Une élue en Catalogne pour étudier leur politique régionale de santé vis-à-vis des usagers de drogues
A la fin du mois de mai, Laure Lechatellier a participé à un voyage d’étude à Barcelone pour se rendre compte de la politique de réduction des risques vis-à-vis des consommateurs de drogues mise en place en Catalogne.
La législation espagnole permet en effet aux collectivités d’expérimenter de tels dispositifs, puisque la santé est une compétence régionale. Cette autonomie a ainsi permis à la région catalane d’adopter un dispositif novateur notamment dans la commune de Barcelone en lui proposant d’adapter ses centres d’action sociale pour y accueillir les usager/es de drogues. Cela permet notamment d’éviter des regroupements d’usager/es dans certaines quartiers où se concentrent toutes les inégalités. La démarche a finalement été acceptée par tous les quartiers, évitant de stigmatiser des quartiers « sensibles » mais permettant au contraire de faire de la prévention des risques un combat commun à toute la ville.
La vice-présidente du Conseil régional, en charge notamment de la santé et de l’action sociale, a ainsi pu visiter une prison à 30 km de Barcelone au sein de laquelle un programme de mise à disposition de seringues est testé avec succès, permettant ainsi de réduire les risques de contaminations par voie d’injection en milieu carcéral.
L’élue écologiste a également pu se rendre dans une salle de consommation à moindre risque, la première établie à Barcelone et qui accueille plus de 3 000 injecteurs par an.
Ouverte à tous les consommateurs qui le souhaitent (à l’exception des mineur/es), elle offre aux usager/es de drogues un cadre d’usage sécurisé, en dehors des lieux publics, où ils peuvent consommer dans de bonnes conditions d’hygiène (avec du matériel stérile et sous supervision médicale).
Ce séjour d’étude, riche en visites et rencontres, constituait une excellente occasion d’alimenter sa réflexion sur le sujet des « salles de shoot ». Cela n’a pas empêché Laure Lechatellier de rester en faveur de l’ouverture de telles salles de consommation en France,
« L’horreur des scènes de consommation ouvertes, comme sur des bancs en pleine ville, m’a confortée dans mon opinion. Il faut permettre ce type de dispositif en France » explique t’elle.
Cette politique de prévention entreprise en Catalogne n’est pas un cas isolé en Espagne. Elle est cependant pionnière sur certains aspects, comme pour les unités mobiles de consommation à moindre risque, des bus spécialement équipés et garés à proximité des centres médicaux de premier secours.
« Ce qui m’a le plus impressionnée dans le modèle espagnol est leur approche pragmatique visant clairement à réduire les risques, et le haut degré de coopération entre les autorités de police, les travailleurs sociaux, les élus, la justice et les citoyens » avance Laure Lechatellier.
Il semble, en effet, que le travail en transversalité de l’ensemble des acteurs concernés soit une condition nécessaire au succès d’une telle mesure.
A ce sujet, la vice-présidente écologiste prépare pour novembre 2011 un rapport-cadre Santé, qui prévoira la soutien de la Région Ile-de-France aux collectivités qui se lancent dans l’ouverture de salles de consommation à moindre risque sur leur territoire.
En décembre dernier, lors du débat budgétaire, les élu/es de la majorité régionale ont déjà voté les crédits nécessaires à ces expérimentations.
Une piste à explorer rapidement : équiper des bus pour se rendre au plus près des usager/s, sur le modèle des unités mobiles espagnoles…preuve que les temps changent et que la réflexion avance chez les élu/es du Conseil régional !