant une large pratique de tous les publics.
• multiplier les lieux d’éducation à la culture scientifique
Renforcer les différents modes de soutiens aux initiatives alternatives
A Caen, les porteurs de projets culturels innovants n’ont souvent pas attendu les subventions pour mener leurs actions. Aujourd’hui ces démarches, qui favorisent l’interdisciplinarité et promeuvent les pratiques émergentes doivent être soutenues et légitimées dans leurs fonctionnements. Nous souhaitons que la municipalité soutienne davantage la réalisation de leurs projets, financièrement mais aussi sur des demandes de moyens humains ou matériels.
• Systématiser la création de résidences d’artistes en immeubles : pour répondre au manque de locaux pour les artistes, rapprocher les habitant-e-s du processus créatif et favoriser les liens, nous proposons qu’à chaque nouvelle construction ou réhabilitation d’immeuble, de logements ou de bureaux, soit consacré un studio à une résidence d’artiste.
• Faciliter l’occupation des plateaux vides par les structures : pour lutter contre le manque de moyens de création et de répétition et pour que les outils existants bénéficient au plus grand nombre de pratiquant-e-s : création d’une plate-forme mettant en relation les possibilités des salles de spectacle et les besoins des compagnies.
• Instaurer une charte de la structure subventionnée intégrant des critères de Développement Durable, Economie Sociale et Solidaire, et d’égalité hommes / femmes.
• Créer un label de structure engagée, afin de garantir les conditions de travail des professionnels de la filière culturelle, inciter aux bonnes pratiques et encourager les structures qui font des efforts dans ce sens.
• Mettre en place une charte éco-festival : en lien avec le nouvel Agenda 21, l’ensemble des manifestations publiques devront répondre aux engagements d’une Charte éco-festival, en commençant par celles organisées et financées par la Ville
• Installer une commission extra-municipale autour de la politique culturelle : améliorer la concertation, mettre en débat une thématique culturelle par trimestre, lieu d’échange permanent entre la Ville de Caen, les artistes, structures institutionnelles et indépendantes, organisations professionnelles, usagers… afin d’accompagner la décision politique vers l’orientation la plus juste.