Les écologistes demandent l’autonomie fiscale de la Région et proposent un budget 2015 orienté investissement et transition écologique
Paris, le 3 décembre 2014,
Baisse des dotations, suppression de la taxe professionnelle… la réforme territoriale doit être l'occasion de donner une plus grande marge de manoeuvre pour les régions. "Le grand raté de l'acte III de la décentralisation, c'est l'autonomie fiscale", regrette Mounir Satouri, président des élu/es écologistes.
"Sans finances supplémentaires, avec de nouvelles compétences pour la Région, il ne s'agit pas de décentralisation mais de défaussement de l'Etat!". Les écologistes dénoncent ainsi le manque à gagner dans les transferts de compétences à 357 millions d'euros pour 2014, une perte sèche pour les franciliens. "C'est plus qu'il n'en faut désomais pour le Passe Navigo à tarif unique", illustre Mounir Satouri.
Les écologistes souhaitent ainsi que les Régions bénéficient d'une plus grande part de la TICPE, la taxe gazole. Ils feront pression également dans toutes les instances pour que la TVA sur les transport soit réduite à 5,5%. "Je demande en outre que l'Île-de-France soit Région pilote pour la taxe poids lourds, comme proposé en Alsace et en Lorraine. En Île-de-France, l'impact de la pollution sur la santé des franciliens est prouvé et dramatique. Cette taxe permettrait de réduire les émissions et de financer les solutions."
Les écologistes demandent que le gouvernement délègue à la Région la gestion des épisodes de pollution de l'air pour mettre en place systématiquement la gratuité dans les transports en cas de pics de pollution.
Le budget régional 2015 doit, pour les écologistes, être orienté vers l'investissement et la transition écologique "Chaque année, nos 51 élus doivent mener un réel travail de conviction pour que la politique régionale soit plus écologique", constate Mounir Satouri.
Parmi les axes prioritaires sur ce budget, la lutte contre le dérèglement climatique et notamment la création d'un fonds ad hoc doté au minimum de deux millions d'euros pour aider à la mobilisation de la société civile. "On sait que si on laisse les chefs d'Etat décider seuls, les négociations échoueront encore. Il faut renforcer la capacité des citoyens à faire pression sur leurs chefs d'Etat. Il est de la responsabilité de la région de mettre les moyens pour informer, soutenir et renforcer les mouvements citoyens qui pousseront l'Etat à s'engager sur du concret pour le climat." Les écologistes continueront par ailleurs de mettre des moyens importants pour la lutte contre la pollution de l'air en organisant la conférence citoyenne dont ils ont fait acter le principe dernièrement.
Il est par ailleurs primordial pour les écologistes de renforcer la cohésion sociale et l'égalité des territoires et d'aider en priorité les territoires en difficulté. En particulier le soutien aux associations doit être renforcé. "Aider les associations c'est aussi aider l'emploi : on oublie trop souvent qu'elles sont un vivier d'emploi important en Île-de-France, ainsi qu'un élément majeur de cohésion sociale", détaille le président du groupe écologiste qui va proposer de redéployer des fonds dédiés au développement économique vers ces associations. « Je lutterai toujours contre ceux qui souhaitent réduire leurs subventions alors que les associations souffrent déjà d’un désinvestissement des politiques. L'opposition régionale veut casser le système associatif francilien. Mais elle se trompe : c’est une richesse nationale. »
Les écologistes comptent redéployer nombre de budgets régionaux vers les besoins des franciliens. Ainsi, entre les montants dédiés à la vidéosurveillance, à l'immobilier d'entreprise, au financement des grands projets inutiles comme Villages Nature ou comme certaines grandes infrastructures sportives disproportionnées, les écologistes considèrent que ce sont près de 30 millions cette année qui n'ont pas directement profité aux franciliens. "La Région doit financer nombre de petits projets utiles plutôt que quelques grands projets inutiles, dont les franciliens ne voient pas les retombées positives"
Sur la question du passe Navigo, Mounir Satouri a souhaité répondre aux critiques de Valérie Pécresse: « La rengaine de Mme Pécresse sur ces montants qui auraient pu servir aux investissements ne tient pas : l'ancienne ministre du budget ne peut ignorer que le versement transport est fléché pour du fonctionnement! Par ailleurs, nous sommes à un niveau d’investissement que bien d'autres métropoles nous envient. Techniquement, humainement, on ne peut pas aller plus vite"
Enfin, pour le groupe écologiste, proposer un pass à 70€ et non à un prix d'équilibre à 85 € est le choix d'une politique volontariste : « Prendre l’option basse, ce tarif à 70 €, c’est un choix écologique fort en faveur des transports en commun. » Quant aux possibilités de financements pérènnes, "les possibilités de financement sont nombreuses et dépendent avant tout de la volonté de l'Etat à donner aux Régions de l'autonomie fiscale. En tout état de cause, les financements seront trouvés. Les Franciliens auront le passe durablement." Que la droite écrive dans son programme qu’elle souhaite revenir sur le pass à tarif unique. Je lui souhaite bon courage ! », ironise Mounir Satouri.
Le président des élues écologiste signale que le tarif de la carte Imagin'R sera revu à l'aune des avancées obtenues sur le passe unique, "nous demanderons une adaptation pour que les lycéens et etudiants n'aient pas à payer plus que certains salariés. Si les zones disparaissent c'est pour tout le monde", conclut Mounir Satouri.
Quelques détails des amendements supplémentaires proposés par les écologistes pour ce budget
La lutte contre le dérèglement climatique.
- créer un fond à destination des associations, vecteur primordial de la pression citoyenne en faveur du climat.
- renforcer l’autonomie énergétique de l’IDF, en finançant davantage encore les énergies renouvelables
- améliorer l’efficacité énergétique grâce à la SEM Energie Posit'f et en poursuivant la rénovation thermique des lycées.
- renforcer le plan Climat
La protection de la santé des Franciliens : lutte contre la pollution de l'air, promotion et développement d'une alimentation plus saine / santé environnementale
- financer la conférence citoyenne sur la qualité de l’air
- augmenter la part des terres agricoles bio
"L'Île-de-France bénéficie d'à peine plus de 2 jours d'autonomie alimentaire. Il est primordial de développer les circuits courts et d'encourager plus activement les producteurs à passer en bio", signale Mounir Satouri
Transformation écologique de l'économie
- favoriser l'économie sociale et solidaire, le développement du télétravail, le redéploiement des aides vers les sociétés vertueuses...
Equilibre territorial et politique de la ville
La région IDF n’a toujours pas pris la mesure de la situation toujours plus dégradée des quartiers populaires, qui représentent un dixième de la population francilienne.
« Ce qu’il faut en IDF, c’est un rééquilibrage des politiques en faveur des quartiers. Il faut faire un saut qualitatif dans le soutien aux quartiers et favoriser la prise de parole de leurs habitants pour qu’ils puissent interpeler les politiques ! », rappelle Mounir Satouri.
- miser sur une assemblée des quartiers populaires : inviter les franciliens des quartiers à réécrire les dispositifs régionaux
- créer des tables locales de quartier: afin de demander directement aux habitants, aux associations, aux relais dans les quartiers ce qu’ils souhaitent vraiment pour leurs quartiers
Maintien d’une politique volontariste en faveur des associations
- fond d'aide d'urgence aux associations en difficulté