Débat d’Orientation Budgétaire 25/11/2011 : Intervention de Thierry Brochot

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Monsieur le Président,
Monsieur le Président du CESER,
Chers collègues,

C’est un exercice bien difficile auquel nous sommes confrontés !

Nous devons débattre des orientations budgétaires pour l’année 2012 et ce n’est pas une mince affaire. Pas une mince affaire pour plusieurs raisons.

2012, c’est le milieu du gué pour le mandat de 4 ans qui nous a été confié. Où en sommes-nous de notre mandat, qu’en avons-nous fait et quel chemin pouvons-nous encore parcourir ?

2012, c’est l’année des échéances politiques majeures. La présidentielle puis les législatives au printemps. Et nous savons tous que le résultat qui sortira des urnes aura une influence déterminante sur le sort de notre collectivité.
Que la droite gagne et, inexorablement, le processus de réforme des collectivités locales sera mené à son terme. Finis la clause de compétence générale et les compétences optionnelles. Finie, au fond, la décentralisation telle que nous l’avons soutenue depuis une trentaine d’années. Disons-le, l’exercice auquel nous nous livrons aujourd’hui serait purement et simplement vidé de tout son sens. Ne nous resteraient que nos compétences obligatoires et, tout simplement, pas assez de recettes pour les assumer correctement. C’est ça aussi qui se jouera dans les urnes au printemps prochain.

2012, c’est aussi et surtout, une nouvelle année de crise à craindre. De cette crise financière qui défait les gouvernements les uns après les autres, en Grèce, en Italie et en Espagne jusqu’à présent, série en cours. De cette crise de la dette qui paralyse certains états et les plonge dans une récession violente, qui engendre une régression sociale sans précédent. De cette crise du crédit, enfin, qui réduit les concours bancaires et en renchérit le prix sur fond de respect des accords de Bâle III.

2012, c’est enfin et toujours la crise écologique, celle de l’épuisement de nos ressources, du dérèglement climatique et du recul de la biodiversité. Comme pour la dette, nous remettons ça à plus tard et, comme pour la dette, la facture finira par tomber.

C’est donc dans une certaine opacité, et, il faut le dire, avec toutes les craintes quant à l’avenir de notre collectivité, que nous sommes amenés à débattre des orientations budgétaires de la Région.

Heureusement, nous n’avons pas perdu notre boussole et ce que nous n’avons pas en visibilité, nous le compensons par quelques solides convictions.

Et, notamment, qu’il est nécessaire de réaffirmer les grands principes qui doivent guider notre action.

– La continuation de nos politiques, d’abord, quand elles soutiennent l’accès à l’emploi, le niveau de qualification des Picards et quand elles s’enracinent dans les territoires. Je parle de formation professionnelle, d’apprentissage, de l’équipement de nos lycées.

– Continuation de nos politiques encore quand elles tendent à améliorer la qualité de vie de nos concitoyens. C’est le cas du logement, bien sûr, des transports collectifs, du soutien aux associations, à la culture et aux pratiques sportives.

– Continuation enfin quand il s’agit de protéger notre environnement, la qualité des milieux, de l’eau et des sols ou quand il s’agit d’accompagner les porteurs de projets d’une agriculture respectueuse de son milieu et de la santé de ses consommateurs.

Ce débat est l’occasion de rappeler que l’écologie – qui est une nécessité compte tenu de l’état de plus en plus déplorable de notre planète – est aussi une formidable opportunité de repenser nos modes de vie, de production et de consommation. Que loin de vouloir nous faire revenir à la charrette à bras et à l’éclairage à la bougie, comme on la voit parfois caricaturer, l’écologie peut être une source et un facteur de développement.

Je n’en prendrai que quelques exemples :

Que ce soit le soutien aux énergies renouvelables, à la filière bois énergie, à l’agriculture bio ou aux acteurs de l’économie sociale et solidaire, il s’agit de promouvoir et d’intégrer des secteurs riches en emploi. Emplois qualifiés et non délocalisables à disposition au plus près des territoires où on rapproche la production et consommation en lien avec les formations nécessaires.

On ne le sait pas assez, chaque megawatt-heure de bois-énergie produit et consommé requiert 4 à 5 fois plus d’emplois que son équivalent fuel, gaz, charbon ou électricité, pour un coût équivalent et un bilan carbone quasi-nul. Le secteur des énergies renouvelables représente déjà 370 000 emplois en Allemagne et il a doublé en 5 ans. Un rapport tout aussi avantageux pour les pratiques d’agriculture intégrée ou bio, plus intenses en emplois d’environ 30 % que leurs équivalents en agriculture intensive et tellement meilleures pour la santé, tant des consommateurs que des paysans eux-mêmes.

Nous avons le devoir de promouvoir ces modes de production, d’assurer la qualification de ceux et celles qui occuperont ces emplois, de proposer des débouchés à ceux qui adopteront ces pratiques. Introduire des denrées « bio » dans les menus de la restauration au lycée procède de cette logique de filière. Connecter des lycées aux réseaux de chaleur-bois également.

Les objectifs du « schéma régional climat air énergie » dont nous avons débattu récemment sont sans doute très ambitieux, ils ne sont nullement inatteignables s’ils rencontrent la volonté de tous les acteurs, si le sujet est approché par tous les angles. C’est un des fils rouges de nos politiques, au même titre d’ailleurs que le schéma régional du tourisme, que le CPRDF ou le SRADDT. C’est cet ensemble qui fait cohérence.

Mon dernier point concernera la solidarité. On voit poindre en Europe et ailleurs la tentation de se déchirer, la tentation du « chacun-pour-soi », la tentation du « c’est la faute de l’autre ».
C’est à cette tentation que nous devons résister en gardant à l’esprit que nos avons été élues par toutes les Picardes et les Picards pour mener des politiques d’intérêt régional. Et se souvenir que la solidarité, la coopération et la collaboration n’ont de sens qu’en relation constante et étroite avec nos voisins et partenaires, proches et lointains.

Enfin, les recettes se faisant rares, il nous faudra redoubler de vigilance et de circonspection dans l’utilisation des deniers publics, de plus en plus difficiles à acquitter par nos concitoyens  contribuables. Il nous faut poursuivre dans l’évaluation continue de l’efficacité de nos interventions pour les mieux faire atteindre nos objectifs dans un souci constant de sobriété et d’économie.

Ainsi, comme disent les Japonais qui savent – et avec quelles souffrances – ce que le mot « catastrophe » veut dire, il nous faudra, en 2012 comme 2011, savoir « transformer les aléas en opportunités !».

Je vous remercie.

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