Accueil Thématiques Environnement et Agriculture Politique régionale de l’eau – discours de Jacques Perreux – 29/06/2012

Politique régionale de l’eau – discours de Jacques Perreux – 29/06/2012

Monsieur le Président, Madame la Vice-Présidente, chers collègues,

 

Cette délibération est porteuse d’une vision et d’une grande ambition dans notre Région où l’eau, le fleuve Seine et les rivières, structure fortement notre territoire.

Ce devrait être tellement évident que l’eau est une grande cause humaine puisqu’elle source de toute vie : biologique bien sur, économique, agricole, éducative, artistique.

Pourtant il aura fallu attendre 2010 pour que l’ONU reconnaisse enfin l’accès à l’eau comme un droit humain fondamental.

Mais, hélas rebondissement à RIO+20 où ce droit se retrouve être monétisé ; tandis que, quelques jours après, en France le lobbying pétroliers l’emporte et impose la réalisation des nouveaux forages programmés par l’ancien gouvernement, en faisant fi du risque de catastrophes maritimes…

Il faudra à l’évidence que les vents de l’écologie soufflent un peu plus fort dans le monde et en France !

 

Notre Région IDF consacre d’énormes efforts à protéger l’eau mais surtout à réparer les dégâts causés par nos activités afin d’atteindre le bon état écologique et chimique.

Notre budget, celui des collectivités et les factures des usagers représentent 2 milliards d’euros par an pour traiter les eaux usées, protéger le milieu naturel et potabiliser l’eau.

De ce point de vue il y a nécessité d’encaisser les redevances des industriels dues depuis plusieurs années à l’Agence de l’eau.

Les pesticides constituent la principale cause des pollutions.

La maladie de Parkinson vient d’être reconnue maladie professionnelle des agriculteurs. Tandis qu’un rapport officiel révèle que chaque kilo de pesticide nous coûte 60 000 € de réparations, sans compter le coût des cancers, des soins, des dépenses de médicaments, d’infirmières, d’arrêts maladies et d’installations hospitalières. Que faire en attendant ou en espérant une autre politique agricole commune d’inspiration moins productiviste et plus écologiste.

 

Nous étions avant-hier en Assemblée générale d’AquiBRIE et les représentants des syndicats agricoles nous ont demandé de ramener  à 30% l’obligation de diminuer de 50% l’épandage de ces produits. Mauvais signe, certes !

Nous pourrions bien sûr leur crier dessus, les stigmatiser et pourquoi pas les clouer au pilori, mais cela ne ferait rien bouger. Or, ce qui nous importe c’est d’avancer pour se débarrasser de ces poisons dont souffrent en premier lieu les plus modestes qui n’ont pas accès à une alimentation saine.

 

Et c’est précisément la démarche de cette délibération, longuement et démocratiquement construite avec les usagers et les associations. Elle propose de s’appuyer sur les avancées réelles des collectivités locales, de RFF et d’agriculteurs qui utilisent de mieux en mieux des techniques alternatives à ces produits.

Ce qui importe, c’est d’encourager ce mouvement et l’emmener plus loin. Notre délibération encourage ce mouvement en aidant à l’ingénierie des collectivités et en finançant les mesures préventives.

La cause de l’eau et des biens communs a besoin par dessus tout de démocratie et de citoyenneté. C’est ce qui guide la délibération dans la volonté de promouvoir le service public. Cette prise de parti de notre majorité n’est ni un dogme ni une fin en soi, mais le moyen d’une réappropriation citoyenne des enjeux sociaux et environnementaux de l’eau.

 

Comment faire pour faciliter la gestion en service public de la potabilisation, de l’assainissement mais aussi du fleuve et des rivières ?

Ne nous le cachons pas, le problème est avant tout affaire de choix et de volonté politique. D’ailleurs, dans la dernière période 300 collectivités françaises ont opté pour le retour en régie.

Cela s’est réalisé simplement, et dans la quasi-totalité des cas, sans aide extérieure.

C’est vrai aussi au niveau mondial et particulièrement chez nos voisins italiens et allemands.

Rien ne peut remplacer la volonté politique, et heureusement ou alors à quoi bon en faire.

 

D’ailleurs, est-ce que quelqu’un connaît ici un maire qui veut passer en régie, qui a essayé et qui  n’y est pas arrivé; si oui, la délibération va l’y aider.

 

Souvent, des maires disent «  le retour à la Régie, c’est compliqué ». Argument ou argutie peu importe !

La délibération peut les aider à savoir si c’est compliqué ou si c’est simple.

 

Plutôt que d’être dans la posture ou de se débarrasser des problèmes réels en créant une structure, la délibération choisit de donner aux collectivités qui le souhaitent le soutien juridique et technique à travers une étude globale d’analyse  sur l’exercice des services d’eau et d’assainissement en IDF et la proposition d’un cahier des charges « type » d’audit. Cela va constituer un vrai moyen pour les maires volontaires mais aussi, dans le cas contraire, pour des élus et des associations.

 

Cette délibération améliore également le contrat de bassin afin de répondre aux nouveaux enjeux : gestion alternative de l’eau pluviale dans la ville, réduction des îlots de chaleur,  assurer la continuité écologique grâce aux trames vertes et bleues, mise en place d’une grille EcoSTEP.

Cette délibération propose d’accompagner clairement et fortement toutes les villes qui souhaitent repenser leur politique de l’eau, et en encourageant toujours l’association de la société civile.

De ce point de vue, le succès des Assises organisées par la Coordination Eau Ile-de-France fait émerger de façon citoyenne le pôle public que nous sommes nombreux à souhaiter.

C’est une délibération volontaire et offensive car elle permet d’affronter radicalement les vrais obstacles et de les surmonter concrètement . C’est l’essentiel pour notre Eau.

Jacques Perreux