Grand Paris Express : des lendemains qui déchantent
Par Cécile Duflot et Claire Monod | Conseillères régionales EELV en Ile-de-France | 25/05/2011 | 18H21 publié par RUE 89 : http://www.rue89.com/2011/05/25/grand-paris-express-attention-aux-lendemains-qui-dechantent-205956
Ce jeudi 26 mai, l'acte 2 de la loi sur le Grand Paris se jouera dans le huis clos de la Société du Grand Paris (SGP), et statuera sur un tracé « définitif », destiné à être validé par le Conseil d'Etat. Mais, malgré quelques avancées, tout laisse penser que le compte n'y est pas.
Comme nous le craignions dès janvier dernier, lors de l'accord soi-disant « historique » entre Jean-Paul Huchon et Maurice Leroy, les franciliens et les franciliennes risquent rapidement de se trouver confrontés à ce qui ne seront que des promesses sans lendemain.
► Plutôt que des tracés et des financements théoriques, l'urgence, ce sont les transports quotidiens d'aujourd'hui.
Le quotidien insupportable vécu par les voyageurs aurait du être la priorité du Grand Paris. Il n'en est rien. Les citoyens l'ont pourtant dit et redit pendant les débats publics : il est urgent d'améliorer le réseau de transport en Ile-de-France.
Nous constatons malheureusement qu'aujourd'hui ils ne sont pas entendus. La SGP, outil du gouvernement n'en n'a cure, arc boutée sur son unique objectif de desserte de grands pôles de développement économiques.
• Alors que la SGP prétend manier les milliards par dizaine, où sont les financements pour les RER ?
• Pourquoi ne pas consacrer au RER D le milliard qui permettrait, selon la SNCF, de le mettre à niveau ?
• Ou sont passés les crédits pour la création des lignes de bus, de tramway, pour désenclaver d'urgence les territoires de l'Est de l'agglomération ?
Les écologistes demandent des investissements utiles, durables et fondés sur les besoins de la population.
► Plutôt que des grands plans à 25 ans, assurer une desserte de proximité, là où les franciliens ont été oubliés depuis des décennies.
Engagée dans une course au gigantisme, à grandes enjambées au dessus des territoires, la SGP a cependant fini par reconnaître le besoin d'une meilleure desserte de proximité.
Mais les financements incertains du futur réseau sont affectés à des gares encore virtuelles, dont la connexion au réseau actuel n'est pas assurée.
Tous ces milliards qui valsent promettent des lendemains qui chantent mais ne règlent rien au quotidien des quartiers populaires. Les écologistes demandent que la priorité soit donnée aux quartiers enclavés, à toutes celles et ceux qui n'ont que leurs voitures pour se déplacer faute de transport en commun à proximité.
L'urgence, c'est de desservir le 93, et non Saclay, La Défense ou Roissy !
► Plutôt que des compromis bâclés, faire confiance à la démocratie.
Faute d'engager ouvertement le débat sur l'avenir de la région et face au démantèlement de la décentralisation engagé par le gouvernement, la gauche a laissé l'avenir du Grand Paris se fractionner en une juxtaposition de compromis locaux, négociés à la seule initiative de l'Etat.
Cela se traduit de fait par une régression démocratique, une recentralisation par un Etat tout puissant. C'est aux citoyens d'Ile-de-France de décider de l'avenir de leur métropole.
A travers cette démocratie confisquée, Nicolas Sarkozy essaye d'imposer en Ile-de-France une vision de l'aménagement que nous refusons.
A Saclay, ce sont les terres agricoles qui sont abandonnées sur l'autel d'un Plan campus élitiste. A Roissy ou à la Défense, le gouvernement veut renforcer des soi-disants pôles d'excellences éloignés des réalités des franciliens et qui renforce la compétition entre les territoires.
► Plutôt qu'un projet mégalo sans lendemain, construire le Grand Paris du vivre ensemble.
On ne peut réduire le projet du Grand Paris à la seule question des transports. C'est l'avenir de la plus importante région française qui est en jeu. Or les décisions prises aujourd'hui impacteront durablement les territoires, que ce soit en matière d'urbanisme, d'agriculture, d'habitat, de culture.
Deux visions du Grand Paris s'opposent, celle proposée par le gouvernement, fondée sur un projet virtuel, déconnectée des citoyens, une vision où la mégalomanie se pare de modernisme.
Les écologistes ont une autre vision de la métropole : un Grand Paris du vivre ensemble, un « Grand Paris Vert » reposant sur la sobriété et la proximité, sur l'efficacité et le dynamisme. Une métropole démocratique, qui s'appuie sur l'égalité entre les territoires et entre les habitants, et qui privilégie un rapport ambitieux entre nature et urbanité.
A ces défis, à ces urgences, nulle trace du début d'une réponse avec le métro du Grand Paris, qui pourrait bien nous conduire tout droit dans une impasse.