Grand Paris : un projet ambitieux plutôt qu’une opération de communication gouvernementale faite de promesses sans lendemain
26/01/11
Il y a à peine un an, lors de la campagne électorale JP Huchon et Valérie Pécresse se sont violemment affrontés, défendant des projets concurrents. Les écologistes défendaient alors un rapprochement des points de vue et un projet dans le sens de l'intérêt général. Aujourd'hui une conférence de presse, à l’initiative de Maurice Leroy, Natalie Kosciusko-Morizet et Jean-Paul Huchon, se tient pour présenter un accord sur le Réseau de Transports du Grand Paris. Jean-Vincent Placé, vice-président de la Région délégué aux transports, n’était pas présent à cette conférence de presse.
La précipitation et la forme de l'annonce font craindre une opération de communication du gouvernement qui ne répondra pas aux besoins urgents des franciliens, tel qu’ils l’ont exprimés tout au long des débats publics. Bien éloignée de leur préoccupation, le contenu de l’accord est de la poudre aux yeux des usagers des transports en commun qui ont besoin d'une réponse urgente.
S’il faut saluer l’esprit de dialogue du ministre Leroy qui a tranché avec la méthode brutale de Christian Blanc, c’est toujours le projet du Grand Paris de Nicolas Sarkozy, que la gauche et les écologistes ont dénoncés depuis des mois qui est présenté ce matin, et la même constance du gouvernement à faire des promesses sans lendemains.
Le groupe EELV juge irresponsable d'annoncer des promesses qui risquent de provoquer des espoirs déçus et contribueront à décrédibiliser encore plus la parole politique.
Cet accord n’a donc rien d’historique. Les écologistes appellent à la poursuite du débat public et à la participation active des citoyens. Ils poursuivront leur action quotidienne en faveur de l’amélioration des transports publics en Ile-de-France, la mise en œuvre du Plan de Mobilisation Transports et l’obtention de véritables moyens pour répondre aux urgences du quotidien des franciliens. C’est dans ce sens qu’ils défendront leur projet au Conseil régional, notamment lorsque le projet et l’accord seront soumis au vote de l’Assemblée régionale.
Les élus écologistes, comme tous les usagers des transports en commun, exigent des engagements concrets et rapides, et non pas des promesses sans lendemains!
Tracé. Au regard des gares prévues, dont plusieurs sont en option, la desserte fine du territoire prônée par le projet de la Région ne sera pas réalisée. C’est donc un projet déconnecté des urgences et des préoccupations des Franciliens, avec un faible nombre de gares par rapport à la proposition faite par la Région, tournant le dos aux besoins des territoires désenclavés. Par ailleurs, l’accord ne prévoit aucune priorité garantissant de desservir d’abord les territoires les plus défavorisés.
Saclay. Les écologistes, avec le soutien des élus locaux, ont réussi à faire reculer le Ministre sur Saclay. Si le gouvernement s’entête sur la création prioritaire d’un métro automatique sur le Plateau de Saclay, ce qui est contraire à la vision de l’aménagement de la Région Ile-de-France et du SDRIF, un désaccord est acté dans le protocole Région-Etat. Toutefois, l’accord laisse les mains libres à la Société du Grand Paris pour aménager comme elle l’entend le Plateau de Saclay au mépris de l’avis des citoyens et des élus locaux.
Démocratie. L’accord acte un recul considérable par rapport à la décentralisation engagée au cours des dernières. En consacrant le Grand Paris Express et la loi Grand Paris, la Région accepte que la compétence transport soit reprise en main par l’Etat à travers une Société du Grand Paris gouvernée sans les élus franciliens. La Loi sur le Grand Paris dispose que la Société du Grand Paris (SGP) aura en charge la maîtrise d’ouvrage du Réseau de Transports du Grand Paris, qui comprend notamment Arc Express et le prolongement de la ligne 14. Les écologistes continuent d’exiger des garanties qui aillent à rebours de cette recentralisation des transports collectifs en Ile-de-France. Pendant des décennies, l’Etat, alors aux commandes du STIF, n’a pas investi dans les transports et nous a mené au bord de la crise. Cette recentralisation n’est donc pas seulement un scandale démocratique, c’est un danger pour nos investissements. Les écologistes demandent la dissolution de la SGP et le transfert de ses prérogatives au STIF. Cette nouvelle décentralisation des transports en commun au profit de la Région sera portée dans le cadre du projet pour les élections nationales de 2012.
Financement. Le financement du projet « Grand Paris Express » tel que présenté aujourd'hui n’est pas assuré. Les écologistes attendent encore des engagements fermes et précis sur les engagements de l’Etat, condition sine qua non à l’amélioration et au développement des transports en commun en Ile-de-France, notamment sur le Versement Transports, la TIPP dite « Grenelle » et sur ce qui sera inscrit à la Loi de Finances 2012. Pour Jean-Vincent Placé, « impossible de cautionner cet accord qui ressemble à s’y méprendre aux emprunts russes ». Les écologistes demandent des garanties tel que les avaient proposées le rapporteur Gilles Carrez.
Jean-Vincent Placé
Vice-président aux transports du Conseil régional d'Ile-de-France
Cécile Duflot
Présidente du groupe EELV au Conseil régional d'Ile-de-France