Accueil Actualité Une nouvelle politique « médiation – prévention – protection » pour la région Ile-de-France

Une nouvelle politique « médiation – prévention – protection » pour la région Ile-de-France

Fruit d'une longue concertation entre l'exécutif de Jean Paul Huchon et les élu-es régionaux, notamment celles et ceux qui siègent à la commission "Politique de la ville et sécurité" présidée par Jean Lafont, cette nouvelle politique régionale s'articule autour de trois piliers : la médiation, la prévention et la protection. Prenant le contre pied de la politique du tout-sécuritaire du gouvernement, incapable de faire reculer la délinquance et le sentiment d'insécurité, la région change de perspective en donnant notamment toute sa place à la médiation, qui contribue au développement social des territoires et renforce le pouvoir d'agir des habitants.

Intervention de  jean Lafont, président de la commission Politique de la vile :

" Monsieur le Président, Monsieur de Vice-Président,

Le rapport-cadre « médiation-prévention-protection » marque une réelle avancée de la politique de la région IDF dans le domaine de la sécurité, dont les fondements sont déjà anciens, puisqu'ils datent de 1998.

 

Il arrive, il faut le dire, à point nommé, alors que la politique du tout sécuritaire du gouvernement démontre son incapacité à faire reculer la délinquance et le sentiment d'insécurité, et que les maires sont sommés par l'Etat de mettre en œuvre ses propres priorités – caméras de vidéosurveillance dans les espaces publics, conseils des droits et devoirs des familles, développement des polices municipales pour pallier le manque de moyens de la police nationale.

La circulaire du 8 juillet 2011 du ministre de l'Intérieur est à cet égard éloquente. Elle affirme, je cite, que la politique de prévention « s'inscrit désormais dans le registre de la politique de sécurité, en relation avec la politique pénale »,  et qu'elle est « complémentaire et étroitement liée à l'action répressive ». Singulière approche de la prévention!

 

Oui, il était temps que notre région définisse sa doctrine et sa politique en matière de prévention, qu'elle revendique son contenu socio-éducatif, qu'elle se pose en appui aux collectivités locales et aux acteurs de la prévention  dans l'élaboration de stratégies qui prennent les problèmes en amont et de manière globale, en associant la population à leur définition et à leur mise en œuvre. Il était particulièrement important de le faire, dans cette période électorale, qui voit resurgir des discours inquiétants sur la hiérarchie des civilisations et sur l'étranger, qui serait la source de tous nos maux.

 

Notre groupe vous sait gré, M. le vice-président, de la large concertation que vous avez menée avec la majorité. Je parlerai même d'une quasi co-élaboration, puisque ce rapport intègre les thèmes qu'EELV porte avec persévérance de la médiation et de l'implication de la Région dans les stratégies territoriales de sécurité.

 

Le rapport-cadre esquisse, en effet, un changement de perspective dans le traitement de la délinquance.

 

Comme je le disais, le traitement purement pénal montre ses limites. Le gouvernement en arrive aujourd'hui à planifier 30.000 places de prison supplémentaires... et puis après? A t'il pris pour modèle, dans ce domaine, les Etats-Unis, où plus d'un adulte sur 100, soit plus de 2 millions, se trouve derrière les barreaux? Cette politique divise et stigmatise, au lieu de rassembler.

 

Avec les stratégies territoriales, il s'agit clairement de déplacer le curseur vers la prévention et vers des actions durablement efficaces, partant du terrain, associant sous l'impulsion des élus locaux les porteurs des politiques de développement social, culturel, éducatif, la police et la justice, mais aussi la population, pour un diagnostic partagé, pour la définition et la mise en oeuvre d'actions répondant aux problèmes spécifiques du territoire.

La sécurité, en effet, est l'affaire de tous.

Mais cessons d'en faire un combat idéologique en attisant la peur de l'autre, menons vraiment une politique contre la délinquance et d'abord contre ses causes, avec l'objectif de refaire société, de réparer les personnes et le lien social et non d'exclure!

 

Un des axes de ces stratégies locales, la médiation, bénéficie d'une large place dans le rapport. Notre groupe s'en réjouit. C'est un sujet sur lequel nous avons eu des échanges intéressants en commission. Les initiatives se multiplient aujourd'hui dans ce domaine, preuve qu'il y a une demande. Mais la médiation cherche encore sa place et sa reconnaissance parmi les autres intervenants sociaux, et ce secteur a grand besoin d'harmonisation des pratiques, de formation et de professionnalisation, et de sortir d'un statut marqué par la précarité. Il est heureux que la Région s'engage dans un dialogue constructif sur ces questions avec les acteurs et les réseaux, à travers la création de la plateforme. L'engagement de Région est particulièrement attendu sur la formation, il conviendra d'aller rapidement au-delà des premières propositions présentées dans le rapport .

 

La médiation a vocation, par sa contribution au développement social des territoires et au renforcement du pouvoir d'agir des habitant/es, à devenir un maillon-clé de « stratégies de civilité », pour reprendre l'expression de Michel Marcus, secrétaire général du Forum Français de la Sécurité Urbaine.

C'est pourquoi je suggère que l'appel à projets de la Région sur les stratégies territoriales donne une place à la construction de démarches de médiation au plan local associant un grand nombre d'acteurs.

 

Quelques mots encore sur la protection des jeunes. Dans ce domaine, notre groupe estime indispensable de privilégier les approches éducatives et pédagogiques. Il sera vigilant sur les séjours de rupture, qui doivent avant tout être des outils d'épanouissement et non de sanction, et éviter certaines dérives qu'on leur connaît parfois.

 

Faute de temps, je n'aborderai pas les autres volets du rapport, si ce n'est une mention particulière à l'Observatoire régional des violences faites aux femmes, dont les missions iront heureusement au-delà de la simple observation. Notre groupe appuie fortement cette initiative, ces violences sont indignes, et l'on sait par exemple les conséquences désastreuses des violences conjugales pour l'enfant.

 

Je voudrais, en conclusion, M. le vice-président, saluer ce rapport-cadre qui, loin d'être une fin, ouvre des perspectives nouvelles de travail – et je tiens aussi à remercier les services.

 

Le groupe EELV votera donc ce rapport et entend, bien sûr, s'impliquer dans sa mise en œuvre autant qu'il l'a fait pour sa préparation.

JL – 16 février 2012"