Plénière sur le vote du budget 2015 – Intervention de Jean-François Caron

photo JFC pour site

La première séance plénière du Conseil régional NPDC de 2015 s’est déroulée du jeudi 29 janvier au vendredi 30. Elle a été principalement consacrée au Budget primitif de l’institution pour l’année 2015 qui a été débattu et voté en présence du CESER.

A l’occasion de ce débat, les Co-Présidents du groupe EELV ont présenté à deux voix les raisons pour lesquelles le groupe écologiste est solidaire de ce budget qu’il a marqué de son empreinte en mettant « l’accent sur la transition, la participation citoyenne et la création d’emplois locaux et de qualité ».

Jean-François Caron, Co-président du groupe EELV et Présidente de la Commission Transformation Écologique et Sociale de la Région, a ainsi rappelé la démarche globale du groupe écologiste à la région :

« Nous partageons la présentation, qui a été portée au nom de l’exécutif par Rudy Elegeest. Je ne vais pas reprendre l’ensemble des arguments qu’il a évoqués, que nous partageons, puisque nous partageons cet exécutif.

Simplement, dire que pour nous – j’insiste, Rudy l’a dit, le Président Percheron le dit régulièrement –, il ne faut pas  baisser la garde, l’action publique est indispensable. Dans une période où elle est attaquée de partout, par les différents niveaux, il est tout de même très important de redire que l’action publique est indispensable. Le raisonnement keynésien nous va mieux que le raisonnement libéral, sans être moi-même un économiste ; le raisonnement libéral est
hypnotisé par le marché, le raisonnement keynésien va dans le bon sens si le volontarisme, bien sûr, est dans le sens de la durabilité, et quand on voit les discours sur la croissance, par exemple, toutes les croissances ne sont pas  équivalentes en termes d’impacts. On ne peut pas être dans une dimension religieuse vis-à-vis, par exemple, de la
relance ou vis-à-vis de la croissance. Nous souhaitons que l’on soit vraiment dans une logique qualitative et qui pose les questions de la durabilité.
Dans la lecture de ce budget, nous y mettons, bien sûr, nos spécificités écologistes. Il y a – je me répète, année après année –, un énorme enjeu sur l’émergence du nouveau modèle de développement : un développement plus juste, un développement plus respectueux de la nature et de la planète.
Ceci va impliquer quelques items de ce nouveau modèle de développement :
– plus de coopération et de collaboration entre acteurs ; Jeremy Rifkin appelle cela le « pouvoir latéral » plutôt que le pouvoir vertical ;
– plus de sobriété et de « recyclabilité », plutôt que de continuer dans la société du gaspillage et du jetable ;
– plus de vivre ensemble et de lien plutôt que la course à la consommation et au matérialisme ;
– plus de justice à l’échelle locale comme à l’échelle planétaire – je parle des dynamiques de territoire –, plutôt que le chacun pour soi dont on a encore eu un très bel exemple tout à l’heure.
Cela amène aussi une spécificité de la vision écologiste de considérer qu’il faut entrer de plus en plus par les usages et les
fonctions, plutôt que par les lourds investissements. On peut prendre l’exemple des transports ; je pourrais le résumer en disant : plus de monde dans les voitures qu’une explosion des infrastructures. Le gigantisme ne nous fait pas rêver.
Beaucoup de discours vont dans ce sens, nous ne sommes pas les seuls à plaider ces raisonnements, mais nous, écologistes, sommes toujours surpris du décalage entre les mots et les actes. Le débat sur le gaz de couche (gaz de houille) en est un très bon exemple de double discours.
Si l’émergence d’un nouveau modèle il y a, alors un deuxième enjeu en découle : celui de la transition, de la conduite de changement.
Cette transition, il faut la conduire ; sinon, on la subira, et pour cela, il faut d’abord se poser la question : comment impliquer la société pour être à l’écoute sans cesse des besoins, des problèmes des habitants, mais aussi, et tous les formateurs vous le diront, parce que quand chacun peut s’impliquer, alors les projets sont porteurs d’efficacité et chacun a la transformation intime qui s’effectue au travers de l’action.
D’où l’importance, pour nous, sans cesse rappelée – je dirais même rabâchée – des processus participatifs.
Mais, pour conduire la transition, il y a aussi besoin de signaux opérationnels, de signaux symboliques. Nos politiques publiques de la région, à tous les niveaux, sont toutes concernées par cet enjeu.
Chacune des politiques publiques portées ici, par un ou une Vice-présidente, peut baliser ce nouveau chemin, avec des actions concrètes, lisibles, qui donnent à voir la nouvelle perspective.
C’est l’esprit transversal de la transformation écologique et sociale régionale, avec cette idée que les biens communs ne doivent pas être des variables d’ajustement du modèle de développement, mais, au contraire, au coeur de la richesse, avec des opérations de développement concrètes – il y en a neuf –, avec, en mode d’action prioritaire, une mutation interne à l’institution, mais cela ne mobilise pas complètement les foules, par contre, une orientation majeure sur ce
que l’on appelle le « réagencement des acteurs ». Plutôt que de faire un arrosage financier des uns et des autres, il s’agit d’utiliser mieux l’argent public plutôt que plus et, pour ce faire, la façon dont chacun bouge un peu son curseur est beaucoup plus efficace que d’arroser tout le monde.
C’est aussi l’esprit de la Troisième Révolution Industrielle, qui ramasse et transforme 20 années de mutation engagée dans cette région, qui mobilise la société sur cette difficile question d’un modèle qui doit s’affranchir des énergies fossiles, de gré ou de force, cela se réalisera dans les 30 ans qui viennent. Je rappelle que les énergies fossiles, ce ne sont pas seulement les modes de déplacement, mais aussi la façon dont le pétrole est présent dans l’intégralité ou presque de nos matériaux.
Cette TRI offre une vision, car la politique a aussi besoin d’utopie mobilisatrice. Même si dans le rêve de Monsieur Rifkin, il y a des nuances, voire un peu plus, à apporter, il n’empêche qu’il nous permet d’avoir un rêve collectif et une mise en mouvement.
Enfin, cette TRI a comme énorme avantage de réconcilier les questions économiques et les questions environnementales, car toutes ces nouvelles politiques – celle de la transition, si vous les prenez toute une par une – sont porteuses d’emploi, dans une logique d’avenir.
Quand nous investirons vraiment ce champ, alors, enfin, l’horizon de la lutte contre le chômage s’éclaircira, parce qu’on sera dans le bon sens.
Enfin, après avoir évoqué la transformation écologique et sociale et la Troisième Révolution Industrielle, c’est l’esprit des politiques publiques qui sont portées plus spécifiquement par nos Vice-présidents. »

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