Tribune de reflets du mois d’octobre 2011

Transports : d’abord, desserrer les contraintes du quotidien

Dans un livre récent, l’écrivain Jean-Christophe Bailly, visitant un ami, raconte son étonnement : « bien que sa maison ne soit pas éloignée de Lyon de plus d’une vingtaine de kilomètres, je constatai que le temps qu’il me fallut pour m’y rendre en bus égalait à peu près celui qu’il faut pour aller à Paris par le TGV ». Tout est dit dans cette phrase. D’un côté, la liberté d’aller vite et loin, de lier facilement entre elles les grandes villes du pays ; de l’autre, les pires difficultés pour se rendre tout près, de son domicile à son travail quotidiennement.

Cette expérience concrète, des millions de Français l’éprouvent chaque jour. Dans les transports collectifs, et dans les déplacements automobiles. On a construit beaucoup de routes, toujours plus. Résultat ? Plus de place pour la voiture, mais aussi plus de voitures et d’embouteillages, et moins de possibilités de se déplacer autrement. Des décennies d’arbitrages politiques favorables à la route ont, peu à peu, fait de la voiture, hier symbole de liberté, une contrainte quotidienne, toujours plus lourde et coûteuse. Il faudra de lourds efforts pour en sortir, qui combinent politiques d’État (et, de toute urgence, la mise en place d’un « tarif social » du carburant pour les ménages modestes) et actions des collectivités locales.

La situation des finances publiques exigera des choix : en premier lieu, renoncer aux projets les plus coûteux, dès lors qu’ils ne sont pas les plus utiles. Un projet n’est pas forcément meilleur parce qu’il est plus cher ! Une Ligne nouvelle Paris-Normandie pour 10 à 15 milliards d’euros (dans quinze ans, avec des tarifs plus élevés)? De nouveaux axes routiers à plusieurs millions d’euros, dans le seul but de gagner trois minutes ? Engager de tels investissements, c’est priver notre territoire et chacun des bas-normands des ressources cruciales pour financer une véritable politique, réaliste et efficace, des transports du quotidien (TER, bus, co-voiturage, …). Les écologistes en sont convaincus : on ne desserrera pas la contrainte par des équipements de prestige, mais par des investissements utiles.

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